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Françoise Bresson (Autre)
EAN : 9782070709052
196 pages
Gallimard (10/04/1987)
3.69/5   44 notes
Résumé :
La Première Guerre mondiale s'achève. L'immense Russie libère ses prisonniers qui affluent aux portes de l'Europe. C'est là, dans une de ces petites villes dont il connaît bien l'étrange atmosphère, que l'auteur nous conduit. Gabriel Dan rentre de Sibérie; séduit par le gigantesque hôtel Savoy, il y loue une chambre. Et nous découvrons avec lui la vie fascinante de l'hôtel, faisant successivement la connaissance des êtres les plus divers, extravagants, touchants ou ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Apres Les frères Ashkenazi j'enchaine un billet autour de la ville de Lodz. Parce que c'est de Lodz qu'il s'agit dans ce livre, d'apres l'avis de tous les critiques. Une Lodz diminuee, appauvrie, frappee par la premiere guerre mondiale, ou reviennent enormement de soldats liberes et de deplaces, esperant qu'elle va renaitre de ses cendres et qu'ils vont y trouver un avenir. Pour beaucoup, des juifs. Ce livre prend donc sa course la ou s'était arrete le livre de Singer. Mais c'est Roth qui reprend le flambeau, et meme si ses personnages sont juifs, Roth n'est pas Singer, et son roman n'est pas un roman juif ni une histoire de juifs.


Joseph Roth est, de cette generation d'ecrivains que la fin de l'empire austro-hongrois a generes, un de mes preferes. Comme Zweig, il a du s'exiler et a fini par commettre une espece de suicide, a Paris, a la veille de la seconde guerre mondiale. Mourir d'alcoolisme, n'est-ce pas une sorte de suicide? Plus que Zweig, il s'est attaché a decrire la decrepitude de la fin de l'empire et l'intranquillite (Pessoa me pardonnera de lui voler un mot) de l'apres premiere guerre mondiale. Face a cette intranquillite, lui aussi, malgre ses critiques, developpera une certaine nostalgie pour cette mitteleuropa d'avant-guerre que l'empire avait permis. Plus dans ses ecrits journalistiques, il est vrai, que dans ses romans.
Hotel Savoy est son premier-ne (? Je n'en suis pas sur), publie en 1924. L'immediat après-guerre est peint par touches un peu vagues. En trois phrases Roth brosse un personnage, une situation, une atmosphere. Et ce n'est pas caricatural. Les personnages ont de l'epaisseur et le lecteur se sent vite imbibe de l'ambiance.

Trois personnages principaux, en trois grands chapitres (et oui, la regle de trois me revient des profondeurs de ma scolarite). Un ancient combattant, un des rapatries du front de l'Est, Gabriel Dan, arrive dans une ville industrielle (Lodz, j'ai dit Lodz?). Il s'installe a l'hotel Savoy, un etablissement de mine somptueuse, qui s'avere etre une prison autant qu'un palace. Les bas etages sont habites par des gens riches, et dans les deux derniers etages s'agglutinent dans des cagibis insalubres ceux qui laissent leurs valises et leurs affaires, en gage, a un mysterieux groom d'ascenceur, le clown Santschin, qui mourra, de penurie et de mauvaises conditions de vie: premierement Stasia, une danseuse de varietes de qui Gabriel s'amourachera un peu, et d'autres, qui trainent tous de minables – pardon! de dures! – existences.

La deuxieme partie voit l'arrivee de l'ex-combattant revolutionnaire Zwonimir, qui fera eclater la monotonie de la vie de Gabriel, du reste de tout l'hotel, et pour finir de la ville entiere. Avec lui Gabriel deviendra un habitué des baraquements de rapatries qui se sont developpes aux confins de la ville et savourera la tristesse et la beaute de leurs chants, en leurs langues etranges. Mais il ne suivra qu'avec reticence les menees subversives de Zwonimir.

Le troisieme grand personnage est celui que tout le monde attend en ville, les petits changeurs juifs, les industriels dont les usines periclitent, les reveurs et les magouilleurs qui esperent du financement: le richissime americain Bloomfied. Mais tous seront decus. Bloomfield en fait arrive tous les ans pour honorer la tombe de son pere, le juif Blumenfeld, et distribue quelques dollars, peu, mais assez pour entretenir sa legende de nabab et faire saliver toute une ville. Suite a la deception generale des usines fermeront et des ouvriers, menes par Zwonimir, mettront la ville – et l'hotel emblematique – a feu. Zwonimir y laissera la vie et Gabriel devra reprendre son periple de rapatrie vers l'ouest.


