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Critique de Dez54


Dez54
05 décembre 2020
"Il y a eu quelqu'un pour me comprendre. Mais c'est précisément la personne que j'ai tuée.», cette citation résume parfaitement l'enjeu et le paradoxe de ce livre, publié en 1948 par l'auteur argentin Ernesto Sábato qui nous raconte l'histoire d'un peintre coupable du meurtre de son amante. Souvent comparé à l'Étranger d'Albert Camus, on y retrouve des thèmes similaires. le narrateur (Juan Pablo, le meurtrier), que l'on découvre en prison va nous raconter l'histoire de sa rencontre avec une femme, Maria, qu'il va croiser par hasard, rechercher désespérément, aimer démesurément et… tuer.


L'histoire développe avec pessimisme les thèmes de l'incommunicabilité (et de la solitude qui va de pair) entre les humains et nous verrons le narrateur plongé dans des tourments de plus en plus violents au fur et à mesure que le fossé se creuse entre la personne vraie de Maria et celle idéalisée par le narrateur, la seconde n'est finalement guère plus dans le regard égocentrique du peintre qu'un objet de fantasme et un miroir pour lui-même (car confidence pour confidence, c'est lui qu'il aime à travers elle) jusqu'à aboutir au dénouement tragique mais logique de cette histoire…


Mon principal souci avec ce roman, centré sur le personnage de Juan Pablo est justement ce personnage (le narrateur donc) avec lequel j'ai bien du mal alors même que j'apprécie d'habitude les personnages « égoïstes » et/ou inadaptés dans d'autres romans comme le Meursault de Camus et les anti-héros comme le capitaine Simonini, menteur, raciste et fourbe dans le cimetière de Prague d'Umberto Eco ou le « raté » pathétique David Selig dans L'oreille interne de Robert Silverberg. Ici, sans que je puisse dire exactement pourquoi je n'ai pas ressenti la moindre once d'empathie pour ce Juan Pablo ni même la jubilation que l'on ressent parfois à être du côté du « méchant ».


Du reste, le livre est court (140 pages), son style fluide et la narration classique permettent une lecture rapide et aisée. La lecture n'est donc pas désagréable et les thématiques sont loin d'être inintéressantes mais malgré cela j'ai éprouvé un arrière-gout de déception une fois le livre terminé. Dans le même genre, j'ai préféré à Ernesto Sábato son compatriote argentin Eduardo Mallea dont j'ai trouvé les écrits (Chaves par exemple) plus poignants.
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