Contexte : je lis très peu de livres se déroulant dans des cadres "naturels" (je pense à Pêcheur d'Islande et autres livres, d'aventure ou non, décrivant une nature sauvage et la survie des hommes parmi cette nature), non que je n'aime pas la nature, mais que pour moi le roman n'est pas la meilleure forme pour la décrire (le roman est, à mon sens, l'espace des sentiments, de l'intérieur, de la société et/ou de l'intellect), je préfère de loin le cinéma ou la photographie qui arrivent à rendre la majesté des paysages, et qui sont des médias plus facilement "sensuels".
Ce roman a fait exception et m'a fait revoir mon jugement, la grande qualité de l'écriture m'a fait ressentir les conditions de vie de Finn, le pourquoi de son choix, la difficulté mais aussi le plaisir que l'on peut avoir dans des rituels simples au milieu d'un environnement de survie. La beauté de la mer aussi.
L'ambiguïté de ses relations avec le protagoniste sont le "sel" de l'histoire. Je me suis reconnu dans cette fascination que l'on peut avoir pour quelqu'un de plus débrouillard que soit, qui nous renvoie à notre sentiment de ne pas savoir quoi faire de nos mains, où d'être toujours de trop au milieu de son univers. le manque, la peur constante de la réaction, entre rejet et acceptation silencieuse, d'un être aussi imprévisible que Finn sont particulièrement bien décrits.
J'ai été, par contre, très déçu de la fin, qui vient apporter une sorte de révélation inutile alors que le charme du livre tient plutôt dans sa lenteur, son aspect contemplatif. Cela n'a pas gâché ma lecture pour autant, et "
Ce que j'étais" restera pour moi un de ces livres intimes, par lequel on aime s'échapper seul, et que l'on a plaisir à relire (fait rare dans mon parcours).