Je remercie les éditions Michel Lafon, et tout particulièrement Camille, pour leur confiance. Voilà un moment que je tenais à lire ce livre qui, avec sa couverture envoûtante, attirait immédiatement le regard. Et j'ai fait une exception de taille : j'ai lu le résumé, et je l'ai trouvé parfaitement dosé, avec une présentation qui intrigue tout de suite. Pas de mystère, en adoratrice de fantasy, je suis tombée amoureuse des personnages, de l'intrigue et du monde de Mytica.
Dans Les Cendres d'Auranos, nous suivons plusieurs personnages qui évoluent dans des contextes différents. Il faut d'abord savoir que le pays de Mytica est divisé en trois. Au Sud, il y a Auranos, cité prospère où les gens vivent dans l'opulence et la dépense ; au Nord son antagoniste, Liméros, des terres froides et austères, gouvernées par un roi inflexible. Et enfin Paelsia, les contrées qui se trouvent au milieu, où le peuple se meurt et trime sans relâche.
Une magie très particulière imprègne les terres de Mytica. Mais cette magie se meurt et tout le monde la convoite. Elle a donné lieu à des religions que les trois royaumes n'interprètent pas de la même façon, ce qui engendre des conflits et un certain mépris.
Le livre passe entre plusieurs points de vue, ceux de personnages très différents les uns des autres. Notamment Cleo, la fille du roi d'Auranos, Magnus, le prince de Liméros, Lucia, sa soeur, et Jonas, un habitant de Paelsia. Tous portent leur croix, mènent leurs combats et apprennent de leurs erreurs respectives. L'intrigue avance en entremêlant leurs vécus personnels, dans un univers qui promet le sang et le chaos.
Hum, par où commencer ? Au début, j'avais cette peur d'avoir affaire à une intrigue trop complexe, avec des démêlées politiques trop lourdes. Mais la réalité est tout autre. Contre toute attente, Les Cendres d'Auranos s'inscrit dans la jeunesse, avec un style tout ce qu'il y a de plus accessible, mais une trame extrêmement bien bâtie. Les quatre histoires que nous suivons (celles de Cleo, Jonas, Magnus et Lucia) sont différentes les unes des autres, mais convergent toutes dans la même direction et vers le même dénouement. Si au début on les apprivoise en douceur, on finit par assister à bien des aventures qui, comme une série de dominos, nous amènent à une histoire globale saisissante et impossible à lâcher.
Les cent premières pages posent les bases et j'ai eu cette sensation d'avancer à tâtons, emmagasinant les informations afin de faire les connexions progressivement. Pour cela, l'auteur est très forte, car sans bien comprendre comment, on se prend vite au jeu des intrigues politiques et des quêtes magiques. C'est un mélange subtil qui n'en a pas fini de m'émerveiller. Et si l'histoire paraît complexe racontée comme ça, le lecteur ne le perçoit pas de cette façon, car l'auteur disperse les informations et les retournements de situation de façon à ne pas nous perdre. On évolue dans l'histoire comme un poisson dans l'eau, à tel point qu'il est difficile d'en sortir (si, si !).
Venons-en aux personnages… Si vous saviez comme je me suis régalée ! le fait de suivre des protagonistes qui sont dans des camps diamétralement opposés m'a empêché de vraiment prendre position. On s'aperçoit que rien n'est tout noir et tout blanc dans le conflit, et que chacun a ses démons à combattre. J'ai aimé toutes ces nuances, je me suis sentie impliquée et transportée dans leurs tourments.
Bon, je le dis haut et fort, mon grand chouchou, c'est Magnus. Comment ne pas fondre devant ce garçon aux allures de brute épaisse, mais aussi sensible qu'empathique ? J'ai adoré son attitude, ses peurs qu'il ne laisse jamais transparaître, et surtout son dilemme… Ce dilemme (dont je ne parlerai pas pour ne pas vous gâcher la surprise) est original et amené de façon très douce, pour ne pas heurter la sensibilité du lecteur. C'est à travers les yeux de Magnus que l'on apprend à apprécier Lucia, cette jeune fille que j'ai encore du mal à cerner, cela étant dit. Cleo est aussi intéressante dans son genre. Alors oui, elle est gâtée, habituée à tout avoir et tout de suite, mais comment lui en vouloir ? Princesse d'Auranos, elle n'a jamais manqué de rien et n'a pas conscience des choses qui paraissent évidentes au bas peuple. Mais là où ça devient sympathique, c'est que Cleo ne va pas non plus être épargnée par les conflits et toutes ces embuches vont l'aider à grandir et à s'affirmer. J'ai eu un peu plus de difficulté à apprécier Jonas. Si je comprends ses désirs de revanche, je suis restée assez extérieure à son vécu.
J'ai bien envie de vous conseiller de ne vous attacher à personne – car l'auteur n'y va pas de main morte –, mais c'est mission impossible, les personnages sont attendrissants d'une manière ou d'une autre, et ils sont tous parvenus à faire vibrer la corde sensible chez moi (faible que je suis).
Les personnages secondaires sont pour beaucoup assez détestables. Je ne citerai pas de nom, mais si nos héros croisent la route de personnes bienveillantes, d'autres mériteraient bien de s'étouffer avec leur langue. Je parle surtout du roi Gaïus, le père de Magnus et Lucia, que j'ai trouvé cruel au possible et que j'avais envie de voir disparaître sur le champ !
Vous l'aurez compris, cette saga mérite amplement que l'on se penche dessus. Grâce à une plume simple et une machination complexe, l'histoire transporte à mille lieues de notre monde à nous. le suspens était parfois tellement insoutenable que j'avais envie de sauter des pages pour savoir ce qu'il allait advenir des héros. Il y a aussi ce petit soupçon de magie qui promet de grandes et de belles choses dans les tomes suivants. de quoi ravir les grands amoureux de fantasy.
En résumé, Les Cendres d'Auranos est un roman que je recommande chaudement. J'ai été agréablement surprise par la complexité et la maturité de l'intrigue, sans parler des personnages qui font naître chez nous un tas de sentiments contradictoires. Au menu : manigances politiques, légendes folkloriques, romances et sacrifices… Laissez-vous tenter. Faites-moi confiance, c'est une valeur sûre !
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