Ted Bundy, Gary Ridgway, Samuel Little, trois tueurs en série aux exploits allant crescendo :
- Ted Bundy : une trentaine d'homicides avoués sur de jeunes femmes, avec actes de nécrophilie ; le seul condamné à mort puisqu'il fut jugé en Floride où cette peine était en vigueur.
- Gary Ridgway : reconnu coupable de 48 homicides, avec actes de nécrophilie, majoritairement d'adolescentes ; mais il en avoua 72.
- Samuel Little : avoua 92 homicides, majoritairement de prostituées, mais en commit probablement beaucoup plus.
Ann-Rule s'intéressa aux deux premiers. Elle consacra un roman à Ted Bundy qu'elle connut personnellement avant qu'il soit recherché pour ses meurtres, "
un tueur si proche", et un autre à Gary Ridgway, qu'elle croisa sans l'identifier, intitulé "
La rivière rouge sang" qui est la Green River de l'Etat de Washington.
Tous deux sont fondés sur des faits réels.
Alors que les tueurs en série ont fréquemment un QI supérieur à la moyenne (très supérieur dans le cas de Ted Bundy et de plusieurs autres), Gary Ridgway était affecté d'une intelligence très bornée, au point de paraître stupide à son entourage. Cela ne l'a pas empêché de tenir en échec les forces de police pendant vingt ans (de 1982 à 2OO1). Ses atouts étaient multiples : sa douceur et grande gentillesse envers ses proches qui le rendaient insoupçonnable, son sens aigu de l'organisation, son habilité manuelle (il était peintre carrossier et ne tachait jamais ses vêtements), sa discrétion et son sang froid lié à un manque total d'affects ( il était capable de passer au détecteur de mensonges sans se trahir.)
Il avoua avoir hésité à tuer sa troisième épouse, alors qu'il s'entendait très bien avec elle (il renonça car ce meurtre l'aurait désigné), et envisageait comme possible d'éliminer son fils si ce dernier le surprenait dans ses activités criminelles (ce qui aurait pu avoir lieu lors de passages à l'acte à proximité de son camion pendant que son fils de 7 ans dormait dans la cabine.)
Ce tueur narcissique se retrouva bien seul après sa condamnation en 2003, toute sa famille lui ayant tourné le dos. Son fils, notamment, exprima sa rancoeur envers un père qui n'aurait pas hésité à le sacrifier et à détruire l'ultime lien qui le rattachait encore à l'humanité (toute l'oeuvre d'
Ann Rule pose sérieusement la question de savoir ce qu'est l'humanité).
Ce roman propose un scénario efficace entre découvertes des cadavres le long de la Green River et des tranches de vie du tueur, depuis son enfance à son arrestation.
C'est un honnête polar, qui engrisaille un peu l'horizon mental.
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