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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Joe Sacco en reportage dans le Nord-Ouest du Canada, chez les Premières nations, les Dene, nous livre son carnet de voyage. Il s'aventure sur des routes gelées, dans des régions parmi les plus isolées et les plus faiblement peuplées au monde.
Il débute avec les souvenirs de Paul qui a grandi dans la forêt, dans le mode de vie le plus traditionnel : difficile, mais paisible et libre. Les enfants apprenaient en regardant et en participant : chasse, pêche, construction d'un bateau…
Et au deuxième chapitre, on saute brutalement dans la modernité : extraction minière, spoliation, désastre écologique.
(Et encore, on ne parlait pas alors des incendies gigantesques qui ravagent actuellement la région.)
Ce reportage est très complet ; trop complet peut-être. L'histoire des revendications territoriales et des traités fallacieux avec le gouvernement canadien est un brin fastidieuse.
Mais au travers des témoignages recueillis, est illustrée la colonisation de ces territoires depuis le 19ème siècle, notamment les scandaleux "pensionnats autochtones" où les enfants indiens ont subi un vrai lavage de cerveau, un véritable génocide culturel (et ce, jusque dans les années 1990). Coupés de leurs racines, humiliés, punis de parler leur langue, ces enfants ne sont pas parvenus, ensuite, à renouer avec leur communauté ; beaucoup ont sombré dans les addictions et la violence.
Un instituteur relate qu'à la question "Que feras-tu ce week-end ?", une collégienne lui a répondu "Me soûler jusqu'à ce que je tombe dans les pommes, comme ça je ne saurai pas qui me maltraite."
C'est… il n'y a plus de mots.
La nouvelle génération, cherchant à retrouver la culture des anciens, semble représenter un espoir pour l'avenir. Sacco s'interroge : existe-t-il une chose telle que "le meilleur des deux mondes" ?
Son dessin est exceptionnel : il s'affranchit des cases, en restant très factuel et descriptif il atteint un incroyable niveau de précision, qui n'empêche toutefois pas l'émotion d'affleurer dans chacun des témoignages.
Traduction sans faille de Sidonie van der Vries.
Challenge Bande dessinée 2023
Challenge Globe-trotter (Malte)
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Joe Sacco va à la rencontre des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest Canadien. Depuis quelques mois, j'ai lu plusieurs livres sur la thématique des populations autochtones au Canada.

Je trouve que la BD reportage permet toujours de donner un éclairage qui complète bien d'autres supports sur une thématique et Joe Sacco est réputé dans ce domaine (notamment dans ses livres sur le conflit israélo-palestinien). Mais (honte à moi), à chaque fois que je lis cet auteur, je me dis que c'est la dernière fois : c'est fouillé, documenté, bien dessiné mais je perds parfois un peu le fil, j'ai du mal à être touchée par les personnes interviewées et à mémoriser…

On retrouve dans ce livre, comme dans les précédents lus sur le sujet, le rapport initial à la nature qui a été mis à mal par la colonisation, les pensionnats qui ont été créés pour que les enfants acquièrent une culture canadienne commune, le problème de l'alcool, de la pauvreté et de communautés actuelles qui vivent souvent à partir d'aides sociales.

Le grand intérêt de cette BD par rapport à mes autres lectures sur le sujet est triple. Elle s'attarde bien les enjeux économiques qui se cachaient derrière cette volonté de récupérer les terres de ces populations qui les occupaient de manière ancestrale : il existe beaucoup de ressources naturelles en gaz et pétrole dans ces territoires. Joe Sacco a su ensuite expliquer les instances politiques, les rapports entre les communautés, comment ont été dessinées les frontières… Enfin il montre les différences de perception entre les trois dernières générations : les grands-parents vivaient encore dans la forêt, les parents ont connu les pensionnats avec la perte d'une partie de leur culture et un caractère endurci par les épreuves subies, la génération actuelle veut trouver des solutions pour tenter de concilier leurs différents apprentissages.

Ce reportage, commandé initialement par la revue XXI et édité avec le concours de Futuropolis, est donc très riche et sa lecture vous fera peut-être découvrir ou redécouvrir Joe Sacco qui reste une référence de ce type de BD (même s'il n'appartient pas à mes auteurs préférés).

