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Citations sur Les troubadours : anthologie bilingue (20)

Puisque j’ai le désir de chanter…



extrait 2

Je prie pitié à mes compagnons
si j’ai eu tort qu’ils me pardonnent
et je prie Jésus sur son trône
et en roman et en latin

De prouesse et de joie je fus
mais je quitte l’un et l’autre
et je m’en irai vers celui
où tous les pécheurs trouvent aide

J’ai été allègre et gai
mais le Seigneur ne le veut plus
je ne peux plus supporter le poids
tant je suis proche de la fin

J’ai laissé tout ce que j’aimais
la chevalerie et l’orgueil
et si Dieu veut j’accepte tout
et le prie qu’il me garde avec lui

Je prie tous mes amis qu’à ma mort
ils viennent tous m’honorent fort
car j’ai eu joie et plaisir
loin et près et dans ma maison

Ainsi je laisse joie et plaisir
vair petit gris et zibeline


// Guillaume, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers (1071 – 1127)

/Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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De ce monde mesquin …



De ce monde mesquin plein de malheur
si l’amour s’en va je tiens la joie pour mensonge
rien n’y existe qui ne se change en brûlure
chacun jour s’avilit demain vaut moins qu’hier
prenez pour modèle le jeune roi anglais
qui était au monde le plus vaillant des nobles
il est allé son beau corps amoureux
et c’est douleur désolation et peine

À celui à qui il plut à cause de notre malheur
venir au monde pour nous tirer d’affliction
qui reçut mort pour notre salvation
comme à un seigneur bienveillant et juste
je demande grâce qu’au jeune roi anglais
il pardonne s’il lui plaît lui qui est vrai pardon
et le fasse être avec compagnons honorés
là où jamais douleur ne fut où il n’y aura jamais de peine


// Bertand de Born (1140 – 1215)

/Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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Lorsque les jours sont longs en mai...



Lorsque les jours sont longs en mai
m’est beau le doux chant d’oiseau de loin
et quand je me suis éloigné de là
je me souviens d’un amour de loin
je vais courbé et incliné de désir
si bien que chant ni fleur d’aubépine
ne me plaisent comme l’hiver gelé

Je tiens vraiment le Seigneur pour vrai
Par qui je verrai l’amour de loin
mais pour un bien qui m’en échoit
j’ai deux maux car elle m’est si loin
ah que je voudrais être là-bas pèlerin,
pour que mon bâton mon esclavine *
soient contemplés par ses deux beaux yeux

Je verrai la joie quand je lui demanderai
pour l’amour de Dieu l’amour de loin
et s’il lui plaît j’hébergerai
près d’elle moi qui suis de loin
alors viendra l’entretien fidèle
amant lointain je serai proche
de ses paroles je savourerai la jouissance

Triste et joyeux, je la quitterai
quand je verrai cet amour de loin
mais je ne sais quand je la verrai
car trop sont nos terres loin
il y a tant de passages de chemins
et moi je ne suis pas devin
mais que tout soit comme il plaît à Dieu.

Jamais d’amour je ne jouirai
si je ne jouis de cet amour de loin
car mieux ni meilleure je ne connais
en aucun lieu ni près ni loin
tant est son prix vrai et sûr
que là-bas au royaume des Sarrasins
pour elle je voudrais être captif

Dieu qui fit tout ce qui vient et va
et forma cet amour de loin
me donne le pouvoir j’en ai le cœur
de bientôt voir l’amour de loin
véritablement en tel lieu
que la chambre et le jardin
me paraissent tout le temps palais

Il dit vrai qui me dit avide
et désirant l’amour de loin
car aucune autre joie ne me plaît autant
que jouir de l’amour de loin
mais ce que je veux m’est dénié
car ainsi m’a doté mon parrain
que j’aime et je ne suis pas aimé.

Mais ce que je veux m’est dénié
qu’il soit donc maudit le parrain
qui m’a fait tel que je ne sois pas aimé


// Jaufre Rudel (1113 –1170)

/ Adapté de l’occitan par Jacques Roubaud


* pèlerine
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Ongle et oncle

La ferme volonté qui au cœur m’entre
Ne peut ni langue la briser ni ongle
De médisant qui perd à mal dire son âme
N’osant le battre de rameau ni de verge
Sinon en fraude là où je n’ai nul oncle
Je jouirai de ma joie en verger ou chambre

Quand je me souviens de la chambre
Où pour mon mal je sais que nul homme n’entre
Mais tous me sont pires que frère ou qu’oncle
Tremblent tous mes membres jusqu’à l’ongle
Ainsi que fait l’enfant devant la verge
Tant j’ai peur de n’être assez sien dans mon âme

