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4,06

sur 230 notes
Le roman débute par le 1er jour de cavale de Jacques Bonhomme, un agriculteur de 36 ans et porte-parole de la Confédération paysanne.

Ce que l'on sait est qu'il est recherché par la police après un contrôle avec des agents de la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations). Pourquoi ? On le découvrira au fur et à mesure de l'histoire par la voix de ses proches qui apporteront leur témoignage à tour de rôle.

L'auteure a eu l'intelligence d'intégrer un contrôleur de la DDPP qui a eu affaire à Jacques Bonhomme dans la liste des personnages qui prennent la parole. C'est l'occasion d'avoir la vision des choses du « méchant de l'histoire » et de réaliser que dans le fond, ces agents sont aussi plus ou moins victimes de l'absurdité de ce que demande l'Etat qui, lui, est le vrai bourreau.

En plus de jeter un pavé dans la mare en mettant en lumière la pression mise sur les agriculteurs notamment via l'acharnement administratif et d'évoquer les incohérences du gouvernement, Corinne Royer dénonce subtilement les violences policières.

Ce livre est un cri du coeur, un signal d'alerte sur les conditions de travail inacceptables des agriculteurs sans qui, pourtant, nous ne mangerions pas.

Un roman aussi émouvant que dérangeant, terrible et nécessaire à la fois.

C'est également et avant tout un hommage à Jérôme Laronze, un agriculteur de 37 ans, tué de 3 balles par un gendarme le 20 mai 2017 après 9 jours de cavale. L'homme dont s'est fortement inspirée l'auteure pour la rédaction de ce livre.
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Je viens de balayer les critiques 5 étoiles : je suis entièrement d'accord avec mes amis babeliotes.
La mienne sera bien différente....mais le fond est en accord avec l'ensemble des critiques. Je connais bien le monde agricole puisque je suis fonctionnaire, pas de la DDPP...non, gestion de subventions...octroyées par le biais de réglementations très complexes. En lien direct avec les agriculteurs, je connais bien leurs difficultés : les nombreuses administrations auxquelles ils ont affaire, les réglementations, les quotas, les contrôles.... en fait, les agriculteurs ont deux métiers : le leur 7 jours sur 7...mais ils sont aussi « fonctionnaires ». Je leur tire mon chapeau... je laisse le mot de la fin à Lilian Renaud, issu du monde agricole :
https://www.lci.fr/sorties/lilian-renaud-de-the-voice-interpelle-emmanuel-macron-sur-le-suicide-des-agriculteurs-dans-sa-nouvelle-chanson-2135212.html
Merci Lilian. Merci Corinne Royer de faire passer ces messages. Merci pour eux.
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Cette histoire d'une violence inouïe, d'une malheureuse et terrible réalité, est contée par une plume d'une douceur et d'une poésie infinies ! Corinne Royer écrit comme on sussure, elle connaît le chant des oiseaux et le cri des arbres, elle murmure comme une source ce qui va devenir un torrent, elle sait le hurlement des loups et des mères qui pleurent leur enfant ! J'ai adoré ce livre qui n'a rien d'un roman mais tiré d'une histoire vécue, malheureusement, qui n'a rien non plus d'un requiem revanchard contre l'administration ou les responsables du carnage, juste un simple témoignage, poignant, incisif, définitif …
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En quelques mots…
J'ai passé ma journée à dévorer ce roman basé sur une histoire vraie.
L'histoire d'un paysan forcé de fuir sa ferme après une menace d'enfermement. Caché, en cavale, restant malgré tout proche de ses terres, son histoire se révèle à travers différentes voix.
Une plongée saisissante dans le monde rural qui doit faire face en plus du dur labeur à des obligations administratives inhumaines, poussant les paysans au bord du gouffre.
Ce roman est une claque monumentale, autant par l'écriture extraordinaire de Corinne Royer, qui nous bouleverse et nous met face à une réalité dramatique qui se joue dans nos campagnes.

