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EAN : 9782072922497
160 pages
Gallimard (18/03/2021)
3.57/5   95 notes
Résumé :
A l'approche des élections fédérales, le Gouverneur – candidat à sa réélection – tente de maquiller l'explosion de la criminalité. Les morgues de l'Etat débordent de corps anonymes, que l'on dissimule en les transférant dans un camion frigorifique. Le tombeau roulant est conduit par Vieux et Gros, deux hommes au passé sombre que tout oppose. Gros est un sicario repenti qui fuit la violence ; Vieux recherche sa fille unique, sans doute assassinée, et pense qu'elle po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Mictlán, en langue nahuatl, famille des langues uto-aztèques, et actuellement la langue indigène la plus parlée au Mexique, signifie « le lieu des morts », où les défunts accèdent à l'oubli après un long voyage à travers le monde d'en bas.
Le titre de ce thriller, peu conventionnel, de par sa traduction résume assez bien l'âme de celui-ci.
Dans un pays d'Amérique latine, jamais nommé, même si Sébastien Rutés a pris comme point de départ un fait divers mexicain datant de 2018, où la criminalité, comme les inégalités et la pauvreté ont explosé, les élections approchent. le Gouverneur, candidat à sa propre réélection, doit tenter de cacher tous ces cadavres victimes de la violence ordinaire, « vu que les chambres froides des morgues et des hôpitaux et même des boucheries-charcuteries sont pleines, et les cimetières aussi ... ».
Deux hommes, au passé sombre, Gros et Vieux ont accepté de prendre le volant de ce semi-remorque chargé de 157 cadavres. Ils ont l'ordre du Commandant de rouler 24 heures sur 24, sans jamais s'arrêter sauf pour faire le plein de carburant et alors, interdiction d'ouvrir la remorque réfrigérée.
C'est donc à ce voyage que nous sommes conviés, dans cette cabine où les deux protagonistes se relayent et se surveillent. L'auteur nous laisse entendre les points de vue de ces deux hommes hantés par leur passé de misère et de violence livrant leurs pensées, ainsi que celui du narrateur, tout au cours de ce voyage hallucinant et sans pause, comme la longue phrase que constitue le premier chapitre.
Mais le lieu où les morts peuvent enfin accéder à l'oubli, est encore loin et les embûches vont être nombreuses et il va falloir faire face aux narcos, aux gangs, aux flics, aux militaires... Nous sommes plongés dans un pays en proie au chaos le plus total, dans un monde inhumain, où tout est hostile, où la violence, la terreur et la mort règnent : pour survivre, il faut tuer.
C'est un roman noir, très noir, avec cependant des petits instants de beauté et, vers la fin du voyage, une lueur d'humanité et comme une sorte d'apaisement.
Ce petit opus très sombre, assez éprouvant, dérangeant, bouleversant, au style épuré mais non sans une certaine poésie, ne peut en aucun cas laisser le lecteur impassible.
La forme littéraire est en complète adéquation avec le fond du roman, ni trêve, ni respiration : un véritable exploit !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Quelle aventure ! Quelle histoire remplie de cadavres où la mort est omniprésente, passée ou à venir ! La citation de B. Traven, un auteur dont j'ai beaucoup apprécié La révolte des pendus, La charrette et Rosa blanca, cette citation placée en épigraphe m'a fait tout de suite penser que j'allais plonger dans un drame mexicain et je n'ai pas été déçu.

Mictlán, le lieu où les morts peuvent enfin accéder à l'oubli, est encore loin quand Sébastien Rutés m'embarque dans la cabine d'un camion semi-remorque frigo transportant cent cinquante-sept cadavres que le Gouverneur veut cacher en le faisant rouler constamment.
Pour conduire ce transport macabre, deux hommes : Gros et Vieux, comme l'auteur les appelle. Ils ne s'entendent pas vraiment mais cohabitent par force sous la menace du Commandant qui couvre son supérieur visant sa réélection.
Ici, je dois tout de suite parler du style d'écriture particulier de ce roman très noir découvert dans le cadre des Explorateurs du Polar de Lecteurs.com, un livre édité par Gallimard dans sa collection La Noire. Sébastien Rutés m'a étonné dès les premières lignes en écrivant sans finir ses phrases, les mots et expressions s'enchaînant sans cesse dans le mouvement de ce camion qui roule, qui roule vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans le désert. Surpris, au début, j'ai ensuite bien apprécié le style, la pertinence des réflexions, leur à-propos ainsi que les informations distillées au fil des pages.
Enfin, il faut bien s'arrêter pour faire le plein dans une station-service et là, je retrouve un chapitre classique, des phrases courtes, des paragraphes. Cela permet de souffler très peu car les événements se précipitent, nos deux compères reprennent leur périple et le style s'adapte aussitôt à la route qui défile.
Roman noir intrigant, palpitant, angoissant, macabre, Mictlán fait réfléchir au sens de la vie, à la misère, au pouvoir qui sacrifie les humains et autres êtres vivants sans état d'âme, enfin à la mort qui nous attend tous et toutes.
Souffrir, ne pas souffrir, faire du mal à ceux qu'on aime, Gros y pense, revoit tout cela dans ses rêves agités lorsqu'il peut enfin dormir dans la cabine surélevée du camion pendant que Vieux conduit. Chacun revoit sa femme et sa fille ou sa mère et sa soeur mais il est temps de chercher un peu de paix, de trouver un peu de quiétude pour les vivants comme pour les morts.
À la fin du livre, l'auteur qui publie son sixième roman, explique qu'en novembre 2018, un camion semi-remorque contenant cent cinquante-sept cadavres a été retrouvé près de Guadalajara, au Mexique. Ils étaient tous morts de mort violente. Ils étaient là parce que les morgues étaient pleines.

