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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Joe Sacco, journaliste de profession est le maître absolu de la BD de reportage. Sacco est devenu au fil de ses publications une sorte de reporter d'après-guerre qui prend le crayon plutot que le stylo ou la caméra .

Après des récits de terrain sur le conflit entre Israël et Palestine (Gaza 1956, son dernier en date) ou encore sur l'Irak et sur la Bosnie, le bdésiste américain, figure incontournable de ce genre bien particulier, revient après dix ans de silence, pour nous livrer un récit sur un peuple autochotone qui vit sur les Territoires du Nord-Ouest du Canada.

Toujours engagé, toujours au plus près des peuples qui soufflent, il est ainsi parti sur ce territoire situé aux frontières de l'Arctique et où se déroule également un conflit une guerre coloniale sans nom qui ont pour victime les Indiens Dénés.,

Forêts enneigées, chiens de traîneaux forment le décor a priori idéal d'une histoire qui compte pourtant son lot de tragédies et de traumatismes pour cette .ethnie du nord-ouest du Canada.

Joe Sacco va retourner à plusieurs reprises sur cette terre , pour y recueillir les témoignages émouvants et empreints d'authenticité de ces hommes et femmes foudroyés par un colonialisme violent fondé sur , la rentabilité et le génocide ethnique.

Il raconte avec beaucoup de pudeur et de dignité l'histoire d'un peuple traumatisé, arraché à ses traditions ancestrales , qui a tant lutté pour reconnaitre leurs droits et leur identité et qui tente tant bien que mal de se reconstruire.
UN trait particulièrement précis, fourmillant de détails très acéré offrant un regard réaliste et très respectueux sur ce peuple qu'on connait si mal .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Payer la Terre est un essai sous forme de BD par le journaliste Joe Sacco, connu principalement pour ses excellentes oeuvres sur la Palestine.

Il prend ici le prétexte d'un voyage dans le Grand Nord canadien pour recueillir des témoignages sur l'histoire des Premières Nations de ce territoire : les Dénés.

(Pour le public français : on utilisera ici "Autochtones" ou "Premières Nations" pour parler de ceux que vous appelez "Amérindiens". Amérindien voulant dire "Indien d'Amérique", c'est un mot un peu absurde jugé archaïque sinon carrément péjoratif.)

Je vous préviens, si vous entretenez une image du Canada comme un pays de décence et de politesse, vous désenchanterez. C'est juste meilleur pour le marketing quand on génocide en s'excusant.

Cette BD raconte donc l'histoire des pensionnats, cette époque où les enfants autochtones étaient enlevés de force à leurs parents pour les donner à l'Église. Église qui les forçait à oublier leur langue et culture à coup de poings et de jeûne imposé. Les viols y étaient monnaie courante, tant des religieux que des autres pensionnaires. Et la BD, écrite en 2015, n'a même pas l'occasion de mentionner ces dizaines de milliers de tombes anonymes retrouvées près des anciens pensionnats seulement dans les 4 dernières années.

La BD ne mentionne pas non plus la stérilisation forcée des femmes autochtones, sujet qui commence à peine à ne plus être tabou.

Et tout ça s'est terminé quand, me demandez-vous?

Vers la fin des années 90.

Le résultat de ces politiques est des communautés brisées, où les problèmes liés à l'alcoolisme, l'inceste et la violence conjugale occupent une place démesurée.

La principale voie de sortie promue par les institutions canadiennes face à cela?

L'exploitation pétrolière.

En gros : "Si vous cédez vos territoires ancestraux, on viendra les exploiter et les détruire. En échange, on vous donnera bien une poignée jobs pendant quelques années."

Bref, voilà les évènements que cette BD explore au travers les témoignages de ceux qui les ont vécus.

