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La marche de Radetzky retrace à travers la famille Trotta dont le grand père est un héros de l'empire (il a sauvé l'empereur François Joseph à la bataille de Solférino) et le petit fils un militaire par effraction (qui mourra cependant en héros pendant la première guerre mondiale), la fin de l'immense empire Austro-hongrois et avec lui un monde multiculturel tout a fait étonnant.
Un empire qui s'étendait de la Pologne, à la Russie à la Croatie actuelle, avec ses provinces mystérieuses, ses peuples diverses, ses langues multiples, son mélange surprenant de religions et sa ville impériale somptueuse et éternelle… Vienne.
A la veille de la première guerre mondiale, Vienne était à son apogée. Elle réunissait en son sein de nombreux artistes, scientifiques, architectes : Gustav Klimt, Gustav Mahler, Stephan Zweig, Sigmund Freud, et bien d'autres.
Mais, l'empereur a vieilli. Vienne s'ennuie. Sa domination s'effrite, son génie s'enfuit, son administration rigide s'immobilise, son armée s'effondre, les nationalismes se réveillent, le prolétariat se lève…
La puissance de Vienne et l'immensité de l'empire ainsi que son mode de vie particulier prennent fin avec la première guerre mondiale, la mort de « Jacques » précède celle de l'Empire Austro-Hongrois.
J.Roth a réussi avec beaucoup de talent à dresser l'inventaire d'un monde disparu, celui qu'il aimait car il pouvait faire de lui un Autrichien, un juif et un citoyen du monde.
C'est un des livres que les nazis brûleront lors de leurs fameux autodafés de livres en 1933. Joseph Roth mourra à Paris en exil en 1939. Il ne verra pas la guerre et l'extermination.
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Un livre intéressant en ce qu'il dépeint cette fin de l'empire austro hongrois par ses membres les plus représentatifs.
Par contre, il est très difficile en lisant de s'identifier au héros tant ses valeurs et son éthique sont éloignées des nôtres.
Je lisais donc ce livre un peu comme un traité entomologique décrivant de curieux personnages à la morale ripolinée.
Je n'avais pas du tout l'impression de pénétrer leur état intérieur et cela était parfois frustrant.
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Ce livre qui raconte la vie de la famille Trotta ou plus précisément le dernier et un peu l'avant dernier a la fin de l'empire austro hongrois est un livre que je trouve très contemporain. Dans ce royaume, l'empereur est usé, les institutions sont usées et le mécontentement nationaliste et ouvrier règne partout. On parlerait aujourd'hui de régionalisme et gilets jaunes. Seuls fonctionnent l'administration routinière et l'armée qui s'ennuie. Toutes les réformes tentées se traduisent par des rejets (pas assez, trop fort) et turn ne change. Tous voient que le monde change et que la guerre approche, mais tout reste comme avant. Un peu à l'image de notre temps où l'IA et le clonât révolutionnent notre mode de vie et que nous n'en changeons pas. Dans ce contexte, le héros, le dernier des Trotta s'enferme dans son isolement, démissionne de l'armée la veille de la guerre et est démobilise le lendemain. Il meurt bêtement,son environnement et ses amis finissent mal et son père meurt de chagrin en même temps que l'empereur.
Une image de nos années à venir !
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Ce livre est formidable. Style, récit, histoire, personnages, tout est décrit de façon captivante, et la traduction semble être parfaite et ne rien lui enlever. La façon magistrale dont est brièvement décrit le personnage initial, héros de Solferino, puis plus longuement le petit-fils que cet héritage écrase, laisse des souvenirs très vifs. La conduite du récit également, alternant les passages tragiques ou mélancoliques, dont une certaine douceur n'est jamais absente, avec les intermèdes joyeux ou ironiques, laisse admiratif. Je ne l'ai pas lâché!
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C'est l'histoire d'une lignée. Une lignée de paysans slovènes, dont le cours s'infléchit avec l'acte d'héroïsme du sous-lieutenant Trotta, qui sauve la vie de l'Empereur François-Joseph lors de la bataille de Solferino. Anoblis, les Trotta deviennent alors les Trotta von Sipolje (du nom du village dont ils sont originaires). Une race nouvelle commence avec celui qui devient LE Héros de Solferino, soudain séparé de son père, simple maréchal des logis, et de ses rustiques ancêtres slaves, par une montagne de grades militaires.
Il épouse la nièce de son colonel, dont il a un fils, mène une saine et régulière dans une petite garnison. C'est un bon époux, méfiant à l'égard des femmes, hostile au jeu, ennemi du mensonge et de la lâcheté, des conduites efféminées et des vains bavardages, homme bougon mais équitable, simple et irréprochable. Sa femme meurt jeune, de maladie. Il place alors son fils dans un pensionnat de Vienne, et choisit pour lui la voie du droit, décidant qu'il ne deviendra jamais soldat.

