Tous les deux, à la fin de leur vie-et pour des raisons différentes-, ils ont été privés de lecture, de parole, et se sont retrouvés condamnés au silence.
De toutes les avanies qu'ils ont eu à subir, c'était sans doute, pour eux, la pire.
Celle qui m'a le plus peinée
La vieillesse ne m'effraie pas. C'est la dépendance qui m'alarme.
Depuis longtemps, j’ai trouvé le remède à l’angoisse, ce remède facile qu’est l’émerveillement.
Plus tard, en te veillant, je me verrai dans un lit d’hôpital, les yeux fermés à double tour, ou le regard perdu d’angoisse, la bouche ouverte sur des cris, des paroles confuses.
Ma mort, je la vivrai par anticipation.
« Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » C’est ce que dit le serment d’Hippocrate. C’est sans doute la raison pour laquelle Ehpad et hôpitaux sont remplis d’êtres aux corps souffrants, aux esprits laminés qui ont tout perdu de la vie, sauf la vie elle-même.
Aujourd’hui, tu m’as dit que ta mère avait été le grand amour de ta vie, et c’était touchant de l’entendre, de comprendre que tu es restée une petite fille.
Je dis que je vais bien, et vous devez me croire.
Pourtant ma mère est morte, et la vie continue.
Il y a eu des instants lumineux. Un autre lien s𠆞st tissé entre nous. Toi comme le Renard, enfin apprivoisée. Et moi comme l𠆞nfant découvrant tout ensemble ce trésor inattendu et la peur de le perdre.
Et toi qui te perds inexorablement dans ta journée d’hier, tu me récites La Fontaine sans te tromper d’une virgule.
Tant que tu respirais, tu étais immortelle.