_ Je veux bien te croire. Dès que le cœur fait des siennes, on ne pense plus de manière raisonnable.
J'aurais voulu pouvoir remonter le temps, la serrer dans mes bras et lui dire toutes ces choses que l'on ne dit jamais aux gens qui partagent notre quotidien, parce qu'on ne pense pas qu'ils pourraient mourir demain...
Même si tu as peur, fais-toi confiance et ne renonce pas à ton rêve alors qu’il est à portée de main.
Toute la misère de l’Europe semblait s’être regroupée dans l’entrepont. Il y avait là des familles entières, de pauvres hères partis sans rien emporter de leur vie d’avant, sinon des souvenirs au fond du coeur. C’était tout ce que l’on conservait, dans l’exil. Des coutumes, une façon de parler, les saveurs familières d’une cuisine. Plusieurs nationalités, des centaines de destins différents résolus à ne pas se retourner. Un rêve commun, l’Amérique, terre de promesses.
- New York, la ville des rêves... Tu parles ! bougonna-t-elle, amère.
Elle en était revenue de ce rêve américain tout juste bon à exploiter les forces des immigrés qui espéraient tirer leur épingle du jeu !
Tu es quand même très forte ; tu as réussi à faire sourire Liam Donoghue. A ce rythme-là, tu vas nous réunifier l'Irlande avant la fin de ton séjour !
Je sais bien que si mon histoire était sortie de l'imagination d'un écrivain, la critique clamerait que c'est trop. Mais la vie, la vraie, n'est pas un roman. Elle n'épargne personne.
D’habitude, une naissance apportait un brin de jovialité dans la maisonnée, elle l’avait vu chez les Damery, l’été dernier, quand la petite sœur d’Aidan était née. Prenant son courage à deux mains, Lucy se décida à rompre le silence trop assourdissant.
Ce n’est pas toujours facile d’expliquer pourquoi on est soudainement poussé à dire quelque chose qui aurait dû être dit depuis longtemps. L’âge a fini par poser sa main sur moi et ce qui me terrifie le plus, c’est l’oubli. Je ne supporterais pas de perdre la tête du jour au lendemain, que mon cerveau décide d’effacer tout ce que j’ai vécu. Bon, je n’en suis pas là pour l’instant, bien au contraire.
Mon cœur se mit à battre plus fort lorsque je compris. Les poils se dressèrent sur ma nuque et je fus tentée de tout couper. Mais c’était trop tard, je savais qu’il n’y aurait pas de retour en arrière.
J’étais en train de faire un saut à l’élastique… sans élastique.