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sur 515 notes
Retour de lecture sur “Les enfants de minuit” un roman de Salman Rushdie, publié au Royaume-Unis en 1981. Cet auteur est surtout connu pour la fatwa dont il a fait l'objet en 1989, mais c'est d'abord un très grand écrivain. Ce livre a obtenu plusieurs prix littéraires et il est  souvent considéré comme faisant partie des meilleurs romans écrits en langue anglaise. On y retrouve, décliné en 3 parties, les ingrédients qui caractérisent son style narratif notamment le fait de mélanger mythe et fantaisie avec la vie réelle. La première partie raconte les origines de la famille de Saleem, le personnage principal, ainsi que sa naissance à Bombay. Il est né, avec 1000 autres enfants, au moment précis de l'indépendance de l'Inde. Il est le seul avec un autre enfant, avec lequel il a été échangé par sa nurse et qui deviendra son ennemi juré, à être né à minuit pile ce qui leur confère des pouvoirs magiques. Saleen a ainsi le pouvoir de lire dans les pensées des gens grâce à son nez. La deuxième partie raconte l'exode de sa famille au Pakistan. On apprend que les 1001 enfants possèdent tous des pouvoirs magiques mais que leur puissance dépend de la proximité de leur naissance avec minuit. Saleen finit par perdre son pouvoir suite à une opération et sa famille est tuée dans un bombardement. On le retrouve adulte dans la troisième partie ou il participe à la guerre du Pakistan contre le Bangladesh qui en était une province. Après un séjour dans la jungle, il retourne en Inde où il subit la politique très dure de l'état indien, avec un nettoyage du ghetto où il habite et sa stérilisation comme tous les autres enfants de minuit qui représentent un danger potentiel pour le pouvoir en place. Rushdie nous raconte là une saga familiale baroque, une véritable épopée qui mêle l'historique et le fantastique, racontée par un homme dont le destin est intimement lié à celui de l'Inde. C'est un roman assez particulier, avec une histoire incroyablement dense,  foisonnante, avec énormément de personnages. Une lecture très riche, avec une trame et une écriture de très grande qualité qui demande beaucoup de concentration. On passe continuellement de quelque chose de totalement fantastique digne des Contes des milles et une nuits, à une farce ou à une dénonciation violente du milieu politique indien. le tout est réalisé avec brio, c'est très bien construit, on voit clairement qu'on a affaire à un très grand roman. le point négatif réside dans le fait qu'il est très difficile de suivre le récit si on ne connaît pas l'histoire de l'indépendance de l'Inde, ni la culture indienne. Il y a continuellement des références historiques et culturelles, et celles-ci ne sont pratiquement jamais expliquées. Cela se comprend quand on voit la densité du scénario et la complexité de l'histoire de ce pays, le roman est déjà très long comme ça, mais j'ai trouvé que cela enlevait beaucoup au plaisir et à l'intérêt de cette lecture. Cela revient un peu à lire un livre dans une langue étrangère dont on ne maîtrise quasiment aucune subtilité. Ensuite, il faut également adhérer à une écriture d'une telle densité, il y a énormément de personnages, souvent appelés par des noms différents ou des surnoms. Il m'est arrivé d'être totalement perdu ne sachant pas si l'auteur évoque des personnages du roman dont je ne me rappelle plus ou s'il s'agit de personnalités de l'histoire indienne que je ne connait pas. Il y a continuellement des digressions et des explications sur des points de détails dont on ne saisit pas l'intérêt, probablement pour des raisons culturelles. Tout cela dans un monde qui alterne continuellement le fantastique et le réel, avec souvent plusieurs histoires en même temps imbriquées les unes dans les autres. Il faut vraiment aimer ce concept de "réalisme magique", ce mélange des genres est loin d'être ce que j'aime le plus. C'est donc un livre qui est littérairement intéressant, intelligent, terriblement bien construit mais qui m'a fatigué. Me sentant trop souvent exclu à cause de sa complexité, de ses références à la culture indienne et du manque d'intérêt pour ce genre narratif, la lecture a été longue et fastidieuse, elle ne m'a pas vraiment emporté, ou alors beaucoup trop rarement. C'est certainement un très bon livre, mais je n'ai pas su ou pu l'apprécier à sa juste valeur. La magie attendue n'a pas fonctionné.