(D'ailleurs, je sais qu'au nord du Québec, la sédentarisation forcée des autochtones s'est faite par l'abattage des milliers de chiens de traineau par la Police Montée Canadienne. Je serais curieux de savoir si c'est aussi le cas pour les Dénés, mais je ne trouve pas d'informations sur le sujet.)
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Joe Sacco se fait ici l'avocat de la Terre et des Dene, ces populations amérindiennes vivant sur les Territoires du Nord-Ouest dans la partie septentrionale du Canada. Grâce à son travail journalistique considérable, il nous offre un précieux document d'archive combinant une recherche documentaire poussée couplée à son coup de crayon magistral.

La clef de voûte de cette histoire repose sur l'exploitation autrefois raisonnée des ressources naturelles par les autochtones (pêche, chasse, bois) et celle déraisonnée des pilleurs venu d'Europe (chasse en nombre, déforestation, extraction de l'or, des métaux, des diamants puis des gaz de schiste).

Son dessin en noir & blanc est constitué de milliers – non, plutôt de millions – de traits, de motifs, de points tracés à l'encre de chine, plus ou moins épais, plus ou moins denses, capables de restituer précisément la neige, les traces, les paysages, la forêt, les habits traditionnels des indiens ou ceux des colons !

Ici comme ailleurs, les hommes blancs sont arrivés avec armes et bagages pour imposer leur vision du monde : religion, exploitation, destruction et sauvagerie.
Et notre vision du monde consiste à prendre sans demander et sans murmurer en contrepartie ni remerciements, ni prières.

Prendre, arracher, profiter honteusement de la terre et de nos semblables et ne payer nos dettes qu'avec du mauvais alcool et du trioxyde de diarsenic, substance mortelle même à très faible dose.
Une seule mine, la mine Giant à Yellowknife, en a générée 237'000 tonnes.
Que l'on se rassure ! le génie de l'homme occidental a imaginé une technique infaillible pour piéger ce redoutable poison au fond de la mine elle-même en congelant la roche tout autour. Cette solution est garantie pour « 100 ans ». Ainsi, les générations futures auront la tâche de trouver ensuite une parade au risque de polluer irrémédiablement les nappes phréatiques de la région…

Une BD reportage incontournable.
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Nouvelle enquête graphique de Joe Sacco, qui a ces derniers temps laissé de côté le reportage de guerre pour s'intéresser aux évolutions, notamment sociales et historiques, de l'Amérique du Nord, Payer la terre s'intéresse cette fois aux premières nations des territoires du Nord-Ouest Canadien.

A travers six chapitres, le journaliste fournit, comme à son habitude, une enquête fouillée, entre recherches en amont, entretiens sur place, complément des recherches préliminaires et entretiens en aval, pour raconter l'histoire de ces premières nations, les Dene, depuis le XIXème siècle et les premières colonisations anglaises, jusqu'au XXIème siècle et l'essor d'une nouvelle génération qui souhaite un retour à la terre et aux traditions ancestrales, en passant par d'autres générations qui ont entretemps subi divers traumatismes causés par l'arrivée des colons, de leur désir d'assimiler ces nations par des pensionnats catholiques, à leur impérieuse envie de posséder leurs terres pour mieux en forer les sols ou en faire des mines de diamant. Ce sont donc des communautés exsangues, dépendantes des autorités, exploitées par les grandes sociétés minières et pétrolières, souvent en proie à plusieurs addictions (surtout l'alcool) ayant pour conséquence des abus divers et variés, qui n'ont plus de sens à donner à leur existence du fait d'avoir dû s'adapter sans en avoir le choix à des traditions qui leur ont été imposées par les pensionnats, que Joe Sacco rencontre et interroge. le rapprochement que l'on peut faire entre les Dene et les premières nations des Etats-Unis est immédiat, et l'on peut comprendre ce choix pour le reporter de se rendre sur les traces canadiennes de celles-ci : montrer que cela ne concerne, et n'a pas concerné, que les Etats-Unis – l'on peut bien sûr aussi penser à l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Asie… qui n'ont pas été épargnées par ces colonisations européennes.