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Joe Sacco, reporter-dessinateur, a traîné ses guêtres et ses crayons, dans le Grand Nord Canadien. Il a beaucoup regardé, il a beaucoup écouté et il a surtout bien travaillé. le fruit de son séjour est cet imposant album qui se caractérise d'abord par des dessins soignés où les expressions des différents protagonistes sont une plus value à la dimension anthropologique déjà très forte.
En effet, en raison de l'approche scientifique rigoureuse de l'auteur, le profane découvre ou approfondit ses connaissances. Grâce à ce livre, par exemple, j'ai non seulement saisi la technique de la fracturation hydraulique qui permet d'obtenir du gaz ou du pétrole de schiste mais j'ai pu aussi appréhender les dangers de cette technique avec des arguments étayés.
Mais, l'intérêt majeur de « Payer la terre » est la découverte du peuple Dene. Son histoire et ses us sont décrites à partir de témoignages collectés directement par le reporter. Ils offrent une grande diversité de points de vue. La volonté d'être le plus proche possible des propos tenus par les différents témoins et la remarquable humilité de Sacco donnent une grande force à ce livre, les nombreux portraits sont très émouvants. Les institutions canadiennes, notamment religieuses, ne sortent pas grandies de leurs actions à l'encontre des peuples autochtones. Que l'on se comprenne bien, point d'arrogance gauloise dans ce propos. Tandis que le Canada tentait d'assimiler ses « Indiens », la France s'occupait des enfants de la Réunion ou des enfants de harkis au prix de conséquences humaines parfois douloureuses… Les erreurs coloniales du Canada ne relativisent pas celles des autres puissances.
Et si, au pays de Vigneault comme dans celui de Brassens, il y eut des « Justes », nous devons nous souvenir, à Toronto comme à Bordeaux, de toutes ces identités bafouées, de ces destins cabossés. La nation est une idée noble mais contient toujours une dimension oppressive.
Sacco, qui se met en scène, mais réduit au maximum les anecdotes liées à son périple, présente avec objectivité et prudence les vicissitudes d'une culture minoritaire et menacée. En évitant le piège de la simplification, en rappelant par exemple, la tentation de l'occidentalisation, il se fait l'avocat de tous les peuples opprimés. Oppression qui peut revêtir des degrés variables et des formes différentes. « Payer la terre », par sa dimension universelle, constitue un éloge de l'altérité.
« Payer la terre » n'est pas une lecture ludique. C'est au contraire un livre qui demande de s'accrocher… Autant être prévenu ! Je ne suis pas sûr qu'à la fin d'une journée de turbin, j'aurais accepté aussi facilement d'être ainsi immergé dans les réalités de ce monde lointain qui demande de réels efforts intellectuels tant les codes sont éloignés des nôtres.
Je suis satisfait de cette découverte et profondément admiratif du travail de Sacco et surtout de la philosophie de ces femmes et de ces hommes du Grand Nord.
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Direction le Grand Nord, au pays des Dénés, à la rencontre les membres de plusieurs ethnies du nord-est du Canada. le bédéaste va sur place, rencontre
les autochtones et recueille des témoignages touchants. de cela se dévoile un vrai bouleversement de société et d'éthique. de nombreux peuples vivaient
tranquillement en accord avec la nature. Mais sous leur terre se trouve des ressources d'une grande valeur : pétrole, gaz et pierres précieuses. A partir de là, naissent des problématiques. Entre décolonisation forcée, éducation des enfants, traumatismes, prosélytisme, abus sexuels, violences physiques et verbales, génération brisée, alcoolisme c'est toute une remise en question d'une culture qui se fait. de nos jours, les autochtones cherchent à trouver le juste milieu entre tradition et modernité. Il est difficile à trouver pour satisfaire tout monde quand on est divisé entre protection de l'environnement et exploitation des ressources naturelles. La vision ne doit pas se faire uniquement à court terme. Comment réparer les blessures de groupes quand s'est immiscé la violence et l'alcoolisme? La perte de repère est omniprésente. Chaque territoire a négocié un petit quelque chose où l'Etat a tenté d'influencer
pour son intérêt. le constat est affligeant. le pouvoir de l'argent est non négligeable.
En 2015, Joe Sacco avait été initialement pour un reportage publié par la Revue XXI en 2016 sur les conséquences écologiques de la "fracturation hydraulique", pour l'extraction des gaz de schiste. Il y retournera pour approfondir le sujet et surtout l'impact humain. Impossible de pas être touché et révolté sur ce qui s'est passé. Là aussi on voit que l'on enlève les enfants pour les dresser dans des camps avec des religieux qui leur imposent leur foi, leur langue, leur façon de pensée et surtout leur haine. Humiliation, abus sexuel, coup.. tout est bon pour dresser ce qui est souvent considéré comme de la mauvaise graine. Comment par la suite retourner chez soi quand on te dresse à repousser ta culture native? Une fracture générationnelle se déploie avec l'oublie des tradition, des langues et de la communauté. Cela a concerné 150 000 enfants indigènes jusqu'à la fin des années 1990 et ce n'est pas négligeable.