C'est cette information qui a été le point de départ de son écriture, écriture que Sébastien Rutés conduit magistralement à son terme.
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Cela fait des jours qu'un semi-remorque frigorifique blanc, totalement banalisé, parcourt inlassablement le désert mexicain, ses deux chauffeurs Vieux et Gros se relayant sans interruption, de façon à ne s'arrêter que pour les pleins de carburant. A son bord s'entassent cent cinquante-sept cadavres, tous victimes de la violence, certains non identifiés, en tous les cas interdits de crémation tant qu'une enquête peut encore les concerner. La criminalité saturant morgues et cimetières dans tout le pays, le gouvernement en pleine période électorale cherche ainsi à gagner du temps avec les morts dont il ne sait plus que faire…


Cette histoire surréaliste est inspirée d'un fait réel survenu au Mexique en 2018. Les premiers chapitres sont déconcertants : une seule et même interminable phrase y tourne en boucle au fil des pensées ressassées par Gros et Vieux, au cours de leurs longues heures de divagation sans but sur les routes droites et sans fin qui traversent la torpeur du désert. L'on y comprend peu à peu leur histoire et cette présence perpétuelle de la mort, dans ce pays où la vie ne pèse rien, et où chacun doit être prêt à tout pour préserver sa peau un jour de plus.


Puis le rythme change, alors que les incidents viennent interrompre les réflexions désabusées des deux hommes, transformant leur traversée hallucinée d'un pays aux allures de purgatoire en une véritable plongée en enfer qui n'est pas sans évoquer le salaire de la peur de Georges Arnaud. Dès lors, tout dérape, entraînant les deux chauffeurs dans une glissade mortelle où ils tenteront comme ils peuvent de conserver le plus longtemps possible l'équilibre, en tout cas le fragile souffle qui les différencie encore de leur silencieuse cargaison.


Le récit est du noir le plus pur : implacablement désespéré, le ton décapant ne laisse aucun répit, flirtant avec l'absurde dans un humour qui fait autant rire qu'il atterre le lecteur. L'on est ébloui par la maestria de l'auteur, qui, tant par le style que par la construction du roman, a su si bien rendre l'atmosphère de peur qui pèse comme une chape sur une société résignée et terrée dans une passivité impuissante. Chacun espère y passer à travers les gouttes en fermant les yeux, n'hésitant pas à donner lui-même la mort pour éviter de la recevoir, avec pour « unique droit et seule liberté : gagner un peu de temps avant la fin. »


Déroutante au début, cette lecture s'avère une claque magistrale, une plongée saisissante dans le dangereux enfer d'une société mexicaine qui vit dans l'ombre de la mort perpétuellement en embuscade. L'on en ressort sidéré et groggy, durablement marqué par un désespoir si noir, qui n'exclut pourtant ni drôlerie ni poésie. Ce livre me marquera autant que le terrifiant 2666 de Roberto Bolaño.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Deux hommes qui ne sont jamais nommés autrement que par ses qualificatifs suivants , le Vieux et le Gros, sont chargés d'une mission assez singulière: ils doivent transporter au fin fond d'un desert d'un pays qui n'est lui non plus nommé un convoi d'un genre bien particulier puisque c'est 147 cadavres humains qui sont à l'intérieur du camion.

En effet, le Gouverneur, tête de l'éxecutif de ce pays qu'on imagine pas sous le sceau de la démocratie ne veut pas, en ces périodes électorales que ces cadavres encombrants soient portés à la connaissance de l'opinion publique.

Voilà donc notre Gros et notre vieux chargés de rouler sans jamais s'arréter pour transporter ce colis parituclièrement mal venu on ne sait trop où..

Partant d'un fait divers qui s'est réellement déroulé- un camion a été découvert au Mexique transportant un charnier de 300 cadavres, des morts privés de cimetière-, le romancier Sebastien Rutes passionné d'Amérique du Sud propose un voyage hallucinatoire, un road trip frénétique et funeste, teinté d'absurde, d'une certaine poésie morbide et même de spiritualité.

