Puisque nous avions grandi comme deux éclopés, moi sans parents, lui sans amour, notre attachement avait été rapide et très fort. Cette complicité me faisait du bien. Alors, non, je n’avais pas envie de penser qu’un jour cela pourrait partir en miettes.
Elle avait su m’inculquer ses valeurs, et notamment celle-ci : notre réussite ne dépendait que de nous-même, et non d’un accord masculin.
À l’évidence, nos vaines tentatives d’avoir un bébé pour sceller notre mariage annihilaient complètement mon désir. Je n’avais que vingt-sept ans et la triste impression d’être devenue une vieille femme frigide… Qu’est-ce qui pouvait bien clocher, chez moi ?
Si je n’étais pas d’une nature jalouse, je la soupçonnais toutefois d’attendre de mon mari bien plus qu’une amitié. Certains signes ne trompaient pas, comme les œillades admiratives ou encore une main s’attardant un poil trop longtemps sur le poignet de Michael à l’évocation d’une anecdote. Mais comme je n’aimais pas le conflit, je me retenais généralement de faire un esclandre.
J’avais parfois l’impression d’avoir épousé le prince charmant en personne. Pourtant, quand je le regardais, je n’arrivais plus à ressentir cette étincelle qui nous liait autrefois. Tout était devenu si convenu entre nous ! À l’évidence, nos vaines tentatives d’avoir un bébé pour sceller notre mariage annihilaient complètement mon désir. Je n’avais que vingt-sept ans et la triste impression d’être devenue une vieille femme frigide…
Et voilà les souvenirs douloureux qui revenaient au grand galop, maintenant ! Elle prit une lente inspiration afin de les refouler. Ce n’était pas le moment de craquer. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était de sortir de cette fichue voiture et de se comporter comme une personne normale. Elle ouvrit la portière, non sans d’abord s’être saisie de ses lunettes de soleil. Pas question d’être reconnue et de subir les regards à la fois intrigués et réprobateurs.