Daphné fait partie de ces écrivains qui préfèrent regarder en arrière, pas de l'avant, qui sont capables de noircir des pages entières sur ce qui fut, un lieu, une trace, mettre des mots sur la fugacité de l'instant, la fragilité du souvenir qu'il faut embouteiller comme un parfum.
Et, si finalement, la vie, c'était faire semblant ?
J’aimerais dire à ceux qui subissent un deuil qu’il faut envisager chaque jour comme un défi, une épreuve de courage.
La douleur viendra par vagues, pour une raison inconnue, et certains matins seront plus dures que d’autres.
Acceptez cette douleur. Ne luttez pas contre elle. Ne la dissimulez pas, surtout à vous-même
A sa grande surprise, Daphnée a été nommée « Dame commandeur » par la reine pour services rendus à la littérature, une des plus hautes distinctions du royaume.
Tout ce qu'elle n'a jamais révélé aux journalistes, elle l'exprime à présent, son processus d'écriture, ces longues promenades quotidiennes qui lui permettent de réfléchir, ses six heures de travail par jour dans sa petite cabane en bois, son besoin de solitude, les personnages de fiction qui viennent à sa rencontre. Elle met cinq jours à rédiger une nouvelle, un an pour un roman. Sitôt achevés, elle oublie ses textes, précise-t-elle, elle s'en détache et ne les relit jamais.
C'est un Paris personnel qu'elle se forge, un Paris du coeur qu'elle tisse de ses pas de grande marcheuse.
Je sais bien que nous sommes des enfants gâtées et que je ne devrais pas me plaindre, je devrais être heureuse d'être en famille, en vacances, mais il y a ce vide profond en moi et je ne sais comment le combler. Cette sensation reste en permanence, pourquoi ? Je ne puis rien dire aux autres, ils ne me comprennent pas, ils me trouvent d'une humeur changeante, fatigante, trop amère pour mon jeune âge. C'est quand même terrible d'être déjà lassée par la vie, non ?
Elle se dit que les écrivains ne devraient avoir peur de rien, ni de personne, si ce n'est de ne plus pouvoir écrire.
La petite fille trouve le temps long. Elle lève les yeux vers la fenêtre et se met à rêver.
Peter Pan est là, caché derrière le volet. Il vient la chercher, pour l'emmener au Pays Imaginaire. Elle, et personne d'autre.
Et si, finalement, la vie, c'était faire semblant ?