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Dans le Bakou du début du XXème siècle, Ali jeune musulman est amoureux de la Géorgienne chrétienne Nino.
Ce roman raconte leur amour, dans un pays tiraillé entre orient et occident et où les russes et les turcs vont se livrer une guerre sans merci.
C'est un roman très ambitieux , nous montrant le mélange des cultures dans un pays ouvert et tolérant, où les juifs côtoient les musulmans, où les chrétiens sont bien acceptés.
Il est reconnu comme étant le roman qui a mis en exergue le retour de l'importance de l'islam militant, à travers Ali et ses mais , tiraillés entre les ordres de défendre la Russie et l'envie d'aider leurs frères musulmans.
Pas évident à lire , on est plongé dans la vie du Caucase où une jouxte de poésie devait se finir par une ablation de la tête du perdant.
C'est un tourbillon historique, culturel , porté par la trame amoureuse dans un monde qui finalement était peut être plus tolérant que le notre.
Un petit mot sur l'auteur.Azeri de confession juive, de son vrai nom Lev Nussimbaum, il s'exila en Allemagne devint musulman et fréquenta de près les milieux nazis ou de Mussolini quand il partit en Italie.
Appelé l'Houdini littéraire, c'est assurément un personnage complexe dont les multiples origines lui ont permis d'écrire avec une certaine acuité sur les oppositions religieuses ou les brassages ethniques .
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Bakou, sur les bords de la mer Caspienne, années 1910. Ali khan Schirwanschir, le narrateur, est un jeune aristocrate musulman azerbaïdjanais. Il est amoureux de Nino Kipiani, une jeune chrétienne géorgienne, la fille d'un riche marchand qui vient de se voir autorisée à porter le titre de princesse par les autorités russes. Ils veulent se marier lorsque cette dernière, encore étudiante – Ali lui vient de graduer au début du récit - aura terminé le lycée. Tous deux ont reçu une éducation européenne et vivent dans une région où cultures et religions coexistent dans le respect mutuel. Jusqu'à ce qu'Ali apprenne que le tsar a déclaré la guerre, ce qui ne pourra être sans impact, on le devine, sur le cours de leur vie... Comparer ce roman à un « Roméo et Juliette oriental », tel que le suggère le quart de couverture, ne rend pas justice à cette oeuvre qui va bien au-delà du thème de l'amour impossible ou contrarié. C'est la fin d'un monde que raconte Kurban Saïd, un pseudonyme de Lev Nussimbaum si l'on en croit l'enquête de Tom Reiss, dans ce récit foisonnant de traditions ancestrales. Je n'en ai pas trouvé la lecture fluide cependant, ce que j'attribue à mon peu de connaissance des enjeux géopolitiques, religieux et historiques de cette partie du monde, ayant été amenée à plusieurs reprises à devoir effectuer des recherches pour tenter d'y voir plus clair. Une rencontre enrichissante, qui me donne envie d'en apprendre davantage sur la culture du Caucase.
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C'est dans la foulée de ma lecture de l'ouvrage de Tom Reiss, L'Orientaliste, que j'ai lu Ali et Nino, le chef d'oeuvre de Kurban Said, alias Lev Nussimbaum. Ali et Nino, c'est le roman de l'Azerbaïdjan, pays d'une insolente richesse grâce au pétrole, coincé entre l'empire russe et la Perse.

Ali Kahn est déchiré entre sa passion pour l'Orient et ses traditions et un intérêt pour l'Europe et la modernité. Sa relation avec Nino, jeune princesse Géorgienne symbolise la rencontre des deux mondes. Si Ali se montre ouvert et tolérant, il voit disparaître avec une profonde tristesse un Azerbaïdjan ancré dans une culture ancestrale.

Ali et Nino est un roman nostalgique, Lev Nussimbaum, un juif de Bakou qui avait dû s'exiler au moment de la Révolution d'Octobre, se glisse dans la peau d'un musulman pour évoquer la fin d'un monde. le Bakou d'avant la Grande Guerre est présenté comme une société multiethnique assez harmonieuse ou cohabitent les coutumes des hommes du désert et le souci du progrès économique.