Un roman terriblement puissant qui ne peut laisser personne indifférent.
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Il y a des livres qui chamboulent au point de ne plus être exactement la même personne après l'avoir lu, et "Pleine terre" fait clairement partie de ceux-là. Corinne Royer nous fait entrer dans le monde rural par le biais de Jacques Bonhomme, agriculteur passionné et courageux, acculé par l'administration, qui va lutter autant que possible pour protéger son exploitation, son bétail et ses droits. Ce roman est un véritable coup de poing et nous pousse à regarder en face la situation dramatique que vivent les agriculteurs aujourd'hui alors qu'ils sont pourtant essentiels pour garantir notamment la sécurité alimentaire, la préservation de notre indépendance alimentaire et pour favoriser la transition écologique, climatique, énergétique, économique et sociale, bref pour notre avenir.
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La terre, la vie et la mort - Un roman âpre et magnifique sur le sort tragique d'un agriculteur, harcelé par une administration déshumanisée qui applique des réglementations parfois d'une façon absurde et totalement aveugle. Vous avez compris que j'ai adoré ce livre plein d'humanité, doté d'une langue riche et sensuelle qui nous re-connecte avec l'âme paysanne.
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En partant d'un fait divers réel, Corinne Royer brosse le portrait d'un monde agricole sacrifié au nom de la rentabilité, la productivité.

Et tout ce qui est décrit rend fou. Bien que l'on sache que le monde paysan a évolué, que la production à l'ancienne n'est malheureusement plus viable, que les normes Européennes sont venues s'ajouter aux règles strictes et draconiennes déjà érigées, sans compter le bio, l'écologie...bien que l'on sache cela, ça n'empêche, je ressors écoeurée par les procédures dénoncées dans le livre !
Ce livre m'a fait vraiment prendre conscience des difficultés vécues par les éleveurs, de la bêtise bureaucratique.
Un vaste sujet sur lequel on pourrait débattre pendant des heures...
Rien que pour cette raison, il faut la peine d'être lu.

Le livre présente une construction à plusieurs voix que j'ai appréciée.
L'auteur alterne les chapitres décrivant la cavale de l'agriculteur, et ceux racontés par son entourage : un vieux paysan, une soeur, la mère d'un ami d'enfance.

L'écriture, très poétique et très descriptive, est vraiment belle.

Un roman qui a tout pour me plaire mais qui m'a laissée pourtant un peu sur ma faim.
J'aurais aimé entrer plus intimement dans le quotidien des exploitations, dans la vie courante des personnages.
J'ai un sentiment d'avoir survolé le roman.

J'attendais, je pense, un procédé plus proche des romans de la terre façon Franck Bouysse avec "Glaise" ou "Plateau".