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" Qui suis-je ? Ma réponse : je suis la somme totale de tout ce qui m'a précédé, de tout de ce que j'ai été vu fait, de tout ce qu'on m'a fait. Je suis tout le monde, toutes les choses dont la venue au monde fut affectée par la mienne. Je suis tout ce qui arrivera quand je ne serai plus et qui ne serait pas arrivé si je n'étais pas venu. Et je ne suis pas particulièrement exceptionnel dans ce domaine; chaque "moi", chacun des plus de six cents millions que nous sommes maintenant contient une multitude semblable. Je le répète pour la dernière fois : pour me comprendre, vous devez avaler tout un monde."

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Salman Rushdie est célèbre à cause de la fatwa qui a été prononcée contre lui par l'ayatollah Khomeini en 1989 suite à publication des Versets Sataniques. Au fil du temps, cette condamnation à mort qui le menaçait de par le monde avait été un peu oubliée, mais en août 2022, il fut victime d'une attaque au couteau qui le laissa grièvement blessé. Si cette fatwa l'a propulsé dans l'actualité, c'est cependant « Les Enfants de minuit » qui a établi sa réputation littéraire.
Le héros du roman, Saleem Sinai naît à minuit précise, le 15 août 1947, au moment où l'Inde accède à l'Indépendance. Ce hasard du destin lui donne des pouvoirs magiques, puisqu'il peut lire dans les pensées de tout le monde. Dans un pays aussi vaste, il n'est bien sûr pas le seul à être né alors que minuit annonçait la libération du joug colonial. Au même moment, d'autres enfants sont aussi nés avec certaines capacités hors du commun. Saleem, utilisant ses dons de télépathie parvient à les rassembler en pensée. Parmi ces enfants, on retrouve Shiva, qui deviendra l'ennemi juré de Saleem, et qui pourtant se révèlera on ne peut plus proche de lui, et une fille, Parvati, qu'il finira par épouser.
Le récit de Rushdie offre aussi une vaste fresque, brossée d'un point de vue critique et ironique, de l'histoire de l'Inde moderne. Des origines familiales au Cachemire, le lecteur suit Saleem et ses parents à Agra, à Delhi et à Bombay. Avec la partition du pays, la famille se retrouve au Pakistan, tandis que, plus tard, Saleem, devenu jeune adulte, doit combattre dans la jungle de Sundarban pendant la guerre qui débouchera sur la séparation du Bangladesh d'avec le reste du Pakistan au début des années 1970. A la fin du roman, il débarque à Delhi pendant la période de l'état d'urgence (1975-1977) décidé par Indira Gandhi. Il est témoin de la destruction des bidonvilles entourant la mosquée Jama Masjid ordonnée par Sajay Gandhi, le fils d'Indira.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Traduction française déplorable. Des centaines d'erreurs grossières. « Where the frogs spawned » (Là où les grenouilles se reproduisaient) traduit par « Là où s'élève la brume » Et il y en a bien d'autres. Un grand éditeur a confié une traduction à un homme qui confond frogs avec fog.
« And ill-health strikes high and low alike ». Alors là il a fait plus fort : il n'a pas traduit. Il n'a pas réussi à comprendre alors il a débarrassé la version française de cette phrase. (Et la mauvaise santé frappe aussi bien les nantis que les pauvres).
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Je ne connaissais absolument pas le style de Salman Rushdie avant d'attaquer ce roman, que j'ai choisi un peu par hasard mais également sur ses excellentes notes. Quelle surprise et quelle claque ! Je ne m'attendais pas du tout à cela. Un roman-récit délirant, foisonnant, luxuriant, décalé, iconoclaste... la liste de qualificatifs pourrait s'allonger encore, mais un récit pourtant parfaitement maîtrisé dans sa construction, dans ses obsessions, dans sa logique bancale sans faille et sa langue incroyable. J'ai pensé à beaucoup de livres dont la lecture m'avait également frappé, sans qu'ils aient pour autant de point commun avec celui-ci, hormis peut-être ce côté inclassable, cette grande tendresse pour le genre humain, inévitablement mélée d'une salutaire et jubilatoire méchanceté. Une de ces expériences de lecture qui nous font nous demander si toutes nos autres lectures, depuis la méthode Boscher, n'avaient finalement pour but que de nous amener, et peut-être nous préparer à celle-ci, pour autant qu'il soit possible de s'y préparer. Certainement un de mes coups de coeur de l'année.
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J'avais hâte de commencer cette lecture pendant les vacances (le roman en poche compte 816 pages).

