AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,28

sur 57 notes
5
8 avis
4
9 avis
3
1 avis
2
3 avis
1
3 avis
Emportée par la puissance du désir
Dans un premier roman incandescent Marion Roucheux confronte une femme qui, au sortir d'une dépression, va être prise dans le tourbillon de la passion. Une expérience qui va remettre en cause une vie bien rangée jusque-là.

Lorsque s'ouvre ce roman d'une sensibilité rare, la narratrice est dans un centre de soins des Alpes où elle se laisse porter, «comme une enfant indolente, ne décidant de rien, à l'abri dans ce cocon de neige, la montagne pour seul horizon.» Si elle a choisi de se débarrasser de ses «vêtements trop encombrants de femme, d'épouse, de mère et de médecin (...) pour redevenir une plus petite version d'elle-même», c'est qu'à la suite d'une seconde grossesse, elle a été victime d'une profonde dépression, loin d'un simple baby-blues. «La machine s'est déréglée, la petite mécanique de mon quotidien a vacillé, sans douceur, une déflagration soudaine et le grand basculement» quand Antoine son mari la trouve le regard perdu, son enfant dans les bras sur le rebord la fenêtre, quatre étages au-dessus du vide.
Ouvrons ici une parenthèse pour dire que Marion Roucheux a créé Les louves, un ensemble de prestations pour accompagner la maternité et notamment des cercles de parole et d'écriture.
La cure va lui être bénéfique. Elle va lui permettre de se reconstruire tant physiquement que moralement. Elle va même jusqu'à rechausser des skis, ce qui ne lui était plus arrivé depuis l'enfance. Après une chute, elle va être secourue par un homme très prévenant. Plus qu'une rencontre, ce sera pour elle comme une déflagration. Dans ses bras, elle découvre qu'il existe d'autres possibles. «Un espace où je ne m'occuperais que de moi, où je n'aurais à prendre soin ni de ma famille ni de mes patients, où mon corps et ses impulsions régneraient en maîtres absolus.»
Alors, elle s'abandonne, se donne. Jouit. Elle se soumet à la puissance du désir et ne vit plus que pour et par cette envie jamais inassouvie. Quand elle rentre à Paris, elle a construit une double vie, noté un prénom factice sur son téléphone. Elle va chercher par tous les moyens à entretenir son histoire. Un mot de son amant, un souvenir pour accompagner la masturbation. Une heure dégagée dans son agenda puis un jour durant lequel elle ne sortira pas de leur chambre d'hôtel.
«Mon secret souterrain grandit, creuse ses galeries, fragilise ma carcasse, dévore tout et m'éloigne jour après jour de qui je suis, de celle que j'étais, il fait de moi une autre, tout a changé et je suis la seule à le savoir.»
Avec une économie de mots, Marion Roucheux dit alors la difficulté de mener de front cette double vie, l'impossibilité de faire durer la passion dans le temps, quand les contingences du quotidien rattrapent la belle aventure. Quand la peur commence à gagner du terrain, quand on va jusqu'à se méfier de son ombre. Quand le coup de foudre vire au coup de folie. Restent ces moments forts, cette approche que l'on dira durassienne de l'amant.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          431
Le diagnostic est tombé, impitoyable: “dépression post-partum sévère”, suivi de dix jours d'hospitalisation loin de ses deux enfants et de son mari. Mais le mal est profond et la détresse réelle alors, pour tenter de refaire surface, la narratrice part pour quelques temps en maison de repos au coeur de la montagne. Alors que la monotonie s'est installée, lui permettant de retrouver des repères rassurants, une rencontre va venir tout chambouler, permettant à la jeune femme de renaître à elle-même et lui offrant, peut-être, une porte de sortie, loin de ces rôles de mère et d'épouse devenus oppressants.

Comme d'autres visiblement, j'ai été happée par l'intensité de ce court roman. Lu d'une traite, un soir de forte chaleur, cette voix de femme, qui tente de se libérer du joug dans lequel elle s'est enfermée et cela sans se soucier du qu'en dira-t-on, a su me toucher plus que je n'oserais l'admettre…

A travers l'histoire de cette héroïne victime d'une grave fêlure et qui perd pied, on sent la nécessité absolue de se raccrocher à cette rencontre salvatrice. L'Homme, au contraire du mari, n'est jamais nommé. Toujours désigné par une majuscule et à la troisième personne, tel un dieu, il est celui qui redonne la foi en la vie, le plaisir de rêver et de se projeter à un moment où tout semble mort et la volonté détruite.

