Elle trouvera ce soir dans la volupté cette faible épaule, ce faible refuge, y enfoncera son visage comme une bête pour mourir.
Berlin fait des gestes. Trop. Pourquoi cette assurance qu'il dépouillera dans l'intimité? Elle le regarde avec inquiétude. Cet homme pousse en avant un personnage qu'il se compose. Non par vanité, mais pour croire en soi.
Je dois revenir en arrière, raconter ces deux mois passés, autrement qu'en resterait-il? Quand les événements que je vais dire auront peu à peu terminé leur faible remous, leurs cercles concentriques, sur ceux des personnages qu'ils ont simplement effacés, comme l'eau refermée d'un lac, quand seront amorties les émotions poignantes,puis moins poignantes, puis douces que je leur dois, le monde de nouveau me paraîtra sûr.
Les anciens ont coutume de revenir avec un pas dur qui prend sa revanche.
Il s'est préparé pour le lendemain comme pour un voyage. Il s'est embarqué pour le jour suivant comme pour une Amérique. Tant de choses inachevées l'attachaient encore à lui-même. Et tout à coup, il était libre. Bernis a presque peur de se découvrir si disponible, si mortel.
Et chaque jour, pour l'ouvrier, qui commence à bâtir le monde le monde commence.
Il faut autour de soi, pour exister, des réalités qui durent.
La seule vérité est peut-être la paix des livres.
... J'ai retrouvé la source. C'est elle qu'il me fallait pour me reposer du voyage. Elle est présente. Les autres... Il est des femmes dont nous disions qu'elles sont, après l'amour, rejetées au loin dans les étoiles, qui ne sont tien qu'une construction du cœur. Geneviève... tu te souviens, nous la disions, elle, habitée. Je l'ai retrouvée comme on retrouve le sens des choses et je marche à sont côté dans un monde dont je découvre enfin l'intérieur…