Ses rapports avec ce fils d'une intelligence froide et honnête, dénué de toute imagination, sont sans passion, régis par une routine quais protocolaire. L'enfant, obéissant, ne reçoit ni jouets ni argent de poche, ne s'interroge pas sur la pertinence des choix qui sont faits pour lui. Il devient commissaire de district en Silésie, haut fonctionnaire fiable et rigoureux. Il instaurera avec son propre fils des rapports rythmés par des rituels fixes, au sein d'une vie elle-même réglée au cordeau.

Le petit-fils du héros de Solferino (qu'il ne connaîtra jamais, si ce n'est sous la forme d'un portrait trônant sur les murs de la maison familiale) renoue avec l'armée, non par vocation -c'est un garçon sans réel talent ni volonté, qui ne sait pas monter à cheval-, mais avec cette soumission passive que son père dont son père a lui-même fait preuve. Sa médiocrité n'est toutefois pas un obstacle à ses ambitions, et ce n'est pas parce qu'elles sont modestes, mais parce que les Trotta, protégés par l'Empereur qui doit la vie à leur aïeul, ne peuvent connaître l'échec… S'ajoute à cette passivité une grise tristesse, un abattement qui depuis le premier drame de sa vie (la mort en couches de la maîtresse qui l'a initié au sexe) semble ne plus l'avoir quitté.

Militaire, il est affecté à un poste au fin fond du royaume habsbourgeois, à la frontière russe. Dans ce pays de marais sinistre, perfide, où l'on perçoit les signes précurseurs de l'écroulement de l'Empire, les prémisses d'une guerre qui en sonnera le glas, il comble son désoeuvrement en s'adonnant au jeu et à l'alcool. Les lettres qu'écrivent alors Charles-Joseph à son père rompent la tranquille succession des froides missives hebdomadaires que s'adressaient jusqu'à présent les mâles Trotta. Endetté, son honneur menacé, le fils appelle au secours…

Le père est démuni face à la détresse du fils. Accoutumé aux immuables routines que ne viennent secouer ni drame ni émotion, il ignore quelle attitude adopter non pas tant face à la situation, que face à la souffrance filiale. Il fait ce qu'il faut pour tirer son fils d'affaire, buvant sa honte sans rancoeur, avec ce sens du devoir qui lui permet de dissimuler sous son pragmatisme cette affection qu'il ressent mais n'ose exprimer, coincé par les carcans d'une éducation excluant toute faiblesse et toute tendresse, qu'aurait peut-être pu apporter quelque présence féminine, mais les femmes restent cruellement absentes de l'histoire toute masculine de cette famille.

Et c'est dans ces brèches, dans l'expression pourtant fugace et indirecte de ces maladresses, de ces surgissements émotionnels, que l'on finit par s'attacher à ces Trotta dont la rigidité pusillanime nous avait tenu jusque-là plutôt éloigné. En détaillant la mélancolie qui s'insinue peu à peu dans la solitude du préfet vieillissant, Joseph Roth rend à cet austère personnage une profondeur que le contraste avec son apparente froideur rend d'autant plus touchante. La détresse se révèle de manière indirecte, l'affection affleure là où on ne l'attendait pas forcément, pour un vieux et fidèle serviteur ou pour ce fils décadent et dépressif, et on se dit qu'il aura fallu attendre la quasi-extinction de la lignée des Trotta pour toucher du doigt leur humanité intrinsèque.