Toute l'anxiete devant d'incertains futurs prend chez Roth des formes presque comiques. Son ecriture m'a rappele les peintures de Grosz. On sourit dans un premier temps devant la caricature, et on a tres vite le coeur serre. Les larmes mouillent la grimace. Comme une pluie fine et insidieuse. Comme quand Roth decrit les rapatries: "C'est comme s'ils formaient un tout avec la pluie. Ils sont gris et incessants comme elle."

A lire. A relire. C'est facile, c'est tout court.
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La Grande Guerre est finie. Gabriel Dan a été prisonnier en Russie, dans un camp de Sibérie. Après de longues pérégrinations, il se retrouve dans une ville aux portes de l'Europe. Il loge aux derniers étages d'un grand hôtel en compagnie des plus démunis. Il compte en vain sur l'aide d'un oncle fortuné. Zwonimir, un solide croate, un ancien camarade de guerre de Dan, se retrouve lui aussi dans la ville, où se répand de plus en plus un climat de fièvre et de révolte. Je découvre Joseph Roth avec ce récit. le style est vif et puissant et très réaliste.
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Dans un livre d'une grande sensibilité, Joseph Roth nous décrit, en creux, le monde disparu d'avant 1914. Gabriel Dan rentre de Sibérie où il était prisonnier, et comme tant d'autres, s'arrête aux portes de l'Europe dans la petite ville polonaise de Lvod. Il s'installe dans une chambre à l'avant-dernier étage de l'Hôtel Savoy. Il y côtoie des femmes et hommes aux profils et histoires différents : d'anciens prisonniers de guerre comme lui, des "suspects politiques" comme ils sont désignés alors, des artistes sans le sou, des femmes seules mais aussi de riches industriels et négociants. En définitive, l'hôtel apparaît comme un petit "laboratoire" de l'état de la vieille Europe au sortir de la Grande Guerre, épuisée en déclin, et fascinée par l'Amérique que symbolise le personnage de Bloomfield que tous attendent...
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Welcome to the Hôtel Savoy

Oui Hôtel Savoy fait penser à bien des choses à cette chanson des Eagles « Welcome to the Hôtel Savoy » les paroles sont explicites ; on y vient mais on ne sait quand on en partira. Il rappelle surtout « l'Immeuble Yacoubian »
L'Hôtel Savoy est ici un symbole de la Mitteleuropa au crépuscule de sa splendeur comme l'Immeuble Yacoubian d'Alaa al-Aswany est celui de l'élite déchue du Caire. Après les fastes la déchéance, une ville, un hôtel, une population grignotée par la pauvreté.
Łódź est une ville frontière et donc de transit, une ville terminus manufacturière ou les affaires vont bon train. le passage obligé de gens qui cherchent à s'enrichir à trouver de l'argent ou simplement un travail et au sortir de la guerre ce n'est pas chose facile car la concurrence est rude

Cet hôtel est un microcosme où cohabitent, empilées les unes sur les autres toutes les classes sociales les plus riches, les grossiums, en bas dans des chambres ou appartements de luxe avec personnel et ascenseur les autres, les bibus, sous les combles

Des personnages mystérieux : le propriétaire au nom grec terreur des mauvais payeurs, un magnat attendu comme le messie pour ses oboles
Un vieux groom antipathique et usurier, des jeunes femmes obligées de se vendre, une bourgeoisie figée dans ses petits plaisirs et dans l'attente de prêts et des ouvriers éveillés aux idées des révolutionnaires russes et revendicatifs L'Hôtel Savoy, un piège qui fige ceux qui arrivent et n'en repartent jamais en fait un mouroir de luxe pour des locataires dont le statut social s'effondre
Un âge d'or et monde qui s'écroule un autre en gestation mais pas le meilleur des monde possible Ce sera pour plus tard.

Welcome to the Hôtel Savoy (Bienvenue à l'Hôtel Savoy)
Such a lovely place (Quel endroit délicieux)
Such a lovely face (Quel visage ravissant)
Plenty of room at the Hôtel Savoy(Il y a plein de place à l'hôtelsavoyy)
Any time of year (Tout au long de l'année)
You can find it here (Vous pouvez en trouver ici)


