Toute la vulnérabilité des hommes, fussent-ils intelligents, face aux "poupées russes" et au temps qui passe, illustrée dans un livre. Un combat perdu d'avance. Mais cette déchéance, sous la plume de l'académicien
Jean-Marie Rouart, prend la forme d'une renaissance car, selon lui, « les femmes dites fatales permettent souvent aux hommes de se révéler à eux-mêmes ».
Si les thèmes de la jeunesse, du désir et de la peur de vieillir sont universels, ils sont abordés ici de façon très peu politiquement correcte. le narrateur, un homme d'un certain âge, aime regarder les charmantes créatures aux terrasses des cafés et passe son temps à reprocher leurs tenues affriolantes, lui rappelant constamment « sa décrépitude ». La déraison qui accompagne cette déliquescence physique rend le combat perdu d'avance et confronte l'ego masculin à un déséquilibre dans le rapport de force homme/femme.
Tout est matière à renforcer le cliché du vieil académicien libidineux qui rêve encore, de par sa position honorifique, à séduire de jeunes demoiselles en quête de reconnaissance. Un récit antiféministe et misogyne, reflet d'une certaine catégorie de la population. Dénonciation subtile ou reflet des pensées de l'auteur ? le doute est permis.
L'écriture est essentiellement descriptive, peu de dialogue, beaucoup de réflexion qui donne une langueur qui sied au texte mais qui aurait mérité d'être parfois contrebalancé par d'autres points de vue. L'intrigue aurait gagné en profondeur si la pensée de Valentina avait été insérée ou même celle d'Ambroise, ami perfide du narrateur dont on peine à véritablement comprendre le rôle.
Malgré tout,
Jean-Marie Rouart démontre une fois de plus un talent d'écriture certain et une plume alerte, voire cynique par moment. Il fait évoluer ses personnages dans le milieu de l'édition qu'il connaît par coeur, offrant une description particulièrement savoureuse et mordante de ce microcosme parisien.
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