La bande dessinée met le focus sur cela qui est volontairement effacé de l'Histoire d'un pays. Dorénavant, il reste une trace et ce dans le monde. Surtout qu'il s'ancre dans le réel grâce à l'ensemble de témoignages et le croisement des opinions. Un vrai travail de mémoire utile. le dessin sobre, en noir et blanc, très réaliste, contribue à donner de la vraisemblance. Un travail qui a pris 4 ans et cela se comprend.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Joe Sacco nous emmène à la découverte de la population des Denes dans le Nord du Canada. Cette population autochtone a subi une tentative d'assimilation brutale de la part des colons. de quoi vous laisser des séquelles sur plusieurs générations...

"Payer la terre" est une bande-dessinée reportage d'une grande pertinence. Chaque chapitre évoque un paramètre de l'histoire et/ou de la culture des Denes. le propos est intelligent, maîtrisé, et le dessin nous plonge dans le Grand Nord avec force détails.

C'est un livre témoignage engagé qui permet à ces femmes et à ces hommes de faire entendre leurs voix.

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Je connaissais Joe Sacco pour avoir lu deux de ses ouvrages (pas ses plus célèbres) : « La grande guerre, le premier jour de la bataille de la Somme » et « Jours de destruction, jours de révolte ». Je retrouve dans ce gros pavé de 270 pages ce qui m'avait séduite dans les précédents : un dessin précis, documenté et minutieux ainsi qu'une multiplication des témoignages et des points de vue pour éviter le dogmatisme. J'ai même l'impression que, même si cela se passe au Canada (dans les Territoires du Nord-Ouest quelque part entre la Colombie britannique et le Yukon), « Payer la terre » est comme un long prolongement de la première enquête de « Jours de destruction » qui avait pour cadre les dernières réserves indiennes des USA où les populations dépossédées de leurs terres étaient gangrenées par la violence et la drogue. Sacco y montre pareillement les méfaits d'un système qui détruit l'homme et l'environnement.

Ceci se retrouve d'emblée sur la couverture : Joe Sacco la sépare en deux parties : en haut, couleur sépia, couleur des vieilles photos d'autrefois et du passé, on aperçoit trois générations des peuples autochtones, dans la forêt coupant du bois pour faire du feu pendant qu'un enfant joue surveillé par les chiens de traineau. En bas, grisé noir, comme les ressources exploitées, on trouve du matériel d'extraction et aucune trace humaine. On a ainsi d'emblée l'opposition entre un passé présenté comme simple et en harmonie avec la nature et un présent complexe et inquiétant (avec un cadrage en légère contreplongée) et l'on va donc devoir se demander comment les deux sont conciliables.

Le titre assez énigmatique est expliqué à la fois par un sur-titre : « A la rencontre des premières nations des territoires du Nord-Ouest canadien » et un sous-titre « redonner à la nature ce que la nature nous a donné » qui est en fait extrait du témoignage de Frederick Andrew qu'on trouve dans l'album. Mais l'utilisation de la première personne du pluriel permet d'inclure le lecteur : on dépasse ainsi la simple enquête anthropologique annoncée dans le surtitre pour arriver à une réflexion écologique qui nous interpelle tous à la forme interrogative.

Un livre de témoignages

L'album est divisé en six chapitres introduits par des pages de garde sur lesquelles trône une gravure carrée sur fond gris et chacun de ces chapitres est divisé en sous-chapitres titrés par une phrase d'interview mise en exergue. La mise en page est variée mais dense … parfois un peu trop. Ce sera l'un de mes reproches principaux à l'album. Comme indiqué sur la couverture il s'agit d'une collaboration entre Futuropolis et la revue XXI puisqu'à l'origine de « Payer la terre » on trouve « Les Temps fracturés » un reportage commandé par la revue et paru en deux parties de deux fois 30p en 2016. Mais Joe Sacco avait un sentiment d'inachevé et est reparti compléter son enquête et la développer. Il a peut-être souffert ici d'une trop grande volonté d'exhaustivité.

