Il avait craint de trouver les choses différentes et voici qu'il souffrait de les découvrir si semblables.
Le fil de la vierge de mon amitié te liait à peine : Berger infidèle j'ai dû m'endormir.
Mais il portera dans le fond du coeur, un souvenir qui ne peut pas se raconter, "couleur de lune", "couleur du temps".
‘O prisonniers comprenez-moi ! Je vous délivre de votre
science, de vos formules, de vos lois, de cet esclavage de l’esprit,
de ce déterminisme plus dur que la fatalité. Je suis le défaut
dans l’armure. Je suis la lucarne dans la prison. Je suis l’erreur
dans le calcul : je suis la vie.
Aujourd’hui, Jacques Bernis, tu franchiras l’Espagne avec
une tranquillité de propriétaire. Des visions connues, une à une,
s’établiront. Tu joueras des coudes, avec aisance, entre les orages. Barcelone, Valence, Gibraltar, apportées à toi, emportées.
C’est bien. Tu dévideras ta carte roulée, le travail fini s’entasse
en arrière. Mais je me souviens de tes premiers pas, de mes derniers conseils, la veille de ton premier courrier. Tu devais, à
l’aube, prendre dans tes bras les méditations d’un peuple. Dans
tes faibles bras. Les porter à travers mille embûches comme un
trésor sous le manteau. Courrier précieux, t’avait-on dit, courrier plus précieux que la vie. Et si fragile. Et qu’une faute disperse en flammes, et mêle au vent. Je me souviens de cette veillée d’armes :
– Et alors ?
– Alors tu tâcherais d’atteindre la plage de Peniscola. Mé-
fie-toi des barques de pêche.
– Ensuite ?
– Ensuite jusqu’à Valence tu trouveras toujours des terrains de secours : je les souligne au crayon rouge. Faute de
mieux, pose-toi dans les rios secs.
La seule vérité est peut-être la paix des livres.
Aujourd'hui , Jacques Bernis, tu franchiras l'Espagne avec une tranquillité de propriétaire. Des visions connues, une à une s'établiront. Tu joueras des coudes, avec aisance, entre les orages. Barcelone, Valence, Gibraltar, apportés à toi, emportées. C'est bien . Tu dévideras ta carte roulée , le travail fini s'entasse en arrière. Mais je me souviens de tes premiers pas , de mes derniers conseils, la veille de ton premier courrier. Tu devais, à l'aube, prendre dans tes bras les méditations d'un peuple. Dans tes faibles bras. Les porter à travers mille embûches comme un trésor sous un manteau. Courrier précieux, t'avait-on dit, courrier plus précieux que la vie. Et si fragile.
La nuit : cette demeure...
Pourquoi ne l'aime-t-on jamais tout entière ? On aime une part d'elle-même, mais on laisse l'autre dans l'ombre. On l'aime comme on aime la musique, le luxe. Elle est spirituelle ou sentimentale et on la désire. Mais ce qu'elle croit, ce qu'elle sent, ce qu'elle porte en elle... on s'en moque.
Et comme la lune était haute et qu’il était temps de dormir, tu fermais la fenêtre et la lune brillait derrière la vitre. Et nous te disions que tu avais fermé le ciel comme une vitrine et que la lune y était prise et une poignée d’étoiles, car nous cherchions par tous les symboles, par tous les pièges, à t’entrainer, sous les apparences, dans ce fond des mers où nous appelait notre inquiétude.