Mais cela reste malgré tout une lecture intéressante.
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Je n'avais pas forcément envie de lire ce livre ,mais l'ayant eu dans les mains je l'ai ouvert , je ne l'ai pas refermé . C'est un fait divers , on connaît la fin tragique ,mais le livre est conçu de telle façon ,que très vite on se prend à vouloir comprendre . Comprendre comment Jacques Bonhomme en est arrivé là . 9 jours de cavale pour ce paysan , 9 jours qui nous sont racontés dans un style efficace , on sent , on touche ,on voit ,on a chaud et peur . L'auteur va rajouter à ce récit le point de vue des "autres" ceux qui l'ont connu , approché de près et de loin . Ce livre nous fait réfléchir à cette condition paysanne , à l'idée de ce que nous voulons pour eux donc pour nous , mais rien n'est simple . Ceux de la terre ne sont pas préparés à suivre toutes les nouvelles lois , et ceux qui font les lois ne connaissent pas grand chose de la terre .....
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Entendez-vous l'hallali du monde paysan !
Le chant du coq pour réveil, la porte de la ferme reste ouverte, à l'intérieur les étagères croulent sous les livres, les volets bleus pour seule lueur.
Les champs où les vaches attendent les pis gonflés.
Il court droit devant lui, sa carcasse de colosse se déploie, ses muscles déforment le blouson, il avale l'air à grande goulée.
Droit devant lui, s'enfoncer dans la forêt amie, et protectrice, celle dont les murmures apaisent ses maux.
Laisser derrière soi la folie des hommes, ceux qui n'ont jamais planté une salade ni trait une vache et qui décide de tout, de votre travail et de votre santé mentale.
Ceux qui sont habilités à tuer, en toute impunité, toute une population, celle qui a fondé la France, les paysans.
Cet état dont on hérite.
« Il était l'unique représentant de la gent masculine sur une lignée de trois enfants. Au sein d'une famille où la vocation d'agriculteur se transmettait comme une providence… »
Jacques Bonhomme, ce colosse, qui comme le beau brocard qui le regarde courir sur son territoire, a l'allure fière et décidée, le coeur cogne contre les parois de son large thorax, sa peau exsude une odeur âcre, presque animale, puisqu'il en est réduit à cela, vivre comme un animal aux abois. le brocard n'a pas peur de lui il le reconnait comme un frère en danger.
J'ai lu ce livre en apnée, la respiration bloquée et les yeux noyés. C'est un monde que je connais, et l'humanité mise dans ce texte est juste exceptionnelle. Elle nous fait vivre ce drame de l'intérieur.
Un drame qui nous concerne tous.
En narrant la cavale de Jacques et en alternant le récit des voisins de ce petit village, le lecteur a une vue au plus près de ce qui se passe dans ce monde rural.
Un monde qui ne demande rien d'autre que faire son métier et bien le faire.
Un monde écrasé, comme une fourmilière par un coup de bottes. Sans en connaitre la richesse.
Les voisins et les soeurs racontent la droiture de Jacques, l'entraide, la fierté de ce paysan, sa culture aussi pas seulement celle de la terre. Celle puisée dans les livres.
Ils racontent les tracasseries, le harcèlement, toujours, encore et encore, sans une once d'humanité ni envers l'homme et encore moins avec le cheptel. C'est juste une infamie.
Ils racontent le monde rural et cet attachement viscéral à la terre.
Corinne Royer de sa belle écriture nous raconte un drame (inspiré de la réalité) avec des mots forts mais elle nous crie la vie de la nature et de ceux qui contribuent à la préserver, à garder l'essence de ce qu'est la France.
Les paysans meurent ce ne sont pas seulement des hommes qui meurent, c'est la mort de tous, qui est bien entamée, avec la perte de goût, de valeurs, de sens.
Parlons-en du sens de la vie, alors que le monde marche sur la tête avec nos silences qui servent d'acquiescement.
C'est notre tombe que nous creusons.
Un livre qui a une force inouïe, les mots coulent dans nos veines, nous broient le coeur et nous essorent l'âme.
La beauté de l'écriture est aussi limpide que l'eau de la rivière nimbée par le soleil.
Je referme ce livre avec dans les oreilles le meuglement long et désespéré de ces limousines dans leur pré.
« Cinq bêtes se débattaient au fond de la rivière. Les autres, encore debout, les piétinaient pour tenter de s'extraire des eaux. Les vociférations des trois agents ne faisaient qu'entraîner davantage de panique. Jacques a parlé aux bêtes, calmement, Tay-Tay-Tay, du calme… »
De longs frissons pour signifier cette onde de chocs.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Cet été, Florence Aubenas avait fait paraitre dans le journal le Monde une série sur Jérôme Laronze, cet agriculteur qui fut tuer en 2017 par les gendarmes.

Le roman de Corinne Royer part du même drame pour en faire un roman à l'écriture travaillée et poétique.

De longues phrases puisant dans la nature et le monde minéral pour décrire ce que vit son personnage Jacques Bonhomme pendant sa cavale.

A chaque jour une partie, entrecoupée de la parole des amis ou de l'une de ses soeur.

Des leitmotiv : le renard sauvé le second matin ; la petite Constance à qui Jacques parle dans sa tête et qui l'appelle en retour le Colosse ; les ombres bleu marine pour désigner les gendarmes ; la petite Sioux la vache préférée de Jacques ; son copain Paulo qui s'est suicidé en se jetant dans une belle à lisier.

Parle aussi parfois Antoine, qui a tenté de se pendre, et qui est devenu handicapé. Un dindon de compagnie, Joe, le suit tout le temps.

Mais ce roman parle également de l'agriculture vouée à la productivité, de celle qui ne prend pas en compte les bêtes ni les hommes, mais les dates des déclarations de naissance.

Ce roman, c'est l'histoire d'un homme qui reprend la ferme familial, mais avec de Grandes Idées qui viendront mourir sur l'autel du productivisme.

L'image que je retiendrai :

Celle de la tasse de café souvent proposée par les paysans aux contrôleurs et qu'ils n'acceptent jamais : il n'y a aucune place à la discussion humaine.
Lien : https://alexmotamots.fr/plei..
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