Et comme à son habitude, l'enquête s'accompagne de graphismes tout aussi fouillés et réalistes, que ce soit pour représenter les garants de l'histoire des Dene, passée, présente, ou future, ou pour représenter les deux pans à travers lesquels les Dene sont désormais tiraillés : l'appel de la nature, d'un retour à la forêt, à la simplicité, à la liberté, via de magnifiques panoramas naturels, sources d'espoir et de renouveau pour les nouvelles générations ; la « civilisation » qui leur a été imposée et qui n'a fait que les aliéner au fil des générations, via des panoramas cette fois de villes mornes, de chantiers de forage ou de mines à l'abandon qui insistent sur leur capacité de destruction et de risque d'annihilation complète de ces premières nations.

C'est donc encore un excellent reportage de Joe Sacco que j'ai eu entre les mains, un reportage que j'ai pris plaisir à lire malgré la gravité du sujet, en ce qu'il est, pour moi, un véritable travail de journalisme au long cours, de plus en plus rare à notre époque.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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Cet album est un reportage, une analyse et une réflexion très détaillée et documentée sur les Premières Nations. Pour comprendre leur mode de vie ancestral en lien avec la nature, la transmission de la culture orale, les valeurs d'une communauté solidaire... mais aussi pour découvrir ce que la colonisation et la présence de riches ressources fossiles dans leur sous-sol a engendré comme violences et ruptures, détruisant un patrimoine aussi spirituel que domestique.
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Pour son retour à la bande dessinée documentaire, Joe Sacco part dans le grand nord, mais surtout dans ce qui fonde notre humanité. Son enquête met au jour ce sur quoi nous fermons les yeux au quotidien : comment une forme de civilisation basée essentiellement sur le profit économique détruit d'abord le lien à la terre, puis tout simplement l'humain, la communauté, l'échange. Ce livre à la puissante portée écologiste et humaniste enchante autant qu'il désespère. Il est salvateur. du grand grand Sacco. de la grande bande dessinée !
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Gros coup de coeur pour ce documentaire graphique où Joe Sacco, sous la forme d'un reportage où sont interrogés plusieurs autochtones, nous présente l'histoire et la situation actuelle du peuple Dene à travers de courts chapitres magnifiquement dessinés (les visages en particulier ont une intensité particulière) et particulièrement bien documentés. Rappelant le passé et s'appuyant sur le déséquilibre provoqué par les besoins de la civilisation moderne contre le mode de vie des amerindiens , il montre comment les tentatives d'assimilation par le gouvernement canadien n'a fait qu'isoler les Dene, les coupant de leur propre culture au point d'être rejetés par leurs tribus en ne leur apportant en échange que de l'assistanat, et contribuant ainsi à les plonger dans l'alcool, la violence et le désespoir.
Sans parti pris mais au contraire avec une immense qualité d'écoute et d'attention, Sacco confronte les divers points de vue, de ceux qui ont été arrachés à leurs familles pour être placés dans les écoles catholiques et qui en ont gardé colère et rancoeur, à la nouvelle génération qui cherche de nouvelles voies, en passant par les pragmatiques qui cherchent à tirer des avantages de la domination des blancs sans pour autant penser au futur. le livre s'achève sur une belle note d'espérance venant de ces jeunes Dene qui ayant assimilé l'instruction des blancs et cherchant à retrouver leurs propres valeurs traditionnelles et spirituelles, ne refusent pas complètement les nécessités du monde moderne mais veulent en avoir le contrôle dans le respect de cette terre qui est la leur, tout en trouvant une place qui leur a été jusqu'alors refusé.
"Et peut-être que Dolphus ou quelqu'un comme lui trouvera la formule pour faire coexister des connaissances transmises oralement depuis des temps immémoriaux avec l'information qui arrive en une nanoseconde via une puce d'ordinateur."
"le gouvernement à incité les gens à quitter la forêt pour scolariser leurs enfants. Ils sont passés d'une vie libre en pleine nature à un système fondé sur l'argent, mais sans emploi."
On peut dire que Joe Sacco a l'art de la formule, en plus du dessin, et ça porte !
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Un magnifique livre graphique ! Joe Sacco nous transporte au Canada, dans le grand nord où vivent les Indiens Dene. Roman graphique reportage, le journaliste nous raconte leur histoire et ses chamboulements avec l'arrivée des colons.

