La Vie clandestine

L'entremêlement de la vie privée de l'autrice et de l'enquête sur le groupe Action Directe paraît étrange mais s'éclaire peu à peu . La question fondamentale sur l'autre est : « Comment peut-on ? » Comment peut-on tuer de sang-froid un père de famille (Georges Besse) parce qu'il représente le capitalisme ? Comment peut-on abuser sexuellement sa fille pendant des années ? Et : peut-on comprendre les assassins, leur humanité ? Peut-on pardonner au père ? Cette vie clandestine est celle du groupe Action directe, mais aussi celle de l'autrice contrainte de cacher sa douleur, sa honte (qui ne devrait pas être). Des éclairs d'humanité et de glace mêlées (Nathalie Ménigon vérifiant l'âge des enfants de Georges Besse : ça va, mon frère avait leur âge quand maman est morte). Quant au père de l'autrice…. Lorsque sa fille lui dit : « Tu sais, je n'ai rien oublié », il lui répond  : « Je comptais te demander pardon, un jour , quand nous serions morts ». Ajoutant, c'est très courant dans les familles…
Monica Sabolo fait revivre aussi les années 70, les années Tapie. Et le personnage, non la personne d'Hélyette est bouleversante . Un très beau texte, après un début que j'ai trouvé un peu lent.

Ce fut pour moi une lecture en demi-teinte, d'un côté j'ai réellement apprécié la plume de l'autrice, très agréable, douce fluide mais je suis totalement passée à côté de l'histoire. Je referme ce livre avec une sensation de vide: je n'en tire rien. Rien sur Action Directe et rien non plus sur la réelle histoire de l'autrice. Fort heureusement pour elle, elle semble avoir trouvé les réponses à ses propres questions existentielles en menant ses recherches mais elle n'a résolument pas réussi à m'emmener avec elle. Néanmoins ayant réellement aimé son écriture, je pense que j'irai prochainement à la découverte d'un de ses romans de pure fiction cette fois-ci.

Le début du livre est assez déconcertant, je me suis demandé où l'auteure allait nous conduire… Puis petit à petit, des liens se dessinent entre cette quête presque obsessionnelle à propos des protagonistes d'Action Directe, et des événements traumatiques, très enfouis, qui ont marqué son enfance. L'inconscient qui fait son oeuvre, le déni qui permet la survie psychique... L'écriture est élégante, subtile et sensible, mais je n'ai pas réussi à « entrer » dans ce livre, ne partageant pas cette fascination pour ces terroristes, et comprenant encore moins cette forme de sympathie qu'il m'a semblé percevoir.

En recherche d'inspiration l'auteure ou trice ? est interpellée par un récit sur les actes terroristes du mouvement d'extrême gauche Action Direct, début des années 80. Ceux ci ont revendiqué des attentats et des assassinats pour une justice idéologique à l'encontre en particulier de personnalités.
Une raison non définie la motive et l'incite à enquêter pour mieux connaître le pourquoi de cette violence revendiquée. Telle une journaliste avec obstination elle tire un fil qui peu à peu s'enrichit de témoignages tous authentiques, des proches et des auteurs de ces assassinats. Particulièrement elle s'intéresse à l'itinéraire de vie des 2 femmes du groupe responsables de l'assassinat de Georges Besse. Cette quête où domine la violence, le secret , la clandestinité, lui révèle un parallèle avec sa propre histoire qui émergera progressivement. Adolescente, elle vit dans un milieu bourgeois, une mère disparue, un père décédé. A l'âge de 3 ans un homme remplacera son père la relation avec lui sera ambiguë, elle le nomme Yves S plutôt que papa. Elle a pour lui tout au long de son adolescence, des sentiments qui sont de l'admiration pour ses mystères, mais aussi l'expression d'une peur diffuse qu'elle dévoile peu à peu.
Les membres D'Actions Directe sont l'éléments clé de ce récit, elle s'identifie à ces personnages hors du commun pour retrouver une famille avec ses secrets et sa violence.
Le chute aurait pu être le pardon, mais les terroristes ne regretteront que tu bout des lèvres leurs méfaits, et son pardon qu'elle accorde e Yves.S sur son lit de mort est bien faible.

Laborieux, cette lecture a été pour moi laborieuse. le sujet pourtant m'avait attiré lorsque j'ai acheté ce livre. Action directe, il y a de la matière. Apparemment non, il ne semble n'y avoir que des Paris match pratiquement (ce que contredit la bibliographie en fin de livre). Non, ce qui me gêne le plus c'est ce rapprochement avec la vie de l'auteure. Je m'attendais à quelque chose: une vie secrète (politique?) de ce père à la profession mystérieuse, des engagements politiques de l'auteure, non rien de tout cela. Il s"agit de comportement innacceptable du père pour sa fille. Aussi horrible que cela puisse être, je ne comprends pas ce rapprochement., ce parallèle.

