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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alcibiade, fils de Clinias est un homme d'État, orateur et général athénien né en 450 av. J.-C. et mort en 404 av. le même J.-C. Il fut adopté par le principal stratège d'Athènes, Périclès.
Sa vie d'adulte s'étend tout au long de la guerre du Péloponnèse, un conflit de 30 ans, (de 431 à 404) qui opposera Athènes et ses alliés de la Ligue de Délos à Sparte à celle de la Ligue du Péloponnèse ; démocrates les uns et prônant l'oligarchie les autres.
Nous entendrons tour à tour les témoignages de Thucydide, Xénophon, Diodore de Sicile, Plutarque, Cornélius Népos, et c'est sans oublier de plus illustres, Platon et Socrate.
Puis, nous découvrirons combien Alcibiade est beau, riche et intelligent, issu de la haute noblesse, nous saurons comment il séduit, aussi bien les hommes que les femmes et de parfaire à ce rôle, lui aussi, de stratège. Tant et si bien pourvu que jamais Athènes ne lui permettra aucune défaite ; le rejetant pour cause d'intrigues et d'affaires (de celles qui ne manqueront pas de nous projeter dans notre siècle), Athènes le consacre à nouveau, puis elle décide une dernière fois de s'en priver, toute affairée qu'elle était de courir à sa perte. Ce qui laisserait à penser que toute politique menée par l'ambition personnelle et tout régime confondu ne profite jamais à la destinée d'un Pays.
Mais parlons du livre de Jacqueline de Romilly. Académicienne et helléniste de renom, elle n'écrit pas dit-elle un livre « de grec » pour les lecteurs avertis. Non ! Elle s'applique à le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas, où mal et construit de manière tout à fait abordable un récit qui reste cependant passionné. Ainsi nous entrons dans une lecture qui après le passage de la présentation d'Alcibiade reste accessible et non affectée des multiples noms propres et technicités tout en sauvegardant les spécificités d'usages, comme par exemple, la réflexion sur le principe de l'ostracisme et autres données importantes qui nous situent dans le temps, le régime politique et les institutions. C'est pourquoi j'ai beaucoup aimé cette lecture dont le dynamisme se prête à merveille au personnage d'Alcibiade, qui, quoi qu'il fasse, nous reste extrêmement attachant et éternellement séduisant.
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L'enchantement qui vous prend à la lecture de tous les livres de Romilly sur la Grèce se retrouve dans ce livre, même si parfois l'auteur se laisse entrainer par sa connaissance approfondie de Thucydide à envisager toutes les hypothèses possibles d'explication du comportement souvent étrange de son personnage, et de les détailler d'une manière peut être excessive, au point que le lecteur risque de perdre un peu le fil de la démonstration.
Mais qu'importe, cette capacité à évoquer des correspondances instructives avec des situations contemporaines rend la lecture fascinante, et montre bien que les anciens ont encore beaucoup à nous apporter, n'en déplaise à certain courant "woke" d'outre Atlantique
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Dans cette biographie magistrale, Jacqueline de Romilly - helléniste par excellence -nous présente un portrait complet de ce personnage, talentueux, beau, intelligent mais quelque peu tourmenté. Au fil des 250 pages que nous avons parcourues avec un très grand plaisir, l'auteur livre les clés pour saisir l'ambition dévorante de celui qui fut, entre autres, le pupille de Périclès et l'ami disciple de Socrate. Une des grandes forces de Jacqueline de Romilly reste sa volonté manifeste de suivre les textes anciens, essentiellement Thucydide, Plutarque et Platon, sans jamais avancer une idée qui n'est pas démontrée ou argumentée. de fait, elle ne se départit pas de cette rigueur scientifique alliée à cette exigence académique qui consacrent sa grande réputation d'intellectuelle et d'érudite. L'auteur décortique à la perfection les enjeux géopolitiques, les différents régimes de l'époque et notamment cette démocratie athénienne - tant vantée par les modernes - et les tares intrinsèques de cette institution. La compétition électorale conduit toujours, et quelles que soient les époques, à la démagogie, la corruption, la calomnie, la division etc.

La Grèce d'alors était divisée en Cité Nation. Les deux plus importantes, Sparte et Athènes, se livraient ce que les historiens appellent aujourd'hui la Guerre du Péloponnèse. Dans ce contexte politique agité, l'ambitieux Alcibiade voulait à la fois se faire un nom, tout en travaillant à la gloire d'Athènes. Issu d'une famille riche, ancienne et respectable, Alcibiade reçut une excellente formation qui le plaçait au-dessus du commun des mortels. Enfant, on raconte que lors d'un combat de lutte dans lequel il ne débordait pas son adversaire, il le mordit. Ce dernier cria : « tu mords comme un mouton ». Sans se démonter, et avec un calme olympien il rétorqua : « non, je mords comme un lion ». La légende était déjà en marche… A ce sens inné de la répartie, il disposait également de la beauté du corps, la puissance de l'esprit ainsi qu'une vivacité intellectuelle hors norme. Séduisant, cultivé, habile rhétoricien, il ne reculait devant aucune audace pour défendre les causes qu'il embrassait à bras le corps. Il était pour ainsi dire bouillonnant d'actions et de stratégies complexes mais puissantes. Concrètement, Jacqueline de Romilly voit dans Alcibiade l'expression ultime d'un impérialisme athénien qui conduira pourtant « le phare de la Grèce à s'éteindre ».

Il y a une ironie mordante dont seule l'histoire peut se prévaloir. En effet, ce grand patriote athénien porte une responsabilité énorme dans la défaite d'Athènes face aux Lacédémoniens, car après avoir défendu sa chère cité grecque, ses talents diplomatiques, militaires et politiques s'épanouiront chez l'ennemie d'hier, l'éternelle rivale Sparte. Les retournements de situation qui égraineront le parcours d'Alcibiade montrent que son ambition, loin d'être contenue, le dévorait de l'intérieur. Nous découvrons, grâce au talent supérieur d'écriture de l'académicienne, dans cette Grèce tiraillée par la guerre, que la fierté côtoie la couardise, la fidélité, la trahison, la bravoure la lâcheté. Figure éminemment moderne, Alcibiade continuera encore longtemps de marquer les esprits…



Franck ABED
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