You can check out any time you like (Tu peux régler ta note quand tu veux)
But you can never leave (Mais tu ne pourras jamais partir)
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Après la première guerre mondiale, Gabriel Dan, ancien soldat de l'ancienne Autriche-Hongrie, se réfugie à l'avant dernier étage de l'hôtel de Savoy. L'hôtel est le microcosme de la société d'après-guerre, les riches y côtoient les pauvres, un monde est mort, un autre va naître.
Malgré le délitement de la société où tout change, la mort et l'argent continuent à l'emporter.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
J'arrive à l'hôtel Savoy à dix heures du matin. J'étais décidé à me reposer quelques jours ou peut-être une semaine. C'est dans cette ville que vit ma famille, - mes parents étaient des Juifs russes. Je voudrais obtenir des subsides pour continuer ma route vers l'ouest.
Je reviens de captivité ; prisonnier de guerre pendant trois ans, j'ai vécu dans un camp de Sibérie, j'ai parcouru des villages et des villes russes comme manoeuvre, journalier, gardien de nuit, porteur et aide-boulanger.
Je suis vêtu d'une blouse russe que quelqu'un m'a offerte, d'un pantalon cout que j'ai hérité d'un camarade décédé, et chaussé de bottes encore utilisables dont j'ai moi-même oublié la provenance.
Pour la première fois depuis cinq ans, je me trouve à nouveau aux portes de l'Europe.
Plus européen que tous les autres établissements de l'Est, tel m'apparaît l'hôtel Savoy avec ses sept étages, son blason doré et son portier en livrée. On est certain d'y trouver eau, savon, water-closets, un ascenseur, des femmes de chambre en coiffe blanche, des vases de nuit à l'éclat agréables, cachés, tels des objets précieux, dans de petits coffrets marquetés ; des lampes électriques qui s'épanouissent dans des abat-jour roses et verts comme dans un calice ; des sonnettes stridentes qui répondent à la simple pression du pouce ; et des lits, des lits de plume, moelleux et tout prêts à vous accueillir.
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Douloureux était le sort des hommes. Leur destin, ils le préparaient eux-mêmes et croyaient qu'il venait de Dieu. Ils étaient prisonniers des traditions, leur coeur était retenu par des milliers de fils et leurs mains tissaient elles-mêmes ces fils. Sur toutes les voies de leur vie se dressaient les tables de la loi de leur Dieu, de leur police, de leurs rois, de leur classe. Ici, il était défendu d'aller plus loin et là de s'attarder. Et, après s'être ainsi débattus, durant quelques décennies, après avoir erré, être restés longtemps désemparés, ils mouraient dans leur lit et léguaient leur misère à leurs descendants.

(p. 148)
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Böhlaug est un homme riche, mais son coeur est petit. Voyez-vous, monsieur Dan, les hommes n'ont pas le coeur mauvais, il est seulement bien trop petit. Il n'y a pas beaucoup de place, juste assez pour femme et enfant.
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Douloureux est le sort des hommes, et leur souffrance élève devant eux un grand, un gigantesque mur. Pris dans la toile gris poussière de leurs soucis, ils se débattent comme des mouches prisonnières. Celui-ci manque de pain et celui-là le mange avec amertume. Celui-ci veut être rassasié et celui-là être libre. Là, un autre agite ses bras et croit que ce sont des ailes, croit qu'il va s'élever l'instant ou le mois, ou l'année d'après, au-dessus des bas-fonds de ce monde.


(p. 148)
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La mort les avait poursuivis durant six années, à la guerre et en captivité et celui que la mort poursuit, elle finit toujours par l'atteindre.
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Videos de Joseph Roth (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joseph Roth
Après avoir parcouru l'Ukraine pour y exhumer les grandes mémoires enfouies de l'autre Europe, Marc Sagnol y est retourné au milieu des bombardements pour en contempler les ruines.
Les images et les mots, comme une invitation au voyage, nous plongent dans des mondes évanouis, sur les traces des grands penseurs d'autrefois. Avec lui, on arpente la terre noire de l'Est à travers villes et villages, aux côtés De Balzac, de Joseph Roth en Galicie et Bucovine, de Leopold von Sacher-Masoch à Lemberg-Lviv, de Paul Celan à Czernowitz…
C'est en connaisseur de la philosophie et de la littérature que Marc Sagnol traverse les « terres de sang » abîmées par tous les chaos. Terres qui furent celles de la plus haute civilisation et des plus grands malheurs. Quelle fut la culture juive, jadis florissante en ces lieux, et qu'en a-t-il été de sa disparition dans la Shoah ? Qu'est-il advenu de ces mondes révolus ? Comment penser la tragédie d'hier au regard du drame d'aujourd'hui ? Une plongée dans les siècles pour dire que notre destin se joue d'abord là-bas. Actuelle parce que inactuelle, une grande fresque littéraire. Un récit d'exception.
Germaniste, philosophe, Marc Sagnol est l'auteur de nombreux ouvrages dont Tragique et tristesse. Walter Benjamin, archéologue de la modernité, primé par l'Académie française, ainsi que d'un film sur Paul Celan, Les eaux du Boug.
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