Ah que je sois sien dans le corps non dans l’âme
Et qu’elle m’accueille en secret dans sa chambre
Plus me blesse le cœur que coup de verge
D’être son serf qui là où elle est n’entre
Toujours je serai près d’elle comme chair et ongle
N’écoutant aucun reproche d’ami ni oncle

Jamais la sœur de mon oncle
Je n’aimerai tant ou plus par mon âme
Aussi proche qu’est le doigt de l’ongle
S’il lui plaisait je voudrais être de sa chambre
Il peut faire de moi l’amour qui en mon cœur entre
À son gré comme homme un fort de faible verge

Depuis qu’a fleuri la sèche verge
Que du seigneur Adam sont nés neveu et oncle
Un amour qui comme celui qui dans mon cœur entre
Je ne crois qu’il a été en corps ni âme
Où qu’elle soit sur la place ou dans la chambre
Mon cœur sera moins loin que l’épaisseur d’un ongle

Qu’ainsi s’enracine devienne ongle
Mon cœur en elle comme écorce en la verge
Elle m’est de joie tour et palais et chambre
Je n’aime tant frère parent ni oncle
En paradis aura double joie mon âme
Si jamais homme d’avoir aimé y entre

Arnaut envoie sa chanson d’ongle et d’oncle
Pour plaire à celle qui de sa verge à l’âme
Son Désirat son prix entre en sa chambre

Arnaut Daniel
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Dame gracieuse…



Dame gracieuse
tous louent et clament
votre valeur
donne plaisir
qui vous oublie
méprise sa vie
moi j’idolâtre
dame si parfaite
pour la plus noble
je vous ai choisie
la meilleure
au mérite accomplie
je vous ai courtisée
je vous ai servie
mieux
qu’Erec ne fit Enide
bâtie
finie
est seigneur Engles
mon Estampie


// Raimbaut de Vaqueyras (vers 1150 – vers 1207)

/ Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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Très noble commence…



Très noble commence
surpasse toutes
dame Beatritz
en grandissant
votre valeur
pour moi je crois
ornée de prix
votre puissance
de belles paroles
sans fausseté
de belles actions
vous êtes semence
sagesse
indulgence
avez
et jugement
votre valeur
indiscutable
vous revêtez
de bienveillance



// Raimbaut de Vaqueyras (vers 1150 – vers 1207)

/ Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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je n’aurai nulle joie…



je n’aurai nulle joie
si je partais
Beau cavalier
loin de vous douloureux
ailleurs ne se tourne
mon cœur ne me tire
mon désir
rien d’autre ne désire
aux médisants
je sais ce qui plairait
dame autrement
ils ne peuvent guérir
que quelqu’un voie
et ressente
mon malheur
et accueilli de vous
vous contemple
méditant
son désir
ce dont mon cœur soupire



// Raimbaut de Vaqueyras (vers 1150 – vers 1207)

/ Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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Ma belle amie…



Ma belle amie
que Dieu fasse
que jamais le jaloux
ne rit de ma douleur
il vendrait cher
sa jalousie
s’il pouvait deux
amants séparer
alors moi joyeux
je ne saurais plus être
nulle joie sans vous
ne serait plus mienne sur ce chemin
et je m’en irais
où nul jamais
ne me verrait plus
le jour même
je mourrais
dame
noble où je vous perdrais



// Raimbaut de Vaqueyras (vers 1150 – vers 1207)

/ Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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Fête de Mai...



Fête de mai
ni feuille de hêtre
ni chant d’oiseau
ni fleur de glaïeul
rien ne me plaît
noble dame gaie
si un rapide
messager ne vient
de votre beau
corps et me parle
d’un plaisir nouveau
qu’amour m’accorde
et d’une joie
et je m’en vais
vers vous
dame vraie
meure
d’une plaie
le jaloux
avant que je vous quitte



// Raimbaut de Vaqueyras (vers 1150 – vers 1207)

/ Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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Puisque j’ai le désir de chanter…



extrait 1

Puisque j’ai le désir de chanter
je chanterai ce qui m’attriste
je ne servirai plus l’amour
en Poitou ou en Limousin

Je vais m’en aller en exil
en grande peur en grand péril
en guerre je laisse mon fils
lui feront du mal ses voisins

La séparation m’est dure
de la seigneurie de Poitiers
je laisse à la garde de Folcon d’Anjou
toute la terre de son cousin

Si Folcon d’Anjou ne le secourt
et le roi de qui je tiens mon honneur
ils lui feront tous du mal
félons gascons et angevins

S’il n’est ni sage ni courageux
quand je vous aurai quitté
ils l’auront vite mis à bas
en le voyant jeune et petit



// Guillaume, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers (1071 – 1127)

/Adapté de l’occitan par jacques Roubaud
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