Les témoignages sont intéressants mais peut-être trop nombreux. J'ai trouvé passionnant celui de Frederick Andrew qui explique fort bien la différence de la conception des Dénés et des Occidentaux dans leurs rapports à la Nature. Celui de Paul Andrew qui raconte comment enfant il a été emmené de force dans un pensionnat où on les dépossédait de leur culture , de leur langue et même de leur identité (on séparait les fratries et les appelait par un numéro) était bouleversant. Enfin le témoignage de l'ancien instituteur Dudley Johnson qui montre que cette politique d'acculturation délétère cause encore de nos jours des ravages est très édifiant. A un moment, l'un des témoins parle de « génocide culturel » et c'est vraiment le cas. J'ai apprécié aussi le témoignage d‘Eugène Boulanger, l'un des jeunes de la nouvelle génération qui, à la toute fin de l'album, apporte une note d'espoir dans ce consta d'échec global. Mais j'ai nettement moins apprécié les témoignages redondants (une reprise sous forme féminine de l'acculturation forcée qui n'apporte rien de plus ; une multiplication de témoignages de la nouvelle génération aussi quand celui de Boulanger était suffisant) ainsi que ceux qui mettent en scène les revendications politiques et les difficultés parfois un peu trop obscures à créer un parti politique indigène. Il y a trop d'aspects abordés qui noient la force du propos. J'aurais souhaité que Sacco concentre son récit sur les 4 témoignages que je viens d'évoquer et le « dégraisse » un peu.

Une variété graphique

On peut remarquer quatre types de dessins dans l'album.
Le premier, plus anecdotique, s'apparente à la caricature et est utilisé pour le récit cadre : pour raconter le périple de Shauna et Joe Sacco. L'auteur y apparaît avec de grosses lèvres, un gros nez et des lunettes rondes blanches qui cachent ses yeux. Il ressemble à un personnage de cartoon (et sa guide aussi) alors que les autres protagonistes ont les traits fins. C'est dans ces pages que l'album se rapproche le plus d'une bande dessinée traditionnelle avec l'usage de cases.

Le deuxième plus réaliste s'apparente à l'art du portrait. Il est utilisé pour mettre en scène les différents témoins (d'après photos), se détache du récit en étant sur fond noir et inséré dans les pages. Souvent la même case est reprise. Cela permet de mettre en évidence le temps de l'énonciation.
Le troisième type concerne les vignettes d'ouverture de chapitres et ressemble à des polaroids ou à des instantanés avec leur format carré sur fond gris et leur aspect réaliste et en même temps à des gravures anciennes par la technique.

Et le quatrième, le plus impressionnant est celui des récits encadrés des différents témoins qui retrace leur vie, leurs souvenirs et ceux de leurs peuples. C'est là qu'on observe le plus de variété avec parfois des pleines pages ou des doubles plages sur fond blanc construites en de véritables plans séquences de toute beauté de paysages enneigés, de campagne de pêche, de naissance (comme la première page époustouflante) mais aussi d'explorations minières.

Mais là encore souvent les 4 styles de dessin se chevauchent sur une même page et on a alors une impression de trop plein…


Dans cette bd reportage, Joe Sacco donne la parole aux invisibles, aux opprimés, à ceux qui vivent dans la précarité. Il met également en scène la version des puissants et des officiels, des pragmatiques aussi et toute la complexité du problème apparaît dans la juxtaposition de ces points de vue. Cette histoire effrayante est transmise sans pathos. Les interviewés sont factuels, résignés, pour certains. Tous les récits sont à hauteur d'homme et on a l'impression souvent qu'ils nous sont directement adressés parce que les personnages sont « face caméra » et semblent se confier à nous. Cela permet de donner un visage aux problèmes abordés : on connaît tous le gaz de schiste mais voir les déchirements que cette exploitation provoque en éradiquant la terre, la culture et même l'existence de personnages attachants dans leurs combats, leurs faiblesses et leurs contradictions c'est nettement plus marquant.

