LA NUIT VERTICALE
Que je sois – la balle d’or lancée dans le Soleil
levant.
Que je sois – le pendule qui revient au point mort
chercher la verticale nocturne du verbe.
Que je sois – l’un et l’autre plateau de la balance, le
fléau. La période comprise entre les deux extrêmes de
la saccade universelle qui est le battement de cœur sui-
vant celui dont on peut douter au possible et tout
attendre de son anxieux « rien ne va plus ».
Je lance au possible ce défi : Que je sois la balle au
bond d’un instant de liberté.
Je lance ce cri – que je sois la balle de son silence.
Mon départ s’appelle toujours, tous les jours et tous
les instants du grand jour. Mon retour à jamais, éter-
nelle verticale nocturne, point mort, égal à lui-même,
que l’autre franchit – toujours.
Qui suis-je?
Toujours le même revenant, ce qui revient à dire
encore un autre.
Connais-toi ta solitude
Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge
La nuit est une grande lyre mélodieuse
Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels
Ma musique brûle d’accord avec l’eau
J’apporte ma flamme au cœur de la glace
Cristal silencieux de ma solitude
Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages
Je suis seul
Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels
Mon sang perpétuel connaît sa profondeur
Pour aimer il faut être deux
L’amour est une grande solitude
Étoile de mer la femme est une eau méditative
Prisonnier des places des plaines multiples
J’ai fui en moi le monde
Bel espace restauré grandeur nature
Le monde lieu commun
Lieu humain
Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre
Du pareil au même on va on vient
Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête
La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante
Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux
Et de s’y retrouver au fond du puits
Puits de science intime
Je suis si vaste d’être seul
Je me croirai multiple
Femme ton corps est une lune rousse
Ta nuit une gelée blanche
Ton corps de tous les jours est un matin
Mais tu es toutes les pluies de la mer
Et pour cela je t’aime
Aimant la nuit.
Stanislas RODANSKI – Poète dans un Lyon surréaliste (Conférence, 2012)
Une conférence prononcée par Patrice Béghain le 12 mai 2012, à la Bibliothèque municipale de Lyon.