Marion Roucheux nous offre un texte extrêmement sensuel, qui décrit avec une justesse rare la souveraineté du désir féminin, la passion brute, mais aussi l'obsession amoureuse et la puissance du fantasme et de l'imagination dans la construction de l'amour. Ici, il est question de lâcher prise, de passion dévorante et qui consume tout sur son passage: les corps, la raison et le désir lui-même. Une passion qui avoisine la folie et révèle la nécessité, parfois, de se perdre pour mieux se retrouver.

Un texte puissant et audacieux, qui parle sans langue de bois de la maternité et de son aspect le moins reluisant puisque pas toujours épanouissante chez certaines femmes… Mais c'est surtout une magnifique ode à la femme et au désir féminin libéré et assumé!
Commenter  J’apprécie          330
Un premier roman prometteur, écrit dans un style vif, tendu, essentiel.
Le sujet, et sa narration sans fard, poétique et parfois mystérieuse, peuvent sans doute déranger certains esprits empreints de vieux réflexes machistes et patriarcaux.
Mais cette belle histoire, non dénuée de suspens, ne peut que séduire les femmes, toutes les femmes.
Je les encourage à la lire…. et les hommes aussi !
Une très, très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          301
Six mois après son accouchement, une femme se retrouve en dépression post-partum. Elle part en cure à la montagne, près d'un lac, afin de se reposer.
Pour fuir les autres résidents, elle décide de skier sur des pistes dangereuses, même si son niveau est plutôt faible. Mais elle apprécie le ski, l'air vif de la montagne l'enivre.
Puis, elle rencontre par hasard un homme. Elle tombe tout de suite sous son charme alors qu'il l'aide à se relever suite à une chute sévère.
C'est l'histoire de la naissance puis de la prise de pouvoir du désir sur le corps et l'esprit d'une femme anonyme. Rentrée à Paris, elle continue de lui envoyer tous les jours des messages. Ils échangent des textos de plus en plus enflammés. Elle passe ses nuits et son temps libre à se caresser en pensant à lui. Tout est tourné vers lui, son corps ne veut que lui et son envie prend des allures de monstre tentaculaire tapi au creux de son ventre.
Les chairs impatientes est plutôt dans l'air du temps. Il semblerait qu'il y ait une veine autour du thème du désir féminin, entravé par le rôle de mère et la maternité.
J'ai un peu pensé à "l'homme que je ne devais pas aimer" de Agathe Ruga que j'ai préféré et dans une moindre mesure au très beau "tenir jusqu'à l'aube" de Carole Fives.
Malheureusement, ce texte tourne en rond malgré sa brièveté. J'ai trouvé dommage que l'on ait que le point de vue de la narratrice. On ne comprend pas bien pourquoi elle est toujours seul et son mari, Antoine, seule personne nommée, est inconsistant.
Le style ciselé de Marion Roucheux est plutôt intéressant mais ne laisse que trop peu de place à la respiration. J'imagine que c'est souhaité, le temps du présent collant au mieux à l'urgence du désir. Quelques invraisemblances aussi, leur rencontre arrive vraiment comme par magie et elle skie toujours alors qu'elle est blessée (?).
Je note quelques jolis passages descriptifs autour de la nature et du lac et une scène marquante, trop peu développée, avec un animal.
Bref, je passe à côté... Une belle plume ne suffit pas. J'aurais aimé plus de recul, sortir un peu de sa tête (j'adore pourtant les romans psychologiques) et un scénario un peu plus lourd.
Je ne regrette pas ma lecture, j'ai lu ce court roman en une journée non sans déplaisir, mais il sera vite oublié.
Commenter  J’apprécie          182
Ma première mission, en écrivant cet avis, est d'éviter les phrases toutes faites, passe-partout, parce qu'un roman vaut toujours mieux que des formules toutes faites. Nous suivons le parcours d'une femme, tout le récit est fait de son point de vue, à travers ses souvenirs, à travers ce qu'elle vit, ce qu'elle souhaite, ce qu'elle espère. Ce qui m'a frappé en premier, c'est l'absence de prénoms. Seul son mari, Antoine, est prénommé dans ce récit, tous les autres personnages sont définis par les liens qui l'unissent à elle ou par leur profession, leur "raison sociale" (je pense à ses patients, notamment).