On est frappé par la résonance que prend l'ouvrage au regard des vicissitudes de la vie de Nussimbaum. Il y a dans Ali et Nino une espèce de fatalisme terrible, le constat de l'impossibilité pour l'Azerbaïdjan de trouver sa voie, de conserver sa culture entre ses voisins si puissants.

Le livre est attachant, malgré une écriture marquée par son époque (il s'agit d'un roman écrit en 1937) et une certaine emphase lorsqu'il s'agit de décrire l'Orient. Les personnages sont des archétypes, représentant les forces vives de la société tout en présentant une certaine complexité psychologique. L'intrigue est complexe et plutôt subtile.
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Voici effectivement un roman orientaliste, dont l'auteur, dans un récit à la première personne, emprunte l'identité d'un jeune aristocrate musulman, à peine plus âgé que lui-même, qui vit une passionnée histoire d'amour interethnique avec Nino, la Géorgienne chrétienne, sur fond des deux guerres que l'Azerbaïdjan a combattues en marge de la Première Guerre mondiale. Contrairement à l'auteur, le personnage principal choisit enfin le combat et la mort pour l'indépendance contre les Russes plutôt qu'un second exil.
Pourquoi un roman orientaliste ? Parce que, plus qu'une épopée d'amour et de guerre, c'est l'histoire de la confrontation entre l'Orient-islam-tradition et l'Occident-sécularisme-modernité qui s'y joue sur trois niveaux : d'arrière-plan, par la modernisation pétrolière du pays, imposée par la colonisation impériale russe et bientôt bolchevique, avec toutes ses institutions dont l'école et par le biais des minorités chrétiennes implantées (Arméniens, Russes et Géorgiens), mais qui y résiste à deux reprises ; dans le centre de l'action, par le couple mixte des héros éponymes, par les conditions tumultueuses de leur union et les mises en question de sa durabilité ; enfin, plus subtilement, par la caractérisation même du personnage d'Ali khan, dont les deux « cultures », orientale et occidentale, s'affrontent dans une dialectique où les compromis réciproques ne sont jamais définitifs.
Orientaliste aussi parce que, tout au moins au début du livre, les traits marquant l'Orient sont grossis jusqu'à la caricature, presque. Peut-être le sont-ils aussi dans les yeux du héros-narrateur jusqu'à ce qu'il ne lui faille reconnaître en soi-même le caractère problématique de sa double identité.

