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Citations sur Mélancolie des corbeaux (39)

Le prédécesseur de Krarok avait une certaine idée du pouvoir. Ses conciliabules secrets, c’était derrière la statue de l’Aigle impériale du pont d’Iéna qu’il les tenait. Trop souvent pour que l’endroit restât discret, il y recevait aussi les oiselles que ses fonctions impressionnaient.
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Autour du bassin, des Humains se réchauffaient à un rayon de soleil d’automne. L’eau devait être froide, aucun n’osait s’en approcher pour y boire ou faire sa toilette du matin. Certains se nourrissaient, des Pigeons picoraient les miettes qui tombaient à leurs pieds. Plus loin, derrière le kiosque où nous étions perchés, à l’abri des petits d’Humains qui piaillaient, la chaîne alimentaire se poursuivait : un gros Chat gris avait chassé un Pigeon qui se débattait encore tandis que les crocs déchiraient ses chairs. Un miaulement ensanglanté et le mugissement du Sanglier de la peur seraient les derniers souvenirs qu’il emporterait vers le paradis des Pigeons, si tant est que les Pigeons songent à l’Au-delà. Qu’avait-il fait de ses courtes années ? Sans doute s’était-il reproduit, avait-il picoré plus d’excréments que de graines, peu voyagé et rien fait qui méritât qu’on ne l’oubliât pas. Qui le dirait ?
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C’est là que je vis, sur la quatrième branche du plus haut févier. Mon trou dans le tronc n’est pas confortable, c’est pour sa quiétude que j’y ai élu domicile. Des mousses et quelques gousses ont suffi à le rendre habitable. N’importent l’humidité de l’écorce, les champignons qui y poussent ni les mousses moisies qu’il faut souvent remplacer : je tiens à mon confort moins qu’à ma tranquillité.
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Sur les hauteurs du parc Montsouris, des féviers d’Amérique poussent le long des pentes de la voie ferrée désaffectée. Des rangées d’ifs touffus les cachent aux yeux des promeneurs, des rambardes de faux rondins en interdisent l’accès et les épines de leur tronc dissuadent les étudiants de la cité universitaire de s’y venir bécoter en cachette des gardiens. Rarement, ces derniers mènent-ils leurs rondes d’inspection sur les passerelles moussues qui surplombent la tranchée de la voie ferrée. Certaines nuits, l’entrée du tunnel abandonné avale des ombres en maraude le long des rails. Paris les digère sans jamais rien recracher. Seul le souffle du vent qui s’engouffre au soir dans son mufle affole le silence. Ni les piaillements des aires de jeu ni les cancans du bassin ne franchissent la barrière des cèdres. Défendus par les parois de la tranchée, les pentes escarpées, les grilles et les épines, ces féviers sont un refuge extraordinaire : on n’y accède que par les airs.
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Sur les hauteurs du parc Montsouris, des féviers d'Amérique poussent le long des pentes de la voie ferrée désaffectée. Des rangées d'ifs touffus les cachent aux yeux des promeneurs, des rambardes de faux rondins en interdisent l'accès et les épines de leur tronc dissuadent les étudiants de la cité universitaire de s'y venir bécoter en cachette des gardiens. Rarement, ces derniers mènent-ils leurs rondes d'inspection sur les passerelles moussues qui surplombent la tranchée de la voie ferrée. Certaines nuits, l'entrée du tunnel abandonné avale des ombres en maraude le long des rails. Paris les digère sans jamais rien recracher. Seul le souffle du vent qui s'engouffre au soir dans son mufle affole le silence. Ni les piaillements des aires de jeu ni les cancans du bassin ne franchissent la barrière des cèdres. Défendus par les parois de la tranchée, les pentes escarpées, les grilles et les épines, ces féviers sont un refuge extraordinaire : on n'y accède que par les airs. C'est là que je vis, sur la quatrième branche du plus haut févier. Mon trou dans le tronc n'est pas confortable, c'est pour sa quiétude que j'y ai élu domicile. Des mousses et quelques