Et c'est ce qui m'a frappé, dans ce roman qui parle d'un sujet dont on commence seulement à parler : la dépression post-partum. Elle s'est remise de la naissance de son premier enfant, même si, dans ses souvenirs, le lecteur se rend compte que s'occuper de son premier enfant n'a pas été facile, que son mari ne m'a pas semblé à son écoute à l'époque, et qu'elle était affreusement seule. Elle parle de sa mère, de ses soeurs aînées, où sont-elles ? Pourquoi le personnage principal est-elle si seule face à la maternité ? C'est Antoine qui se rend compte qu'elle ne va vraiment plus bien du tout alors que leur fils a six mois. Heureusement, ou malheureusement, ils sont aisés, et la jeune femme peut aller en maison de repos, à la montagne, elle peut y faire du ski sans que cela pose de problèmes pécuniers - ni sans que personne ne s'inquiète qu'il puisse lui arriver quelque chose. Certes, elle a un traitement, certes, elle voit un médecin, quotidiennement, mais je trouve qu'elle reste souvent seule, livrée à elle-même, comme si on lui offrait une thérapie convenue, toute en main, comme si chaque dépression n'était pas unique. Oui, Antoine, son mari, est aux petits soins à son retour, mais il ne voit pas, il ne comprend pas, alors que la narratrice va comprendre peu à peu pourquoi elle va si mal.
Il lui faudra pour cela une rencontre - avec un homme. Un homme qui ne sait rien d'elle, qui ne sait rien de sa vie et qui va voir avant tout son corps - parce que nous sommes des corps, non des entités spirituelles. La narratrice a un corps qu'elle se réapproprie, un corps qui a porté deux enfants, un ventre qui n'est plus celui qu'elle avait avant - et elle le dit. Et on ne parle pas assez des bouleversements que la maternité entraine, et certains de ne surtout pas vouloir que l'on en parle.
J'ai lu ce roman quasiment d'une traite, parce que le rythme est prenant, l'on lit au rythme auquel l'héroïne se réapproprie son corps puis sa vie. le langage est précis, cru dans les scènes intimes - parce que nommer est important : mettre un voile pudique sur certaines choses, c'est aussi cacher ces fameuses certaines choses.
Les chairs impatientes est un roman qui peut bousculer le lecteur - et n'est-ce pas aussi ce que l'on demande à un roman ?
Commenter  J’apprécie          170
En préambule, il faut que je précise que je n'ai pas choisi de lire ce roman, il m'a été envoyé pour évaluation dans le cadre de ma participation à un jury de prix littéraire. Sur une table de librairie je ne l'aurais pas choisi, son thème ne me faisait pas envie. Néanmoins, je dois aussi préciser que mes participations à ce type de jury m'ont valu au fil des années de très jolies découvertes, justement de livres vers lesquels je ne serais pas allée de plein gré. Voilà, maintenant que le contexte est posé, je peux dire que je n'ai trouvé aucun intérêt à cette lecture. Sur le fond, le sujet a été tellement traité qu'il en est usé, archi usé. Dépression postpartum, prise de conscience de son corps en sommeil, isolement, rencontre avec un homme qui réveille ses sens et va finir par la réconcilier avec elle-même. Avouez, ce genre d'héroïnes de romans on a croisé à tous les coins de tables de librairies. Et certaines même inoubliables. Mais le sujet ne fait pas tout. Heureusement. Il reste le regard de l'écrivain, son style, son point de vue, son écriture, la construction, sa façon de camper ses personnages... bref, ce qui fait la littérature. Ces alchimies qui sont capables de vous sublimer n'importe quel sujet éculé. Dommage pour moi, je n'ai rien trouvé de remarquable dans ces pages. La crudité de certaines phrases... Hum, oui... et ? Voilà qui n'est pas très nouveau. Plus gênante est cette impression de tourner en rond, des situations qui se répètent (le bouquin est pourtant suffisamment court pour éviter les redites) et surtout une écriture si neutre qu'elle en semble parfois transparente. La quatrième de couverture parle de langue "poétique"... je cherche encore. Je n'ai rien trouvé ici de ce qui me satisfait en littérature mais peut-être que d'autres lecteurs y trouveront leur compte.
Commenter  J’apprécie          171
Suite à la naissance de son deuxième enfant, la narratrice va souffrir une sévère dépression. La décision est alors prise, elle tentera de s'en remettre dans un centre spécialisé. Là-bas, la jeune femme va faire la rencontre d'un homme qui va à nouveau éveiller la femme en elle.

