Extrait 2
quelque chose de bleu sur les genoux, d’enfantin, d’éclaté,
quelque chose de cuir à la merci des guitares, d’atlantique,
d’irrémédiable et de perdu, quelque chose à quoi boire et rire,
quelque chose d’animal, de fusée, de bondissant et de mortel,
quelque chose de donné dans ma main droite, d’aveugle dans
le jeu du cerf-volant, d’écarlate équinoxe, d’alcool de chet
baker entre les plaies de nos lèvres après minuit, quelque
chose de neige et d’incandescence, d’assomption sur le seuil
des théâtres et de vaste déluge dans le golfe grand ouvert de
nos bras,
quelque chose d’inexorable, quelque chose de bleu
Extrait 3
Parfois, dans mon sommeil,
un poème se met à bouger, il m’éveille,
je le sens croître dans l’offrande des premiers
mots tracés sur la page blanche de ma nuit :
lui, le cruel nautonier,
et moi, l’aveugle, le soumis,
nous dérivons ensemble
sur la nef incertaine…
Mais il arrive qu’il suspende notre voyage et me laisse
sans autres mots sur les lèvres
que « caresse », « perte », « épaule », « demain »
et le crayon tombe de ma main,
ma main tombe de mon bras,
la nuit tombe,
le jour est encore loin.
Extrait 1
Voilà si longtemps que j’attends :
oh ! les nuits, les saisons vides, les faux départs !
Adolescence encor vivace dans mon sang !
Silences de Jadis ! Aujourd’hui parole en aveu !
Voilà si longtemps que je t’attends :
ah ! mourir d’une telle attente vaine
et
dans l’insécurité d’aimer
malgré les maîtres de ta nuit
habiter tes lèvres et mon cri !
Extrait 4
Ainsi sans doute aurai-je vécu avec l’ombre,
moi jadis écolier sage sous le préau
qui le protégeait mal des larmes, de la pluie
sur Liège quand en vain les horloges
lacéraient le temps immobile et noir
dans les rues hagardes souviens-t’en de l’ennui