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EAN : 9782234083578
112 pages
Stock (23/08/2017)
3.46/5   96 notes
Résumé :
C’est l’album d’une famille, issue d’un milieu populaire, avec ses codes, ses tabous, ses complexes, son ignorance, ses contentieux, dans les années 70 et 80. Le narrateur y raconte son enfance solitaire au milieu des turbulences. Pour son entourage, il a des goûts bizarres, des attitudes gênantes, des manières qui provoquent la colère de son père et la désolation de sa mère. Il dessine des robes et coiffe les poupées de sa sœur. Il fait son possible pour ne pas ajo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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sur 96 notes
Des tranches de vie... celle d'Éric Romand, l'auteur, qui nous raconte ses souvenirs de son enfance à aujourd'hui... Quel besoin de raconter sa vie ? Et surtout, en quoi sa vie peut-elle nous intéresser ?

Le milieu social dans lequel il évolue : une famille populaire dans « un village des coteaux lyonnais » (p. 11). Mais, c'est surtout la confrontation de ce milieu avec la découverte de son homosexualité. Un mot que sa mère a du mal à prononcer (p. 88). Partagé entre rejet et amour de ses parents, Éric Romand va apprendre à vivre sa vie, avec pour seul échappatoire : la musique. Celle de Sheila notamment qui le fascine sur le petit écran des années 70, et dont il écoute sans limite les chansons dans son mange-disque rouge. « J'écoutais la chanteuse en boucle, allongé sur le lino du salon, les yeux rivés sur la pochette, l'oreille collée contre le haut-parleur. En passant, ma mère me disait : « Si tu pouvais y mettre la tête dans ce machin, tu le ferais ! »
Si j'avais pu y entrer tout entier, je l'aurais fait » (p. 28-29).

C'est un parfum de nostalgie qui nous saisit le plus souvent dans ce récit. le « cendrier Ricard en plastique jaune » ou le « distributeur de cacahuètes rouge » nous transporte dans une époque que connaissent bien tous les plus de trente ans.
Les années passent entre petits bonheurs et l'attirance pour tout ce qui est féminin et contraire à son genre pour Éric ; et le rejet des homosexuels de sa famille, les violences familiales notamment contre les femmes, ou encore le racisme latent : « Rince les fruits avant de les manger ! Tout le monde les touche, même les Arabes ! » (p. 43).
Il est dur de trouver sa place, son équilibre, entre son père, sa mère... et Sheila, c'est-à-dire lui même, son moi idéalisé...

Tour à tour touchants, charmants, choquants ou agaçants, mais toujours signifiants, ces bribes, ces « fragments » (p. 92) ne font pas un récit en tant que tel, mais bien un Roman(d).

Lu en janvier 2018.

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Eric-Ro..
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Le grand-père pense que son père est un fainéant et un bon à rien, le père dit que le grand-père est un vieux con. Son cousin Jean-Jacques préfère Sylvie Vartan à Sheila parce qu'elle a un plus beau cul. Il s'appelle Eric, il a six ans, il pisse encore au lit et il a une tête de fayot. le dimanche après-midi avec la Renault 12, ils vont prendre l'air en famille dans la nouvelle zone commerciale.

Eric Romand utilise un style sobre et très épuré pour nous plonger dans ses souvenirs d'enfance dans les années 70. Les sous-pull en nylon, le mange disques, les meubles en formica, les cendriers Ricard en plastique jaune, le téléphone à cadran, les vacances au camping, les sachets de Tang à diluer dans l'eau, et Guy Lux à la télé.

A travers sa passion pour son idole, Sheila, de l'évolution de son répertoire et de ses tenues de scène, l'auteur nous entraîne avec légèreté dans une France populaire bon enfant, macho, un peu raciste et remplie de préjugés notamment envers les tantouzes.

Mais l'écriture se fait plus sensible et plus grave, pour évoquer une séparation difficile entre ses parents, la déchéance su père, la difficulté pour un adolescent attiré par les garçons de vivre et d'affirmer son homosexualité.
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Voici un petit livre (en taille) qu'on commence avec jubilation et qu'on referme avec des sentiments mêlés de compassion et nostalgie.

C'est un premier roman singulier.
On y entre de façon insolite, par des petits chapitres très courts, mis bout à bout de manière désordonnée. Passant du coq à l'âne, comme on dit. Se dessine peu à peu la vie d'un enfant des années 70, fan inconditionnel de Sheila, évoquant des instantanés familiaux et assumant de façon chaotique son homosexualité naissante.
L'enfant devient adolescent, jeune adulte, subit le divorce des parents, un père mal aimant et parfois violent, et grandit dans cette difficulté à assumer sa "différence".

Raconté ainsi, c'est plutôt plombant!
Mais la formulation est grinçante, féroce, caustique sans pour autant être revancharde ou portant jugement des parents ou des événements.
De façon lapidaire, les flashs descriptifs du quotidien racontés à hauteur de garçonnet égratignent l'entourage, les habitudes, les manies, l'art de vivre de tout petits-bourgeois à l'esprit passablement étriqué.

Un florilège de la France des années 70 qui parlera surtout à ceux ayant vécu cette période. Ils y retrouveront un contexte, une mode, des situations cocasses, voire gênantes ou une petite "madeleine de Proust" personnelle. Pour ma part, les émissions de Guy Lux regardées en famille étaient un cérémonial incontournable.

Je retiendrai de cette lecture ce sentiment doux amer, quand le récit twiste de la cocasserie des souvenirs à la tristesse finale de l'adulte qui raconte.

