J’aurais adoré naître dans une famille traditionnelle. Avoir des parents mariés pour la vie, connaître une complicité sans faille avec mes sœurs, nous réunir certains soirs autour d’interminables dîners. Ce genre de trucs normaux que tout le monde fait. Mais il faut croire que le gêne de la vie parfaite n’a jamais fait partie de notre patrimoine familial.
[•••] Summum du plaisir coupable, les téléfilms cucus signé Hallmark, que je mate allègrement dès que j’en ai l’occasion. Oui, ce dont les héroïnes prénommés Amber ou Poppy travaillent trop (il faut dire que leurs jobs sont toujours passionnant) et finissent par craquer pour le sexy bûcheron du village dans lequel elle se réfugie (à contrecœur cela va de soi) pour passer les fêtes.
Aucun doute possible, je suis une indécrottable romantique.
p.32 | Valentine
Le temps, ma chérie, c'est comme un flocon de neige. Pendant que tu le regardes sans rien faire, il fond. Et ensuite, il ne reste que des regrets.
Cette soirée est tout simplement féerique. Nous dansons lentement sur Bing Crosby, éclairé par la faible lueur des guirlandes électriques. Je suis enivrée par cet homme, par son parfum boisé, par ses bras qui ne me lâcheront plus, par ses yeux si profonds et si doux, par la fossette bio creuse sa joue, par l’atmosphère magique de l’instant. Rémi a su bouleverser toutes mes certitudes
J'aurais pu sombrer au fond du gouffre, mais comme tu me l'as si souvent répété, les plus belles victoires sont celles qu'on remporte sur soi.
— Félicitations, Papa, tu ne l’as pas tué.
À travers la vitre embuée, je distingue la silhouette de Philippe qui s’éloigne dans la nuit.
— Je sais me tenir en public, me répond mon père. En revanche, je ne garantis pas qu’il ne retrouvera pas un de ses pneus crevés.
Il avale tranquillement une gorgée de bière.
— Tu n’as quand même pas fait ça ? je l’interroge, horrifiée par cette pensée.
— Mais non, andouille ! dit-il en riant. Je ne tiens pas à le voir s’éterniser dans le coin. Je suis un homme, j’ai besoin de fanfaronner pour prouver ma propre valeur.
Maman secoue la tête d'un mouvement désapprobateur :
Le temps, ma chérie, c'est comme un flocon de neige. Pendant que tu le regardes sans rien faire, il fond. Et ensuite, il ne reste que des regrets.
Et notre bonheur fracassé. J’allais devoir recommencer de zéro. Affronter le monde et le quotidien toute seule. Avec un ultime choix : abandonné ou continuer.
p.16 | Valentine
Ce que sont nos enfants dépend de leur nature, mais ce qu'ils en font dépend de ce qu'on leur donne. De ce qu'on leur transmet.
À présent, tous les morceaux de ma vie sont à leur place.