Au niveau historique, la confrontation Orient-Occident, nous l'avons dit, se passe par deux guerres : contrairement à deux personnages secondaires amis d'Ali khan, il refuse de prendre les armes aux côtés de l'armée impériale russe lors de l'éclatement du conflit mondial. Par contre, dans la trame du roman, son meilleur ami, l'Arménien Nachararjan, se conduit en traître par le rapt de sa fiancée Nino, et le crime d'honneur qui s'en ensuit conduit Ali khan à une cavale dans les montagnes du Daghestan, où règne encore un mode de vie ancestral. Ali khan prend les armes une première fois contre l'armée russe qui avance dans le pays avec l'appui par traîtrise des Arméniens, d'abord liés aux Azéris par un front commun d'indépendance. Dans l'historiographie la plus courante, ces événements sont connus comme une guerre civile entre Arméniens et Azéris, jusque dans les rues de Bakou – c'est ainsi qu'en parle aussi Banine – avec intervention russe déterminante aux côtés des premiers et rétorsion ottomane par les fameux événements de 1915. Dans ce livre, il est clair que la thèse de la traîtrise arménienne est amplifiée par le parallèle avec l'action romanesque. À noter aussi que la déroute azérie a pour conséquence l'exil d'Ali khan, de son père veuf et de Nino en Perse. L'auteur, dans sa « vraie » vie, pour autant qu'on en sache, s'exila avec son père au Turkestan ; par contre la famille de Banine se réfugia effectivement en Iran, ce qui contribuerait à renforcer l'idée d'une grande proximité entre l'auteur, Lev Nussimbaum, et un cousin de Banine qui répondait au nom d'Essad, que Lev choisit comme son plus durable pseudonyme.
Encore dans le roman, nous apprenons que les traditionalistes azéris, notamment les religieux personnifiés par Seyd Moustafa, n'étaient pas du tout proches des Ottomans ni de leur aspiration pan-touraniste, Ali khan ne se serait pas battu dans leurs rangs même contre l'ennemi russe, à cause de l'obédience chiite des Azéris ; d'ailleurs cette très grande proximité religieuse, culturelle unissait encore à l'époque sans doute aussi géopolitiquement l'Azerbaïdjan à l'Iran, non à l'Empire ottoman. La langue « simple de notre peuple », dont nous avons un exemple unique (transcrit d'après la phonétique allemande utilisée par Kurban Saïd...) à la p. 324 par Nino, l'azéri, est appelée « le tatar », et c'est bien du turc, mais Ali récite volontiers des vers en farsi, et c'est cette littérature-là qu'il estime, et non l'idiome populaire.
Pourtant l'occupation de Bakou par Enver Pacha, avant même celle des Britanniques (dont l'Iran était allié) semble avoir été déterminante pour la création de la République Autonome d'Azerbaïdjan. Ali khan, comme le père de Banine, occupe dans cet État un poste ministériel. L'occidentalisation de cette éphémère parenthèse politique est le point qui retient le plus l'attention de l'auteur. Quant à sa conclusion, par l'invasion bolchevique, il met en scène une résistance armée désespérée au nord du pays, rêve un instant du soutien de « Kemal [Atatürk qui] est à Ankara », voire même de celui de « deux cent cinquante millions […] de musulmans du monde entier » (p. 339), alors que Banine parle d'une capitulation sans coup férir et l'historiographie soviétique d'une courte expérience de Commune de Bakou... Mais c'est là au-delà de la fin de cette histoire !
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D'après le résumé je m'attendais à une histoire "Roméo et Juliette". Mais ce résumé était trompeur! Certes il y a une partie consacrée à l'amour interdit. Mais finalement ce n'est pas le fond du propos. Ce qui est en jeu c'est le mélange des cultures, le carrefour entre deux continents, deux religions, deux univers qui se rencontrent en Azerbaïdjan. le roman se place à une époque charnière de ce pays et j'en ait beaucoup appris sur son histoire. Je l'ai trouvé fascinante, et les deux personnages sont tellement représentatifs de la modernité et de la nouvelle ère. le fait que cela se place pendant la seconde guerre mondial ajoute de l'intérêt car cela apportait un nouveau regard sur un des épisodes majeurs de l'histoire mondiale, dans un pays peu connu.
En bref, je l'ai adoré très belle découverte.
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Roman azerbaïdjanais formidable, mi roman historique mi histoire d'amour, qui se place dans le contexte historique des prémices de la première guerre mondiale, mais vue de l'Azerbaïdjan, un pays coincé entre l'Europe et l'Asie. C'est d'ailleurs de cela que traite le roman : l'identité culturelle, religieuse et ethnique du pays. Pays asiatique, oriental, européen, soviétique ?
Ce classique est encore si actuel dans la géopolitique que ça en est presque perturbant. Je vous invite fortement à découvrir ce roman !
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Ce livre est issu d'une recherche hasardeuse sur Babelio et dans ma médiathèque pour découvrir un auteur d'un pays avec un croissant dans son drapeau...!

Ce roman a été décrit dans les grandes lignes comme le Roméo et Juliette du début du XXème. J'avoue que j'ai gardé cette idée dans un coin de ma tête sans pour autant me dire que ça colle totalement... Il y a des aspects de leur amour qui est un peu incompréhensible mais finalement cela reste crédible. On sent l'immense respect entre eux et certains passages donnent à voir qu'ils sont sans doute précurseurs d'une certaine façon de voir ou de vivre les choses.
A travers ce roman ce fut de grandes découvertes en tout point: l'histoire de ce pays qui a une indépendance que très récente et qui a connu de multiples guerres; une richesse culturelle et religieuse à la frontière de deux influences bien distinctes entre l'Europe et l'Asie où le développement des sociétés se fait à deux vitesses mais où les divers "peuples" arrivent plus ou moins à se côtoyer sur les mêmes terres; l'aspect géographique de cette région qui m'était jusqu'ici totalement inconnue et qui me donnerait presque envie de me rendre sur place pour me faire une idée beaucoup plus précise du décor de ce roman!
Certes, ce n'est pas une biographie mais on sent que l'histoire de ce personnage et de ce qui l'entoure est très bien tissée, argumentée que cela en rend le personnage plus réel.
J'avais aussi peur en voyant la couverture, la date du livre que le style du roman soit difficile à lire... Et ma peur s'est transformée en un véritable plaisir de le lire!

