C’est en Flandre et en Hollande que le paysage prit réellement naissance et il y atteignit !a perfection, Ces pays ont eu leurs savants, leurs philosophes, des citoyens illustres, mais des habitudes mercantiles, sédentaires, d'économes, un peu vulgaires; un mauvais climat, des hivers longs et rigoureux portaient davantage les habitants à préférer le sourire d’un clair soleil à toutes les beautés de la forme humaine. Des appartements étroits, commodes, proprets, exigeaient d’ailleurs des tableaux de petite dimension, minutieusement achevés et qu’on put regarder de près.
En peinture, il se déclara le partisan convaincu de Delacroix, dont la touche vigoureuse et empâtée le transportait d'enthousiasme; instinctivement,il se sentait attiré par ce coloris puissant, qui fulgurait sur la toile comme des fusées de lumière. Et, par une conséquence naturelle, il n'avait pas assez de mépris pour la peinture fine et léchée Ingres lui-même ne trouvait pas grâce devant ses yeux. N'était-il pas le chef d'un classicisme abhorré et rétrograde?
Diaz s'était établi au Bas-Bréau, non loin de Théodore Rousseau, auquel l'unissait une étroite amitié. Il était le familier de ces réunions intimes et il y apportait une gaîté communicative qu'il puisait dans son inépuisable fonds de bonne humeur. Il n'était pas riche, lui non plus. Mais il ne connut jamais la détresse cruelle d'un Millet, parce que sa peinture, plus accessible à la compréhension de l'amateur, se vendait mieux.
Diaz débuta dans la peinture en peignant de rudimentaires dessins sur des assiettes, des plats, des compotiers, des pots de pharmacie. La qualité du dessin importait peu, il suffisait que la couleur fut vive, chatoyante, agressive même. C'est dans ce métier, où l'art jouait un rôle secondaire, que Diaz prit le goût de la couleur, de ces tours brillants et lumineux qui deviendront la marque distinctive de son talent.
La liberté dans l'art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d'un même pas tous les esprits conséquents et logiques; voilà la double bannière qui rallie, à bien peu d'intelligences près, toute la jeunesse si forte et si patiente d'aujourd'hui.La liberté littéraire est fille de la liberté politique. Ce principe est celui du siècle, et prévaudra.