Livre déroutant qui mélange deux histoires, celle intime de l'auteur et celle d'Action directe. Où plutôt celles des acteurs d'Action directe. Tous libres (ou morts) aujourd'hui.
Etonnante solidarité.
Remords ou pas.
Absurdité de ces morts. Chagrin perpétuel de leurs familles.

Tiens donc, la case "Abandonné" a disparu, c'est pourtant ce que j'ai fait, tellement ce récit m'ennuyait. J'avais scrupule à le faire, et je suis allée lire les critiques à une et deux étoiles que j'ai tellement appréciées pour leur justesse, qu'elles m'ont aidé à poursuivre ma première pulsion d'abandon, tellement le croisement entre la narration de la vie privée et de l'histoire d' "Action directe" me mettait mal à l'aise. Et puis j'ai l'âge d'avoir suivi en direct sur les medias les monstruosités des dingues sanguinaires d'Action directe et je n'avais aucune envie de me replonger dans cette période troublée.

En panne d'inspiration Monica sabolo cherche désespérément le sujet qui pourra lui faire renouer avec l'écriture. Emissions criminelles, faits divers, presse à sensation, tout y passe jusqu'à ce qu'elle entende une émission consacrée à l'assassinat de Georges Besse, le PDG de Renault, par Action directe, un groupe terroriste d'extrême gauche qui sévit dans les années 80. On est en 1986, soit 1 an avant le démantèlement du réseau. 


Monica Sabolo tient son sujet! Elle s'intéresse tout particulièrement aux deux femmes arrêtées lors de cet assassinat: Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron. Fascinée par ces deux personnalités taiseuses et mystérieuses, l'autrice va se lancer à corps perdu dans cette enquête dense, qui semble véritablement protégée par ses membres qui, s'ils ne sont pas. morts, se sont littéralement évaporés dans la nature…


Mais cette enquête et cette entrée dans l'intimité de ces révolutionnaires en guerre contre le système vont, malgré elle, rouvrir des portes de sa propre intimité... Portes que, par un étrange phénomène de dissociation, elle croyait scellées à jamais. de fil en aiguille on découvre ainsi le passé sombre et traumatisant de Monica Sabolo. Née de père inconnu, elle est élevée dès ses 3 ans par le nouveau mari de sa mère, Yves S., un homme complexe, aussi mystérieux que fascinant, qui abusera d'elle, avant de sortir brutalement de sa vie, fuyant la justice, le fisc, les dettes et sans doute bien d'autres choses…


Le récit prend alors la forme d'une double enquête dans laquelle Monica Sabolo nous livre avec une sincérité désarmante les doutes et les difficultés qu'elle rencontre, tant face à son passé et ses blessures personnelles, que face à ces hommes et ces femmes qui ont semé la terreur dans les années 80. D'échanges en rencontres, elle va peu à peu entrer en contact avec différents anciens membres du groupe jusqu'à parvenir à Nathalie Ménigon... En pénétrant dans l'intimité de chacun et en recueillant les différents témoignages, elle va comprendre que pour une seule réalité, les vérités sont multiples et que le fantasme et la mémoire sont deux éléments qui se mêlent souvent malgré nous…


“La vie clandestine” est un récit à la fois historique, politique, humain et extrêmement intime, qui va permettre à Monica Sabolo, grâce au contact de ces anciens terroristes, de se trouver elle-même et d'accepter son passé et son histoire pour mieux vivre avec. A travers cette quête identitaire passionnante, qui tente de comprendre et de s'approcher au plus près de la vérité, tout en gardant une certaine distance respectueuse et sans toutefois chercher à résoudre à tout prix les nombreuses énigmes qui en construisent le mythe, elle nous livre un texte touchant de sincérité qui montre l'homme dans toute sa complexité et dans toutes ses nuances.

Voila un livre qui me laisse perplexe.
Le récit, dans lequel Monica Sabolo mêle avec sincérité son douloureux parcours familial et celui beaucoup plus sanglant du groupe Action Directe (Quelle drôle d'idée!) est intéressant , parfois émouvant et on ne s'ennuie pas (Enfin pas tout le temps) .
Par contre j'ai été gêné voire choqué par les marques de sympathie qu'elle éprouve pour ces terroristes dont la violence extrême a finalement desservi la cause qu' ils soutenaient.(D'autant plus qu'à ma connaissance ils n'ont jamais exprimé le moindre regret .)
Personnellement ma compassion va à leurs victimes lâchement assassinées et à leur famille .

Un joli récit, à l'écriture délicate. La voix de la narratrice est touchante dans sa transparence et sa naïveté assumée.
Pourtant il m'a laissée sur une impression d'inachevé. Les deux thèmes qui se croisent ne se rejoignent pas vraiment. En fait je crois que le second, celui de l'histoire personnelle de l'autrice, ne lui a pas encore livré sa clé. J'espère pour le prochain, car il mérite l'attention…