Une très belle découverte qui m'incite à sortir encore des sentiers battus.
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Une histoire d'amour au début du 20ème siècle qui fait se rencontrer l'Europe (Nino la géorgienne chrétienne) et l'Asie (le mulsuman d'Azerbaïdjan).
Une histoire d'amour qui nous permet de mieux comprendre la grande histoire. Celle du peuple perse alors en fin de règne, englué dans des traditions d'un autre âge, celle des arméniens respectés pour leur habilité au commerce mais mal aimés, suspectés - "l'autre peuple juif"? . Et celle des Géorgiens et Azerbaïdjanais, petits peuples dépendants des désirs de leurs grands voisins, turcs, russes, perses. Des peuples condamnés à subir leurs dictats et dont la manne du pétroles n'est pas pas qu'un atout.

On se sent tantôt transporter dans le vieux Bakou, à Téhéran, Tiflis ou dans les montagnes du Karabakh. On sent la chaleur écrasante, la poussière du désert, la boue du pétrole ou le vin géorgien. On est grisé en galopant à perdre haleine sur le dos d'un mythique cheval du Karabakh ou en combattant à la porte de Zizianaschwili.

Bref un petit bijou méconnu. Sans prétention, mais bien plus qu'une simple histoire d'amour. Une histoire qui peut vous faire tomber en amour avec le caucase, et cette porte de l'Asie.
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Ecrit en 1937 par Kurban Saïd alias Lev Nussimbaum dont je viens de lire la biographie, Ali et Nino est l'histoire d'amour de Ali, un musulman chiite et de Nino, une chrétienne géorgienne. Cela se passe à Bakou en Azerbaïdjan, avant, pendant et juste après la première guerre mondiale. Ali et Nino se connaissent et sont amoureux l'un de l'autre depuis leur adolescence. Bien sur ils ne sont pas de la même religion ce qui gêne un peu leurs proches mais ce n'est pas un obstacle majeur à leur union.

Ils connaissent les difficultés classiques des couples mixtes. Elle a eu une éducation européenne, lui orientale : elle mange à table avec une fourchette, lui par terre avec la main et chacun pense que ce sont ses façons qui sont les plus raffinées. Mais ils sont jeunes et ils s'aiment ce qui leur permet de surmonter beaucoup de choses. Par contre les événements qui frappent leur pays à la fin de la guerre et à cause de la révolution russe vont les toucher durement.

J'ai plutôt apprécié ce roman bien écrit et agréable à lire. Il y a de belles descriptions et une pointe d'humour pince sans rire.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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C'est une histoire d'amour magnifique , c'est le « Roméo et Juliette » oriental et j'ai vraiment aimé ma lecture !
Le thème de l'amour est universel et encore une fois l'écriture de l'auteur est sublime , il évoque avec tact et minutie cet amour qui se joue des frontières raciales et des religions .
C'est un hymne à la tolérance!

L'auteur a mis en exergue le fait que l'amour peut subsister au delà des préjugés néanmoins il a tenu a montrer qu'Ali a dû se battre pour le protéger car il est déchiré entre ses devoir aristocratiques et ses sentiments pour sa bien-aimée .

En outre , le contexte historique très bien explicité m'a fait découvrir un pan de l'histoire , caractérisé par les premiers nationalismes que je ne connaissais pas et j'ai apprécié cet aperçu .

Publié une première fois à Vienne en 1937 mais oublié durant la guerre , le fait que ce récit ait été retrouvé par une danseuse germano-russe qui en tomba amoureuse et décida de le traduire en version anglaise publiée par la suite en 1970 a relancé son succès mondial.
En outre , l'anonymat de l'auteur rétablit depuis suite à de nombreuses recherches a suscité encore plus d'engouement pour cette histoire d'amour admirable .

Enfin , il convient de dire que ce livre est un hymne à la réconciliation grâce à l'amour qui surpasse les différences entre musulmans et chrétiens , entre Orient et Occident , entre hommes et femmes et entre tradition et modernité.


A lire sans hésiter afin de découvrir une version orientale du grandiose Roméo et Juliette !
Lien : https://jessicabouquine.com
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