Il faut savoir que le Mictlán, du titre désigne dans la mythologie asteque « le lieu des morts », où les défunts accèdent à l'oubli après un long voyage à travers le monde d'en bas. En effet, nos deux protagonistes, le gros et le vieux, totalement désabusés et en fin de parcours, aspirent encore à rejoindre ce lieu symbolique histoire d'apaiser leurs esprits.

Cette intrigue, taillée à l'os , rappelle parfois le Salaire de la peur ( le film de Clouzot avec Montand et le roman de Georges Arnaud dont Jaenada a récemment glosé dessus )dans la Serpe.

Assurément, les amateurs de roman noir exigeant, qui cherchent une lecture singulière seront tentés par ce voyage littéraire sidérant et obsédant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mictan: inframonde que doivent parcourir les morts , ici c'est au fond d'un camion réfrigéré que des dizaines de cadavres traversent le pays pour, peut-être un jour, trouver le repos.
Dans ce périple, ils sont conduits par deux hommes, le Gros et le Vieux, personnages déshumanisés jusque dans leur nom descriptif; tous deux ayant une histoire de vie tellement proche de celle des cadavres qu'ils prérèrent ne pas en parler, ne pas se parler.
Course contre la montre mais aussi contre la mort tant pour les dépouilles que pour nos chauffeurs car le Gouverneur et le Commandant veillent.

Peu de ponctuation ce qui rend le récit rapide, sans temps mort, comme courrir après le temps, après un reste de vie.

J'ai eu du mal avec les grossièretés et les répétitions donc, pour ne pas abandonner, j'ai lu certaines pages en diagonal; pas que cette lecture ne m'ai pas plus mais c'est un peu comme une oeuvre qu'on sait belle mais qu'on n'apprécie pas à titre personnel.



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critiques presse (1)
Actualitte
26 février 2020
Sebastien Rutés a choisi une forme de logorrhée mentale pour plonger le lecteur dans l’enfer d’un voyage mexicain pire que la traversée de la Gehenne. Autour de ses personnages, une sorte de limbes. Et dans la tête de Gros, tout le paysage intérieur qui filtre les événements analyse, tant bien que mal, le voyage.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
De rares fantômes sur le bas-côté les ont regardés passer sans les voir, prisonniers de leur préhistoire, spectres poudreux des ères minérales. Des âmes en peine sur la rive d’un fleuve asséché. Quelques migrants perdus dans leur rêve de frontière. Des ânes émaciés au regard plus humain que la misère. Personne pour s’étonner du sang sur la carrosserie. Personne pour s’en émouvoir. Qui s’émeut encore sous ce soleil ?
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… Vieux n’est plus tout jeune, la cinquantaine, peut-être plus, un âge où on ne devrait pas conduire un semi-remorque, encore moins pendant douze heures d’affilée, encore moins avec un chargement-là, à la réflexion personne ne devrait conduire un semi-remorque douze heures d’affilée, à n’importe quel âge,…
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… le Commandant se mettra en colère pour la forme, pour montrer qu’il a du pouvoir, parce qu’on s’imagine que la colère est une marque de pouvoir dans ce pays, le pouvoir implique le droit de se mettre en colère contre les autres, de les insulter, de les humilier, c’est même la justification du pouvoir, crier en toute impunité sa colère contre le monde, faire payer aux autres ce que le monde nous inflige, à quoi bon le pouvoir sinon ?...
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(…) à force de s’écraser contre un mur de silence les mots s’endurcissaient, un coup de poing résonnait dans chacune de ses phrases, des sermons comme une ceinture qu’on retire, tu vois ce qui est arrivé à ta mère !, ses mots allaient toujours trop loin, s’éloignaient de Vieux comme s’ils en avaient peur, impossible de les retenir, il ouvrait la bouche et les mots fuguaient, alors les ramener, les amadouer, avec d’autres mots, ne plus essayer de briser le mur, plutôt le peindre de belles couleurs, pardonne-moi, j’ai juré de te protéger, c’est pour ton bien, chaque phrase dégoulinait sur le mur de silence comme un graffiti obscène, Vieux de la peinture plein les mains, la bouche maculée, des traces de ses doigts sur la peau claire de sa fille comme des cicatrices, pardon !, pardon !, je t’aime !, les mots poissaient, les mots souillaient, ils glissaient entre les doigts de Vieux, lui échappaient encore, disaient plus que Vieux ne voulait dire, connotations visqueuses, sous-entendus humides, Vieux tout englué se débattait pour se libérer, les mots prenaient le contrôle, c’est comme ça dans ces pays où on ne dit plus rien, on ne parle pas parce qu’on a peur de la réaction des autres et on finit par avoir peur aussi des mots (…)
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…, les cerveaux font ça ; le pire arrive mais nos cerveaux cherchent le positif ; c’est l’évolution, Vieux l’a entendu à la radio, d’autres espèces ont des crocs ou des ailes, l’homme a l’espoir, c’est comme ça qu’on survit depuis le temps des cavernes,..
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