gousses ont suffi à le rendre habitable. N'importent l'humidité de l'écorce, les champignons qui y poussent ni les mousses moisies qu'il faut souvent remplacer : je tiens à mon confort moins qu'à ma tranquillité. Mes voisins connaissent mon goût de la solitude. Que je les inquiète n'explique pas peu qu'ils le respectent. Il faut admettre que je ne fais rien pour améliorer la réputation des Corbeaux, sans en rajouter : nous n'avons tout bonnement pas de contacts. Je concède d'ailleurs volontiers que ce sont des animaux discrets et de bons voisins. Le couple de Pies de la première branche n'est pas bavard, c'est une chance. La femelle fait en sorte que ses petits ne s'approchent pas. Qui sait ce qu'elle leur raconte sur moi ? Peut-être simplement la vérité... Les vols de Moineaux piaillards ont appris à éviter les féviers ; les arbres ne manquent pas, dans le parc, pour passer la nuit. Par bonheur, les Rouges-gorges, les Mésanges et les Pinsons préfèrent les arbres bas et plus ensoleillés pour s'égosiller. Quant à l'Écureuil auquel il avait pris de creuser sa bauge sur la troisième branche, il n'a guère été long à déménager : j'excelle à convaincre les importuns lorsque ma tranquillité est menacée. Les autres féviers sont habités par des Pigeons, des animaux paisibles dont les roucoulements ne troublent pas mon repos. On les tient avec raison pour stupides mais leur placidité me les rend sympathiques. Je respecte leur bêtise silencieuse, ils respectent ma solitude revêche. Nous nous saluons lorsque nous nous croisons, ce sont tous les rapports que nous avons. C'est très bien ainsi : que pourrais-je avoir à leur dire ?
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Fugacement, comme je détournai le regard avant de me reprendre, je songeai aux yeux : le plus fragile organe d'un corps, le plus sensible et pourtant le seul qui résiste au temps. S'usent les crocs les plus durs, les griffes les plus solides se brisent ; les yeux résistent. Les Corbeaux ne sont pas la seule espèce à y voir l'organe de la vie. Les aveugles sont morts, qui ne peuvent plus voler. Voilà pourquoi les yeux sont ce que, chez les cadavres, nous prisons le plus. Non pas pour leur goût, qui est doucereux, mais l’œil donne la force et la vie : c'est avec le regard qu'on soumet l'autre, pas avec la gueule ou la serre.
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Quel est ton nom?
Jérémie.
Jérémie?
C'est le nom que m'a donné la vieille Humaine qui m'a fait venir à Paris. Elle vivait seule, oui, seule, dans une maison qui sentait la poussière, criait très fort parce qu'elle entendait mal,buvait des verres d'un breuvage qui la faisait dormir, passait le reste du temps à me raconter en pleurant des histoires que je ne comprenais pas. Le canari de la cage voisine aussi, elle l'appelait Jérémie. Je crois qu'elle appelait tout le monde Jérémie...
Mais ton vrai nom?
Toc-Toc.
Je crois que je préfère encore t'appeler Jérémie!
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Mes voisins connaissent mon goût de la solitude. Que je les inquiète n'explique pas peu qu'ils le respectent. Il faut admettre que je ne fais rien pour améliorer la réputation des Corbeaux, sans en rajouter : nous n'avons tout bonnement pas de contacts. Je concède d'ailleurs volontiers que ce sont des animaux discrets et de bons voisins. Le couple de Pies de la première branche n'est pas bavard, c'est une chance. La femelle fait en sorte que ses petits ne s'approchent pas. Qui sait ce qu'elle raconte sur moi? Peut-être simplement la vérité...
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(Karka)
Noire est mon aile mais mon esprit n'est pas un oiseau de nuit, même si parfois mes humeurs empruntent leur couleur à mes plumes.
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La Nature est étrange.
Une jeune tourterelle au plumage immaculé et un vieux corbeau freux déplumé, la grâce et l'infirmité, l'élégance et la laideur, le blanc et le noir : pourtant une même classe animale.
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