Extinction qui coïncide, comme si l'acte héroïque de l'aïeul avait inexorablement lié le destin des Trotta à celui de François-Joseph, avec celui d'une monarchie dont le dernier représentant vieillit, s'amollit, perd un peu la tête. C'est aussi le délitement d'un monde que le sens aigu des convenances et de l'honneur, mais surtout l'esprit de caste, l'antisémitisme des élites, avait figé dans des mécanismes inégalitaires. Voici venu le temps où les individus commencent à décider pour eux-mêmes, à remettre en cause l'immobilisme soumis des pères. Les ouvriers font grève, réclament une impensable égalité de droits. Inimaginable au début de sa carrière, le préfet Trotta doit faire face à des "troubles" aux relents révolutionnaires, initiés par des autonomistes ou des sociaux-démocrates. le déclin de l'empire austro-hongrois est entamé, le nationalisme a remplacé la foi en dieu, inextricablement liée à la monarchie habsbourgeoise.

Un roman très riche, porté par une écriture sobre et précise qui le rend intemporel.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Crépusculaire... Une chronique des dernières décennies de l'empire austro-hongrois, utopie qui a voulu rassembler, sous l'étendard de la foi chrétienne et les vertus conjuguées d'une l'administration rationnelle et du progrès technique, la mosaïque des peuples d'Europe centrale, dont les nationalismes conjugués ont conduit, via la grande guerre, à son éclatement. Ce très beau roman, teinté de nostalgie, décrit bien l'inéluctabilité du processus, au travers des destins individuels de trois générations d'une même famille. La scène de bal dans un château perdu aux confins de l'empire, sous l'orage qui éclate au moment de l'annonce de l'attentat de Sarajevo, est un grand moment d'écriture.
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Le déclin de l'empire autrichien, à la veille de la Première guerre mondiale, forme le décor de ce roman qui met en scène une lignée familiale, qui, elle aussi, touche à ses fins. Les von Trotta avaient été anoblis suite à un acte de bravoure à Solférino grâce auquel la vie de l'empereur Franz Joseph avait été sauvée. le personnage principal Carl Joseph von Trotta succède à son grand-père en entrant dans l'armée pour une carrière militaire. Son père avait choisi une carrière dans l'administration de l'empire. Il vit dans le respect absolu des valeurs de l'empire habsbourgeois. Il le considère comme son devoir en hommage à son pèere, le héros. Carl Joseph, le petit-fils du héros, n'en est pas capable et abandonne les valeurs de ses ancêtres, et donc de l'empire. La décadence s'annonce. Criblé de dettes et alcoolique, il est mobilisé en 1914 en Moravie. Très vite il succombe, non pas en héros, comme son grand-père, mais en cherchant deux seaux d'eau. Un peu plus tard, l'empereur est mort. Au jour de ses obsèques le dernier von Trotta meurt aussi. L'histoire se raconte au fil de ces trois générations, de 1859 à 1914. Joseph Roth nous décrit dans un style magnifique l'atmosphère "fin de régime" . La Marche de Radetzky appartient sans aucune réticence aux chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale.
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Un libro clásico. Joseph Roth nos describe los años anteriores a la desaparición del Imperio Austrohúngaro de la mano de tres generaciones de una misma familia. El tiempo parecía que no existía. Cada gesto, dicho, costumbre o rito eran siempre los mismos y se representaban de la misma manera. Hasta que, de repente, lo que estaba cociéndose debajo de esa pantalla de inmutabilidad estalló, y ya nada iba a ser lo mismo. Esta novela del austriaco Joseph Roth se complementa perfectamente con el libro de memorias de su amigo vienés Stefan Zweig El mundo de ayer. Totalmente recomendable.
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La marche de Radetzky est une oeuvre musicale de Johann Strauss que vous avez probablement entendue, au moins une fois. Militaire, martiale, elle rythme le livre de Joseph Roth dont il lui donne le titre.

