Divergente est, indéniablement, le type même des romans destinés aux adolescentes. Comme
Veronica Roth, vous voulez percer dans la littérature jeunesse du moment ? La recette est simple : un monde qui se reconstruit tant bien que mal sur les ruines du nôtre, une société d'assoiffés de pouvoir, quelques adolescents dont une particulièrement spéciale, un joli mais mystérieux garçon pour lui tenir compagnie, quelques amis doués mais pas trop et un cadre propice pour révéler au grand jour ses talents cachés destinés à lutter contre l'injustice. Et voualà ! Vous êtes connu et admiré d'une horde de jeunettes en quête de soi.
Mettons de côté la médisance. En réalité, Divergente se lit et peut être apprécié pour ce qu'il est, à condition de ranger sa maturité de vieux crouton au placard et de retomber, le temps de quelques pages, dans la peau de l'ado que nous avons tous été un jour.
Inhérence au genre, la grossièreté des traits m'a pourtant d'emblée rebutée. La protagoniste, censée évoluer en douceur, se trouve être une dure à cuire dès le premier obstacle. Son amoureux, preux chevalier noir, n'est qu'un ourson sous une coquille supposée impénétrable, qu'elle réussira - évidemment - à percer. Ses amis, forcément jaloux de ses exploits, ne comprennent pas sa souffrance – ce qui l'endurcit encore plus, notre petite guerrière, qui en veut mortellement à la méchante sorcière sortie d'on ne sait trop où. Soit dit en passant, pour une jeune fille de seize ans prête à tuer, qui abat et torture de sang-froid, elle ne se pose pas plus de questions ! Aucun bouleversement intérieur, aucune introspective poussée si ce n'est « I am Dauntless. I am brave. ». Dommage. Les quelques personnages fort prometteurs
dont Tori qui perd son frère Divergent et découvre la face cachée de cette société, ou bien Al, victime de ce système qui l'a doucement poussé au répréhensible, sont relégués au second plan alors qu'ils méritaient d'être davantage travaillés.
Tous évoluent dans un monde et une société certes originaux, mais malheureusement bien trop peu développés, ce qui m'a laissé sur ma faim. Surtout lorsque de la description de l'univers l'auteur glisse vers l'amourette naissante de nos deux vierges effarouchés. Une pincée de christianisme, la croyance de l'auteur, se ressent ça et là à travers le texte. Comment la religion a-t-elle pu survivre à cette énigmatique guerre qui a ravagé la ville puis se développer dans ce système de factions ? Y trouve-t-elle beaucoup d'adeptes, un terrain favorable pour s'y développer ?
Ces deux gros défauts gâtent le roman. Encore une fois, le lectorat ciblé par Divergente ne doit pas être aussi exigeant, vu son succès malgré de grosses lacunes. Peut-être que les plus curieux et les plus pointilleux des lecteurs seront satisfaits dans les prochains tomes car oui, pour ma part, je leur donne une chance !
Bonus : quelques mots sur la version originale. le style est hachuré, cassant. Je suis restée dubitative devant sa simplicité, alors que l'auteur est diplômée d'écriture créative. Divergente se lit très bien en anglais pour ceux qui voudraient la travailler, sans grande difficulté si ce n'est quelques mots de vocabulaire. Ne vous attendez donc pas à du
Shakespeare.