Nature contre économie, traditions contre modernité, comment ont-ils vécu face à l'arrivée du monde nouveau, de l'homme blanc ?

Sous ses dehors magnifiques (quel détail dans le dessin ! J'adore !), ce roman traite de sujets très durs. Comment les hommes blancs ont voulu éduquer, "acclimater" les indiens avec les pensionnats pour enfants, en les coupant de leur famille, en leur interdisant d'utiliser leur langue natale... On y découvre des choses terribles (et pas si vieilles que cela !) qui ont encore un impact sur leur vie aujourd'hui.

J'ai appris énormément de choses sur leur culture, sur leurs conflits avec les colons...
J'ai aimé la confrontation des points de vue : le reporter nous fait découvrir différents témoins qui n'ont pas tous la même vision du monde (refus de l'exploitation pétrolière ou acception... ). le trait de dessin, profondément expressif, apporte sa touche d'émotions.
Un livre engagé et un ouvrage à découvrir pour ouvrir les yeux et ne pas oublier !
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C'est un livre pour mieux comprendre les problématiques et la complexité de la décolonisation des territoires du Nord-ouest canadien. Joe Sacco restitue un travail de journaliste grâce à cet ouvrage illustré très bien documenté (investigations sur site, interviews). le roman graphique est dense dans le dessin comme dans le propos. Les planches fourmillent de détails et d'informations. On comprend parfaitement le sens du titre « payer la terre ». le tribut est excessivement lourd pour les premiers nés et leur descendance.
Dans quelle mesure le retour au piégeage et à la pêche serait-il possible ? Comment les Dene pourraient-ils se soustraire des allocations du gouvernement, retrouver intégralement leur dignité ? Envisager un autre avenir que celui de l'exploitation des ressources de la terre comme le développement d'un tourisme raisonné ?
Je ne comprenais pas la sombre situation sociale : violences conjugales, addictions, insertion difficile dans le parcours scolaire… Les écarts en statistiques socio-culturelles sont dramatiques. Traités parfois de « bs » (allocation sociale) ou qualifiés d'alcooliques avec une note de mépris, les autochtones sont souvent stigmatisés. Ils sont pourtant bien chez eux et les ressources de leur terre (diamant,minerais,gaz …) ont largement contribué à l'économie de marché du Canada.
Joe Sacco conclut avec l'évolution des préoccupations politiques, les dissensions internes et surtout l'état des lieux de cet espace naturel hors-norme. Aujourd'hui les droits et l'autodétermination des natifs sont revus de manière collaborative entre gouvernements (Premières Nations, Canada et Québec). Ce fut une lecture très enrichissante de l'histoire des populations du Nord-ouest depuis le XIXeme siècle aux différents enjeux et points de vue contemporains. Si vous aimez les enquêtes d'investigation, ce roman graphique est fait pour vous.
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Joe Sacco publie le récit de son enquête fouillée au pays des Dénés, les membres d'une ethnie du nord-est du Canada. Joe Sacco dessine la vie actuelle et passée de ce peuple. Il raconte le conflit essentiel que les Dénés traversent : comment se développer économiquement sans perdre son identité, sans renier sa culture. Les différents entretiens permettent de rentrer avec nuances dans cette problématique. Joe Sacco prend une position la plus neutre possible et quand il n'est plus neutre, il l'affiche clairement.
Son enquête permet de comprendre les enjeux philosophiques qui sous-tendent les différentes positions. Bravo !
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