J'allais vite. Je suis allée vite toute ma vie, suffisamment vite, peut-être, pour aller trop vite.
Les hommes supportent mieux, je crois, d'avoir un rival vivant qu'un rival abstrait.
Ah ! Croyez-vous qu'une de vos actrices ait pu être idolâtrée, vous plaisantez ! On les voit dans vos gazettes faire la cuisine, langer leurs enfants, expliquer comment elles restent jeunes, comment elles s'habillent comme tout le monde, comment elles reçoivent tout le monde.
Croyez-vous que le monde entier eût aimé que je lui ressemble ? Croyez-vous que le monde m'eût mise sur un pavois si j'avais été comme le monde était lui-même ? Enfin, quelle grotesque ambition que de vouloir ressembler à tout un chacun !
délivrez-moi des gens riches, ils sont trop coûteux !
Est-ce que les hommes beaux nous demandent de les aimer pour leur cerveau (remarquez, il est vrai que cela leur arrive, hélas ! C'est une petite obsession, toujours provisoire, Dieu merci !) ?
Les hommes aiment bien être rassurés dans leur vanité, cela ne nous dérange pas beaucoup dans nos agissements. Après tout, qu'est-ce qui mène le monde, à part nous ?
...(le désir de mourir est un des désirs les moins exaucés qui soient sur cette terre, ou plutôt il ne l'est qu'une fois... ce qui est une chance).
Les hommes drôles n'aiment pas beaucoup que l'on rie des plaisanteries des autres.
Avez-vous remarqué que les hommes très riches ne vous font jamais de cadeaux aussi beaux que ceux que vous leur faites ?... Peut-être parce qu'ils ont trop peur d'être aimés pour leur argent ? Ou alors, ce sont des cadeaux qu'ils peuvent partager : un voyage qu'ils feront avec vous, un bijou dont ils pourront dire où ils l'ont acheté. Non non, je vous dis : leurs cadeaux ne sont jamais gratuits. Quel dommage !
J'aime un livre, j'aime le tenir dans ma main ; j'aime rêver comment je voudrais qu'il finisse et comment j'aimerais que l'héroïne dise ce qu'elle dit au héros, ou ce qu'elle lui cache. En réalité, je peux très bien oublier qui je suis quand je lis ; contrairement à certaines de mes consœurs, je ne cherche pas dans un texte, même énorme, une seule réplique pour mes beaux yeux. ( p 74)