Si le terme « science-fiction » peut être appliqué pleinement à une oeuvre, c'est bien celle-ci. le mot est souvent galvaudé : parfois la science est tout-à-fait superficielle, et la fiction prend le pas sur tout autre considération : « Starwars », « Startrek », «
Starship troopers », « Alien », sont certes de magnifique réussites cinématographiques, télévisuelles et même parfois littéraires, mais il faut bien le reconnaître, c'est souvent la transposition dans l'espace de genres purement terrestres comme le western, le polar, ou l'horreur… le côté scientifique tient plus du Playmobil, du Lego ou du Meccano (ce n'est pas forcément péjoratif), que des recherches de la Nasa. Ce qui n'enlève rien bien sûr à l'intérêt de ces productions qui, dans leur genre, sont également des chefs-oeuvre.
Kim Stanley Robinson (né en 1952) est devenu, grâce à la « Trilogie martienne » et quelques autres ouvrages, un des grands noms de la SF.
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Mars la Rouge » (1992), «
Mars la Verte » (1995), et «
Mars la bleue » (1996) forment un ensemble très cohérent qui raconte l'exploration, la colonisation et la terraformation de la planète Mars, sur un peu plus de deux cents ans, mais pas forcément plusieurs générations, parce que la science ayant fait d'énormes progrès, les gens vivent très longtemps.
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Mars la Rouge » : En 2026 commence la première colonisation de Mars. Une centaine de Terriens font le pari d'explorer cette planète aride et hostile… et d'y survivre. « Si l'homme ne peut s'y adapter, il faudra adapter Mars à l'homme ». C'est ce qu'on appelle la terraformation : création d'une atmosphère, des cités, transformation des déserts en terres arables, des glaces en océan, etc. Et au-delà de ce défi scientifique, la cohabitation et la mise en place d'une société, avec ses contradictions et ses conflits, parfois violents. La terraformation a ses partisans et ses opposants. Ceux-ci multiplient les sabotages et déclenchent même une révolution…
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Mars la Verte » : le nom vient de la re-création du système végétal, partie primordiale de la terraformation. On suit l'histoire des premiers colons (ceux qui ont survécu à la première révolution) jusqu'en 2120 date d'une deuxième révolution. L'époque est marquée par une montée des eaux suite à une éruption volcanique dans l'Antarctique martien.
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Mars la Bleue » : cette partie, la plus longue de la trilogie, traite plus particulièrement de l'émancipation par rapport à la Terre, et la mise en place de l'exploration de tout le système solaire.
Comme on le voit, à travers l'histoire d'une planète (et quelle planète !) c'est une partie de « l'histoire du futur » que nous raconte l'auteur, une histoire que n'auraient pas reniée
Heinlein, ou
Asimov, ou
Arthur C. Clarke. Nous l'avons dit, le côté scientifique et technologique est à l'honneur (Robinson a mis six ans à récolter tous les renseignements utiles sur le sujet), mais le tour de force de l'auteur est d'inclure tous les éléments économiques, écologiques, sociologiques, politiques, moraux et religieux, en plus des éléments d'astrophysique, de botanique, ou de physique des matériaux. Une oeuvre colossale, dont la portée est immense.
Pour les amateurs de science-fiction, et pour tous les autres, (si vous ne connaissez pas, c'est le genre de bouquin idéal pour une initiation, même si le côté technique peut rebuter un peu), « La Trilogie martienne » est incontournable !