J'en ai lu à peu près le quart très sérieusement, prenant des notes sur la famille du narrateur dont le prénom n'apparait que très tard.

Les métaphores ont fini par me paraître bien lourdes, la répétition de phrases commençant par Mais m'a exaspéré.

Le pompon a été que des événements décrits comme cruciaux avec des dizaines de pages d'explication précédent le moment, ces événements sont expédiés en une phrase bien vague.

J'ai laissé reposer le roman une journée. Je l'ai repris mais terminé en avance rapide.

J'aurais aimé aimer ce livre, le meilleur de l'auteur parait-il, mais trop de circonvolutions ont gâché ma lecture.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
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Waouh! Peut-on seulement décrire un roman si ambitieux et complet? Je vais m'y tenter en toute modestie. Alors là, l'écriture, c'est juste remarquable, un flot incessant de paroles dans un style tantôt épuré, tantôt alambiqué, parfois réaliste, parfois assez tordu et tiré par les cheveux, c'est juste extrêmement drôle mais surtout TOUJOURS brillant!

Rushdie nous emporte dans une épopée familiale monumentale, et la voix du héros Saleem m'a littéralement capturé (je devrais dire "mis en bocal dans la saumure") sur pas moins de 600 pages sans jamais m'ennuyer une seconde. Ce livre est un assemblage quasi-magique d'arômes issus de l'imagination créative sans bornes de Rushdie, et ce dans un souci constant de pertinence historique pour représenter les balbutiements d'une jeune nation. On y suit les bouleversements du sous-continent après la partition de l'Inde britannique en 1947 ou encore la tourmente politique des années Indira Gandhi.

Les personnages sont fascinants, ou carrément mythiques . C'est un récit passionné et passionnant par un auteur au sommet de son art. Je recommande fortement.



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Ayant terminé plutôt à reculons Les versets sataniques, je me suis lancée dans la lecture des Enfants de minuit, forcément, tout autant à reculons. Et pourtant...

Pourtant, alors que nous sommes, dès les premières pages, transportés dans une Inde baignée de réalisme magique - et Dieu sait que je suis pas du tout férue de réalisme magique -, j'ai cette fois été particulièrement conquise, malgré quelques longueurs, par l'histoire de Saleem Sinai qui raconte, des péripéties de ses grands-parents à l'écriture de son autobiographie, en passant par sa naissance, ses diverses aventures et mésaventures extraordinaires qui auront lieu entretemps, l'Histoire de l'Inde, de son indépendance le 15 août 1947, justement jour de sa naissance, à minuit tout pile, signant la partition du pays en deux états, l'Inde et le Pakistan, jusqu'aux guerres pakistano-indiennes menant à la création d'un nouvel état, le Bangladesh, en 1971, et tous les travers, politiques, économiques, sociaux... qui en ont incombé, avec Indira Gandhi au centre de toute cette Histoire.

Et tout cela, Saleem, enfant de minuit au destin et pouvoir exceptionnels, forcément liés à l'Histoire de l'Inde, comme un peu plus de cinq-cent autres nés et ayant survécu ce jour-là - enfin c'est ce qu'il croit -, le raconte non sans humour, non sans auto-dérision également, non sans effets de rupture dans la narration qui mettent à mal l'attente du lecteur, et de Padma, son auditrice, dans une langue tantôt recherchée, tantôt orale, tantôt sérieuse et grave, tantôt gouailleuse, faisant de notre personnage une sorte de picaro des temps modernes, presque attachant par tous les coups du sort qui traversent non seulement son histoire, mais aussi celle de sa famille.

Roman d'apprentissage, roman historique, roman d'aventures, roman d'amour, roman politique, roman philosophique, Les enfants de minuit est, indéniablement, un grand roman de la modernité, riche, multiple, complexe, passionnant qui mérite, tout aussi indéniablement, son Booker Prize.

