Pour une fois, le titre français est supérieur à l'original (The Red Right Hand) quasi oxymorique en jouant sur l'étymologie de sinistre accolée à droite.
C'est à l'image de ce formidable roman rédigé par le supposé mystérieux John Townsley Rogers, avatar supposé d'un supposé haut fonctionnaire. (en fait, il s'agirait de son vrai nom et sa vie semble moins mystérieuse qu'on a bien voulu le laisser croire, même s'il est probable qu'il ait occupé un poste gouvernemental à partir de 1952).
Même le parcours du livre recèle des zones d'ombre. En effet, si "officiellement", le récit a d'abord été publié en français en 1947, sous le titre "La Main perdue", on en trouve une trace dès 1945, sous ce même titre, dans la collection "Crimes & Alibis.
Par la suite, il fut réédité en 1957 sous le titre "Jeu de massacre" (couronné alors par le grand prix de littérature policière), avant de devenir quasi définitivement "
La sinistre Main droite", chez Neo en 1979 (c'est cette dernière édition que je possède et que je viens de relire).
Toute l'histoire repose sur une avalanche de faits rapportés par le docteur Riddle, accidentellement coincé dans la cambrousse du Connecticut, loin de son habitat new-yorkais, qui confronte ce qu'il a vu avec ce qui lui est raconté concernant un crime perpétré par un mystérieux vagabond. La force exceptionnelle du livre réside dans le fait que tout est vrai en étant faux et qu'on en vient soit à douter de tout, soit à se précipiter la tête la première dans ce qu'on pense être l'explication.
L'ensemble tient du cauchemar, trouble la raison et vous tient en haleine sans faiblir.