Daphné comprend pourquoi son père aime tant devenir quelqu'un d'autre, c'est vrai, c'est enivrant de revêtir un costume et de changer d'apparence. Elle ne se sent plus timide du tout quand elle joue devant les amis de ses parents. [...] Les invités applaudissent à tout rompre. Et si, finalement, la vie, c'était de faire semblant ?
Les idées se bousculent dans ma tête comme des passagers à l'heure de pointe.
Sa mère aussi a besoin d'elle , l'après- Gerald [deuil ] est une souffrance. Comment leur faire comprendre, à tous, sans les blesser, sans les heurter, que sa priorité, ce n'est ni son enfant, ni son mariage, ni sa mère, ni ses soeurs, c'est écrire ?
Est-ce de l'amour ? C'est de l'ordre du secret, du clandestin, du cloisonné, des émotions intimes qui tourbillonnent à l'intérieur, un courant puissant qui secoue en permanence, mais dont il ne faut rien montrer en surface, ne rien dire, ne rien laisser filtrer, c'est dans la veine troublante de ce qu'elle a vécu il y a quatre ans avec son cousin Geoffrey et qu'elle n'a jamais oublié. Certaines filles sont jalouses de sa complicité avec Melle Yvon, elle a remarqué ces regards en biais, ces chuchotements, cette suspicion.
Menabilly, son Manderley à elle engendré du même terreau magique que le Pays Imaginaire de l'oncle Jim, cet espace où elle ne va que seul et dont personne d'autre ne possède la clé.
Nom de code, " Robert". C'est ainsi que les soeurs du Maurier rebaptisent avec humour la menstruation.
Impossible d'emprisonner un rêveur, il sait franchir les murs, déverrouiller les portes, chasser le poids des années. Le rêveur a tous les droits, le rêveur est livre, Kiki le lui avait soufflé.
"L'enfant dont le destin est d'être écrivain est ouvert à tous les vents"
L'alcool aidant, Gerald se laisse aller à des confidences qui n'ont plus rien de paternel, et qui fascinent ses filles impatientes de savoir qui est la dernière "pouliche"...
Petit à petit, Daphné comprend que son père courtise ses jeunes partenaires, qu'il se passe entre eux plus que de simples embrassades...
Pourquoi se marier alors? Quelle comédie, le mariage, écrit-elle à Tod.
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Daphné hoche la tête, l'eau de rose ce n'est pas pour elle, ce qu'elle veut, c'est que son lecteur soit saisit à la gorge, c'est ne jamais laisser indifférent.