Une lecture qui prouve, encore une fois - et cela m'arrive souvent en ce moment -, qu'un auteur que l'on n'a pas forcément apprécié une première fois peut, finalement, nous réserver une belle surprise. Je relirai donc d'autres oeuvres de Salman Rushdie, plus que convaincue par cette deuxième entrée dans son univers si particulier, sans, cette fois, y aller à reculons.
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Autant j'avais appréhendé Les versets sataniques et en été sortie enchantée, autant j'attendais cette lecture et … comment dire. Je ne peux pas dire que j'ai été déçue car ce livre est un monument, il est totalement hors normes sur pas mal de plans, mais je n'y ai pas, ou seulement pendant de brefs instants, retrouvé ce qui m'avait fait accrocher aux personnages de Gibreel et de Saladin. Pourtant j'y retrouve l'extraordinaire talent de conteur de Rushdie. Indéniablement j'apprécie beaucoup plus Les versets satanique, mais cela n'enlève rien aux qualités des Enfants de minuit. C'est une incroyable fresque, qui par bien des aspects fait penser au Tambour et à Cent ans de solitude (les oeuvres majeures de deux prix Nobel, rien que ça), parcourant l'histoire de l'Inde., et surtout la période après la décolonisation. La lecture n'est pas aisée, probablement (juste) un peu plus compliquée pour un lecteur occidental, mais ce n'est pas un gros problème, hormis les multiples changements de nom des personnages. C'est à la fois l'histoire de la famille Sinaï, celle de Saleem Sinaï né à minuit le jour de la déclaration d'indépendance de l'Inde (lui et tous les enfants d'Inde nés à ce moment-là ont des pouvoirs spéciaux) et l'histoire de l'Inde. J'ai adoré l'idée de ce roman qui tient en même temps de la saga familiale, du conte des Mille et une nuits, de la satire politique, de la farce ou du vaudeville. J'ai adoré aussi la posture de narrateur, très originale, puisqu'il écrit son récit à la troisième personne tout en reprenant la première personne avec sa femme Padma à qui il raconte ce qu'il écrit. Il joue de cette position avec jubilation, savourant sa toute puissance et lançant des clins d'oeil au lecteur. C'est un livre dense, complexe et foisonnant qui nous fait parcourir le sous-continent indien et où les personnages endossent les différentes cultures de l'Inde. La narration est brillante, mêlant sans cesse les trois plans, familial, personnel et politique, rendus indémêlables, mis en « trente bocaux rangés sur une étagère […] (Et, à côté, un bocal vide.) » La métaphore des bocaux de conserve pour les trente (et un) chapitres du roman est superbe. Un très grand roman.
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Le personnage m'a longtemps fait peur : rien que ses sourcils en accent circonflexes, ses yeux perçants, et cette fatwa qui lui est tombé dessus pour un livre qui s'appelle Versets sataniques, tout ça était bien inquiétant pour moi à l'époque !
Et puis finalement… quelles promesses dans un roman dont le titre est si scintillant, magique ! Finalement, plonger dans les Enfants de Minuit c'est plonger dans une Inde mythique, colorée, bigarrée, l'Inde des bas-fonds et de Bollywood, celle des charmeurs de serpents et des sacs d'épices.
Le bazar, quoi, celui des marchés orientaux, où l'on se perd, foisonnant, bondé. Bondé comme ce roman aux multitudes de personnages qui, ensemble, avancent dans l'Histoire d'un pays tout neuf, né le même jour que notre narrateur, le 15 août 1947 à minuit exactement. « Dans toute la nouvelle Inde, notre rêve commun, des enfants naissaient qui n'étaient que partiellement les descendants de leurs parents – les enfants de minuit étaient aussi les enfants du temps : engendrés, comprenez-vous, par l'histoire. Cela peut arriver. En particulier dans un pays qui est lui-même une sorte de rêve ».
Notre narrateur nous conte l'histoire de cette naissance hors du commun et son destin intimement lié à celui de son pays, entre grandeur et décadence jusque dans ses aspects les moins reluisants, agaçant au plus haut point sa première auditrice, Padma, penchée au-dessus de son épaule, par ses multiples digressions que j'ai personnellement savourées. Bref, Salman Rushdie s'amuse, c'est évident ; Je le vois dans ses yeux scintillants, à l'ombre de ses sourcils diaboliques.
Ce qu'il m'en reste, quelques jours après avoir tourné la dernière page ? Un peu de poussière magique, de l'admiration pour cette imagination foisonnante et cette technique maîtrisée du conte, le bonheur de l'avoir lu, et un intérêt nouveau pour la double histoire de l'Inde et du Pakistan contemporains. Et je n'ai plus peur de Salman Rushdie.
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Une merveille. On est pris littéralement par la magie de ces enfants de minuits, c'est comme si le roman nous entourait et nous habitait tout le temps de la lecture.
Une histoire de l'Inde depuis 1947 qui se mêle à une histoire familiale et dans lequel la vie de l'auteur se confond. C'est plein d'humanité.
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