Ma première déception à la lecture d'un roman de
Carlos Ruiz Zafon.
Habituellement, CRZ parvient à me transporter dans ses histoires fantastiques peuplés de mystères envoûtants et de personnages attachants. Malheureusement,
le Palais de Minuit n'a pas réussi à atteindre le niveau de ses précédentes oeuvres.
L'histoire semble pourtant prometteuse : un mystérieux palais, des orphelins dans les rues de Calcutta, une vieille malédiction. Cependant, au fur et à mesure que l'on progresse dans le récit, on réalise que le potentiel de l'intrigue n'est jamais pleinement exploité. J'étais impatiente de découvrir les rues de Calcutta et l'atmosphère vive et colorée des villes indiennes. Je n'ai eu à aucun moment de l'histoire été transportée dans ce pays énigmatique. Les riches descriptions évocatrices dont j'avais l'habitude avec CRZ ne font ici que survoler quelques morceaux de Calcutta, alors que j'avais été transportée dans la vielle Barcelone avec le Cycle du Cimetière des Livres Oubliés. le style de CRZ reste malgré tout poétique, bien que je m'étais habituée à beaucoup plus d'investissement émotionnel à la lecture de ses romans.
J'ai trouvé que les personnages manquaient cruellement d'authenticité. On se retrouve projeté à l'orphelinat, avec la Chowbar Society, comme si nous étions censés avoir déjà suivi les aventures des orphelins alors qu'on les découvre à peine. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'intrigue et à m'attacher à eux ou à ressentir de l'empathie dans leur parcours. le jeune Ben, héro de l'histoire, manque de profondeur et de complexité. Les autres personnages, bien que potentiellement intéressants, restent en surface et ne suscitent que peu d'intérêt.
Les éléments surnaturels, qui sont la marque de fabrique de CRZ, manquent ici de crédibilité. Les motivations du "grand méchant" de l'histoire sont totalement caduques. le modèle du récit est trop calqué sur celui du Prince de la Brume pour que j'ai eue l'impression de lire un roman différent. Certes il s'agit du tome 2 du même cycle, mais toute l'intrigue se structure de la même façon : les jeunes protagonistes entendent parler d'une vieille malédiction, ils mènent leur enquêtent, une vielle personne leur révèle la genèse de la malédiction et ils affrontent le démon. Exactement comme dans
le Prince de la Brume.
Je suis consciente qu'il s'agit de littérature à l'attention d'un public plutôt adolescent, mais je m'étais tellement habituée au grand talent de CRZ, à sa créativité et sa maîtrise de la narration, que mes attentes étaient élevées quant à ce roman. Malgré tout, il est important de souligner que, même si ce récit est en-deça de ses meilleures productions, il reste un écrivain talentueux, capable de créer des histoires fascinantes.
le Palais de Minuit peut encore offrir un divertissement largement suffisant pour un jeune lectorat, mais ne restera pas, à mes yeux, comme l'une de ses oeuvres mémorables.