Si j'ai su apprécier ce roman, il n'en reste pas moins que j'ai été déroutée à plusieurs reprises, notamment de par une écriture qui m'a parfois perdue et à laquelle j'ai eu parfois quelques difficultés à accrocher.

Mais avant de parler de la forme, je préfère vous parler du fond, et là, c'est pour ma part un roman intéressant, qui explore le désir féminin de manière directe et sans fioriture. J'ai rarement croisé cela dans mes lectures.

La narratrice va expérimenter une évolution, et ne plus se cantonner à son simple rôle d'épouse ou de maman, mais davantage à celui de femme. J'ai été touchée par les épreuves passées par la protagoniste suite à la naissance de son deuxième enfant.

L'auteure nous raconte le parcours de cette jeune femme qui s'éveille de nouveau à un désir impatient. Sans aucun détour, et avec un langage direct et qui peut parfois paraître cru, la narratrice nous fait part de ses ressentis.

La plume de l'auteure m'a souvent déroutée, et c'est pour ma part mon seul petit bémol. J'ai trouvé les phrases souvent très longues, avec trop de digressions dans le texte et parfois quelques redites. J'ai eu du mal à m'immerger pleinement dans ce court récit, perdant parfois le fil.

Un roman qui explore le désir féminin sans détour et avec beaucoup de sincérité. Malgré une plume à laquelle je n'ai pas toujours accroché, cela n'en reste pas moins une bonne lecture que je conseille pour cette thématique.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          160
Lu et dévoré en une seule nuit, ce court roman est une pépite qui narre avec talent la passion d'une femme ; peu d'auteurs savent si bien peindre le désir et le plaisir féminin, dans une écriture organique et habitée, Marion Roucheux nous emporte dans les spasmes d'une relation qui détruit et transcende. Un livre pour toutes les femmes qui s'abstient de tous les clichés sur la féminité
Commenter  J’apprécie          140
J'ai dévoré ce premier et court roman en 2 soirées, une belle écriture, mordante et poétique, qui m'a transporté et qui questionne sur la puissance de la sexualité féminine, le couple, la réalité et le fantasme.
Complètement d'actualité.
A conseiller et à offrir aux femmes autant qu'aux hommes.
Commenter  J’apprécie          120
A travers la vie d'une jeune mère qui fait une dépression à la naissance de son deuxième enfant, Marion Roucheux explore les nombreuses interrogations que se pose une femme sur sa place dans la famille et plus généralement, dans la société.
Après la maternité, le regard sur le corps de la femme est bouleversé et le chemin n'est pas simple vers la reconstruction d'une image de soi épanouissante.
Et c'est le désir sexuel qui va réconcilier cette mère avec elle-même, lui redonner l'envie d'être belle et lui apporter une nouvelle confiance en elle.
Un roman très charnel qui explore toutes les facettes du désir avec beaucoup de sensibilité et nous interpelle sur le parcours complexe d'une mère qui aspire à rester femme avant tout.
La fin est assez déroutante et peut-être pas si positive qu'elle en a l'air mais il est sûr qu'après s'être sentie sombrer, cette femme retrouve l'équilibre qu'elle avait perdu.
L'écriture de Marion Roucheux est extrêmement sensuelle et le désir comme le mal-être sont palpables à chaque page. Une lecture très particulière qui ne peut laisser indifférent et un questionnement essentiel sur l'image que les femmes ont d'elles-mêmes.
Quand les mots touchent directement les sens, l'expérience littéraire est tout à fait captivante et certainement constructive.
Commenter  J’apprécie          110



Lecteurs (139) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..