L'auteur documente le drame d'un peuple et d'une région (surtitre) mais aussi de toute une planète (sous-titre) qui par avidité ne parvient pas à respecter la nature et à « payer la terre ». C'est donc un ouvrage salutaire indispensable même s'il est -du fait de sa densité- pas toujours abordable.
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Le long chapitre consacré aux « pensionnats autochtones » est le point central du reportage. Ces pensionnats, dans lesquels ont été amenés des enfants enlevés de force à leur parents pendant 150 ans jusqu'au milieu des années 90, sont un exemple effroyable de l'acculturation de masse de tout un peuple. Au final, le gouvernement fédéral n'aura cessé d'effacer pendant des décennies chez près de 150 000 enfants les fondements de leur identité. Six mille sont morts à cause des mauvais traitements et le traumatisme subi par les autres a bouleversé en profondeur les racines sociales, culturelles et patrimoniales des premières nations des territoires du nord-ouest canadien.
L'auteur de Palestine souligne également les divisions politiques entre clans, la perte de la solidarité qui était jusqu'alors le moteur de la communauté, les ravages de l'alcool, les violences familiales, le taux de suicide bien plus élevé que n'importe où ailleurs au Canada ou encore la misère « entretenue » par une aide sociale qui enferme les peuples autochtones dans une dépendance vis-à-vis de l'administration et leur retire toute aspiration à l'autonomie.
Un album au propos complexe, exigeant, éclairant et surtout passionnant. Sacco est le maître du reportage en BD. Sa façon de prendre à bras le corps un sujet et de l'exploiter dans toutes ses dimensions est absolument unique. Sa rigueur associée à sa capacité à confronter les points de vue ainsi que sa volonté de mettre en avant un matériau brut mêlant faits et témoignages sans émettre le moindre jugement aboutit à un résultat d'une profondeur de réflexion inégalée, en tout cas dans un média tel que la bande dessinée.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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Je suis un peu embêtée par la rédaction de cette critique car malgré les qualités indéniables de ce roman graphique et le travail considérable de son auteur, j'avoue que j'ai eu beaucoup de difficultés à le terminer. La raison principale tient au fait que Joe Sacco accumule les témoignages de personnes issues des différentes minorités autochtones qui peuplent les territoires du nord-ouest canadien mais il les présente les uns à la suite des autres, de la même manière que lorsqu'il les a recueilli, à la façon d'un carnet de voyage. Ces récits se recoupent et abordent les mêmes thèmes et problématiques qui reviennent tout au long de la BD sans qu'une synthèse en soit faite. Au deux-tiers du livre, j'ai donc éprouvé un sentiment de lassitude face à ces répétitions.
Il n'en reste pas moins que le propos est très intéressant et instructif. L'auteur montre très bien l'évolution de l'histoire de ces peuples, leurs problématiques passées et actuelles et les choix difficiles auxquels ils doivent faire face. L'exploitation des ressources de ces terres est un enjeu majeur et une vraie question qui se pose. Il faut en peser les avantages économiques face aux inconvénients écologiques. On s'aperçoit ainsi que les préoccupations de ces peuples ne sont pas éloignées de celles du reste du monde.
La responsabilité du gouvernement qui a voulu modifier leur mode de vie pour l'occidentaliser est également mise en avant tout comme les problèmes financiers et liés à l'alcool car comment s'occuper lorsqu'il n'y a pas de travail et qu'on n'a rien à faire ?
Un sujet intéressant mais que j'aurai préféré un peu plus synthétisé.
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J'ai toujours apprécié le travail mené par Joe Sacco, et j'ai encore en mémoire certaines scènes de son reportage en Tchetchénie notamment. Je m'attendais, sûrement à tort, à être autant secoué, mais il faut reconnaitre que si Payer La Terre nous permet de mieux connaitre, nous français, la longue lutte des peuples autochtones du nord du Canada pour la reconnaissance de leur existence, il faut reconnaitre que l'ouvrage aurait gagné en rythme par une moindre pagination. J'ai parfois ressenti de l'ennui.
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Il s'agit d'un reportage sur les Dene, un peuple du nord ouest du Canada qui vivait en harmonie totale avec la nature et les animaux. Sous forme de bande dessinée en noir et blanc (je n'ai pas trop aimé le dessin), l'auteur montre les changements induits par la société moderne et les industries gazières te pétrolières sur ces peuples. L'éducation forcée en pensionnat, les ravages de l'alcoolisme, des chantiers colossaux qui ne respectent pas l'environnement, la déforestation etc..; Ce genre d'ouvrage écolo me plait assez en général mais ici je n'ai pas trouvé la possibilité d'une lecture fluide.
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