Pas plus grand qu'un livre de poche et pas très épais, le premier « roman » d'Éric Romand ressemble à un recueil de fragments. Ce sont des anecdotes, des souvenirs d'enfance. Beaucoup de ces souvenirs sont d'une banalité confondante, mais ils restituent une époque et un milieu. Ils racontent la vie d'une cité de Villeurbanne dans les années 70-80, l'épicerie des grands-parents, les vacances au camping, les cravates à pois de Gilbert Bécaud et les sous-pulls en nylon. Chacun de ces fragments aurait pu commencer par : « Je me souviens ».
Le père va à la chasse et joue au 421 dans les cafés. La mère brique l'appartement à longueur de journée. Et le fils rêve de porter des robes de princesses et de ressembler à Sheila, son idole. Dans un milieu qui attache tant d'importance aux places assignées à chacun et au qu'en-dira-t-on, le fils différent inquiète et dérange. de fragment en fragment, on assiste à la rupture de l'auteur avec son milieu et dans un même mouvement à une réconciliation.
J'ai beaucoup pensé à
Edouard Louis en lisant Éric Romand, pour le thème de la découverte de son homosexualité dans un milieu populaire. Leurs livres sont pourtant très différents. Celui d'
Eric Romand est sans doute moins abouti, mais son ton est aussi plus léger, plus doux. Finalement, ce petit livre en forme de puzzle inachevé touche pas sa sincérité.
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