Il est assez rare que je lise un livre aussitôt qu'il intègre ma PAL, je ne sais pas pourquoi je les laisse un peu mariner avant de les attaquer. Mais là, j'ai fait une exception parce que ce livre me faisait très envie. J'aime bien l'auteur et les quelques critiques que j'ai lu m'ont encouragé. En plus, il n'est pas très épais ...
Jean-Michel est très heureux, en apparence : il a une femme brillante, un enfant éveillé, une belle carrière dans l'immobilier. Pourtant, ce bonheur est illusoire.
Les bleus sur sa joue pourraient être imputables à un mauvais coup au rugby. S'il n'ose pas en parler, c'est parce que la vérité est dérangeante. Un homme battu, c'est le déshonneur, mais battu par sa femme, c'est l'extrême soumission, la castration au ciseau à bois.
Jean-Mi endure les gifles et reste avec sa femme, jusqu'au jour où une rencontre improbable lui ouvre les yeux sur sa vie de couple.
La violence conjugale est, si j'ose dire sans me prendre des tomates en pleine tronche (si j'ose dire là aussi), un sujet à la mode. J'entends par là qu'on en parle de plus en plus dans les médias, et tant mieux. Ici, la situation est un peu différente de celle dont on parle beaucoup, il s'agit d'un homme battu. Oui, ça existe. Nous allons donc faire la connaissance de
Jean-Michel qui semble mener une existence paisible aux côtés de Marylène et leur petit garçon dont j'ai mangé le prénom, Antonin je crois.
Nicolas Robin va s'appliquer à nous décortiquer la violence au sein du couple. Comment d'une petite claque ("tu vas pas faire la chochotte Jean-Mi") on en vient à se retrouver aux urgences un soir.
J'ai beaucoup aimé ma lecture, j'ai bien entendu ressenti pas mal de compassion pour
Jean-Michel qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive au début. le lecteur ne comprends pas non plus vraiment les réactions de sa compagne, on se demande ce qui lui prend de réagir de façon aussi énorme. Je crois que la première claque intervient suite à un accident de machine à laver, pas de quoi se mettre dans des états pareils. Comme dans ce type de relation, Jean-Mi ne comprend pas et cherche des excuses à sa compagne. Heureusement, une rencontre sur le parvis de la Défense va lui ouvrir les yeux.
Suivre le cheminement de Jean-Mi a été très plaisant, même si j'ai eu envie de boxer Marylène tout au long du récit. L'auteur développe chacune des phases, allant de la sidération de la première claque jusqu'à l'acceptation de la situation telle qu'elle est réellement. Je ne veux rien dévoiler alors je n'en dirais pas beaucoup plus mais j'ai aimé le dénouement de toute cette histoire. Petit bémol en ce qui concerne le ton du récit, on passe du tragique au presque drôle et quelque part, ça m'a un peu embêtée parce que j'ai eu la sensation que
Nicolas Robin n'assumait pas totalement le sujet de son livre. Il aurait dû s'affirmer davantage, mais c'est vraiment pour pinailler.
Un sujet pas facile mais réussi finalement !