Cet air musical est représentatif d'une période de l'empire austro-hongrois victorieux et resplendissant de la chute de Napoléon Ier en 1815 à la perte de l'Italie, autour de 1860, qui lui vaudra sa première amputation territoriale.

Le roman débute lors de l'une des défaites autrichiennes, celle de Solferino, qui fut l'une de nos victoires. On y découvre un officier d'infanterie du nom de Trotta qui s'illustre en sauvant la vie du jeune empereur François-Joseph. La scène est représentative du sujet du livre. Pour sauver l'empereur d'une balle qui lui était destinée, Trotta bascule sa majesté de son cheval pour le jeter à terre, prenant à sa place la dite balle. Pour le récompenser, Trotta sera anobli.

Alors que cet acte héroïque aurait du apporter une conséquence favorable à la famille Trotta, la vie du héros de Solferino, de son fils qui sera préfet d'une ville provinciale empêché par son père de s'engager et du petit-fils au contraire forcé de devenir officier de l'armée impériale ne sera que désillusion et déconvenue. Ce sera à l'image de l'empire qu'ils tenteront de servir peu ou prou.

Car Roth fait le parallèle entre le destin de la famille Trotta, de la défaite de Solferino au début de la Grande guerre, et celui de l'empire austro-hongrois. On découvre que la monarchie viennoise et ses serviteurs somnolent, indifférents ou ne prenant pas conscience des bouleversement en cours en Europe. Sans les comprendre, ils se trouveront emportés par l'ouragan de la Première guerre mondiale. le livre de Roth a donc cet intérêt historique.

L'écriture de Roth est agréable. On y trouve des ressemblances avec Flaubert ou des écrivains russes. Il y a des longueurs, aussi. C'est un roman que je conseille pour bien comprendre l'état d'esprit de cette monarchie millénaire des Habsbourg, derniers empereurs romains germaniques dont la devise était A.E.I.O.U (toutes les voyelles de l'alphabet sont présentes volontairement !) pour Austria erit in orbe ultima (L'Autriche sera l'ultime nation du monde).
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Depuis que je suis sur Babelio, j'avais envie de faire la critique de ‘La marche de Radetzky'. Mais ce roman en apparence simple se dérobait. C'est le roman de la fin d'un monde. de la fin de l'empire Austro-Hongrois. du dernier héritier du Saint Empire, de Frédéric Barberousse, des gibelins... Avec lui, disparut une forme d'idéale européen qui datait de Charlemagne. Une vision abandonnée, réduite à la portion congrue, mais qui était toujours là. Et qui, dans son existence, restait la garante d'un certain équilibre européen. le modèle de l'état-nation triomphant prit le relais, et faillit mener le monde à sa perte.

Il faut du temps pour discerner tout cela dans ce roman décrivant un monde à l'agonie. Dans l'histoire de ce caporal, simple fils d'un garde-chasse, devenu ‘héros de Solférino', baron et officier en sauvant la vie du jeune empereur. Puis dans celle de son fils, préfet pour un empereur de moins en moins jeune. Et enfin dans celle de son petit-fils, jeune officier pour un empereur presque sénile, trainant son ennuie dans les villes de garnisons entre alcool, jeux et traditions militaires devenues ineptes. La première guerre mondiale arrive comme une sorte de délivrance. Enfin, le monde va se secouer un peu. La poussière va un peu tomber. On pourra vivre enfin, respirer un air moins épais. Les couleurs seront un peu plus vives, et tout aura l'air un peu plus jeune.

Mais dans les premiers jours du conflit, le jeune officier meurt. Et voici que le roman, qui jusque-là était beau, mais de cette beauté un peu sommeillante des vieux meubles sous la poussière, prend soudain une tournure sublime. La mort du jeune Trotta est sublime. La vie du père ayant appris la mort de son fils est sublime. Tout s'achève avec la mort de François-Joseph. Orsenna est tombée. C'est la fin.

En Bucovine roumaine, la période austro-hongroise reste dans les mémoires comme un âge d'or. Dans les Balkans, ce fut l'une des plus longues périodes de paix.
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