Remerciements aux Editions Stock et NetGalley
Rentrée littéraire 2017
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Eric raconte son enfance. Né en 1964, il fait le tour de l'univers quotidien de cette époque : voitures, émissions de télévision, apparition du Minitel et j'en passe.
A travers une vie ordinaire, rythmée par les repas de famille et l'école, il décrit, paragraphe après paragraphe, la construction de l'adulte qu'il est devenu. Il grandit dans une famille dite populaire qui dispense tendresse et préjugés avec la même vigueur. Il y a de la souffrance dans ces souvenirs mais aussi une forme de lucidité qui n'occulte pas les bons moments. Pour le lecteur, c'est une alternance de sentiments contraires qui rend la lecture passionnante.
Un très court récit qui m'a subjugué par sa simplicité.
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Voici un premier roman qui se lit comme on feuillèterait un album photo. A partir d'éléments très autobiographiques, l'auteur dessine les chroniques d'une famille des années 60-70 dans lesquelles toute une génération se reconnaîtra. Il croque des instants, qui tels des images racontent son apprentissage, une construction de soi jusqu'à l'acceptation de sa différence.
Eric grandit dans entre un père "virilo-macho" et une mère effacée. C'était l'époque des sous-pulls en nylon, des vignettes panini et des mange-disques. Il développe une passion pour Sheila au point de copier ses tenues à paillettes... C'est la découverte de son homosexualité à une époque où la famille, encore plus dans une banlieue lyonnaise n'était pas ouverte à ce genre de révélation. On se doute que cela n'arrange pas les relations père-fils.
Une évocation touchante d'une personnalité qui trace peu à peu son chemin, professionnel en devenant coiffeur puis gérant de salons de coiffure, et personnel en rencontrant l'amour.
L'expression de ces fragments de vie a certainement une vertu apaisante sur l'auteur qui trouve ainsi un moyen de faire la paix avec la figure paternelle.
Un joli petit livre, très vite lu mais qui diffuse une petite musique à ceux qui ont traversé les mêmes années.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Il arrivait que l’on parle musique dans ma famille.
Mon cousin Jean-Jacques préférait Sylvie Vartan à Sheila parce qu’elle avait un plus beau cul.
Ma mère avait le béguin pour Julio Iglesias et Sacha Distel. En revanche, elle ne supportait pas Mireille Mathieu, maniérée et mal fagotée.
Mon père aimait bien Gilbert Bécaud. À chacune de ses apparitions télévisuelles, il répétait : « Il a toujours sa cravate à pois ! » ou alors : « Tiens, c’est rare de le voir sans sa cravate à pois ! »
Ma grand-mère détestait Johnny Hallyday : « Il ne chante pas, il gueule ! »
Mon grand-père, lui, ne comprenait pas cette génération de chanteurs « tous infoutus de passer à la télé sans qu’une ribambelle de nègres se dandine autour d’eux ».
Leurs avis s’harmonisent concernant le classique et l’opéra, regroupés sous le terme de grande musique : tous trouvaient ça chiant.

Pages 18-19, Stock, 2017.
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« Il faut sept ans d’études pour être architecte ! m’a dit ma mère après s’être vaguement renseignée. Sept ans avant de gagner ta vie ! Tu te rends compte ? Si encore on était sûr que tu réussisses ! »
Elle avait de son côté réfléchi à mon orientation. « Et pourquoi pas coiffeur ? Tu es avenant, tu présentes bien. Souviens-toi comme tu aimais coiffer les poupées de ta sœur, et faire les mises en plis de Mamie ! »
J’ai obtempéré.
« Un souci de moins ! a-t-elle conclu.
Concernant mon avenir, ma mère était tranquille. »


Lorsque ma mère a des soucis, elle dit toujours : « Vivement que... après on sera bien tranquille. »
Lorsqu’elle est tranquille, ma mère s’ennuie.

Pages 82-83, Stock, 2017.
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Camping Beauséjour
Emplacement numéro 27

Je n’ose pas aller me présenter au groupe d’ados à la piscine.
Mon père a invité les voisins pour l’apéro.

Homme :
« À son âge, fallait pas me prier pour aller lever les gonzesses ! »
Femme :
« Peut-être que les filles l’intéressent pas ? »
Homme :
« J’espère qu’il est pas de la jaquette ! »
Femme :
« Beau comme il est, ça serait dommage ! Encore de perdu pour nous ! »
Homme :
« Arrête tes conneries. »
Femme :
« Et alors, chacun fait ce qu’il veut ! »
Homme :
« Ah mais moi j’ai rien contre ! Si ça peut leur faire du bien. Tant qu’ils me demandent pas de participer. »
Mon père :
« Deux femmes qui couchent ensemble, c’est pas pareil, surtout si elles m’invitent. »

Tous (rires) :
« Qu’il est con celui-là ! »

Pages 77-78, Stock, 2017.
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« C’est ton père quand même ! Ça ne te coûte rien d’aller lui dire bonjour ! T’es pas obligé de rester longtemps. »
Curieusement, ma mère me rappelait parfois que j’avais un père. Lui et moi n’étions ni fâchés, ni en conflit : je n’y pensais pas, c’est tout.

Page 85, Stock, 2017.
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« Tu ne vas quand même pas devenir une tantouse ! » m’a soudainement balancé ma tante Paulette alors que je lui chantais Quel tempérament de feu, le dernier tube de mon idole. Mon père, lui, disait tata.

Pages 58-59, Stock, 2017.
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Eric Romand et Sheila - On n'est pas couché 30 septembre 2017 #ONPC
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