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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
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Le 11 septembre, ça vous dit quelque chose? Oui, bien sûr. Mais lequel? C'est qu'il en a plusieurs des 11septembre dramatiques. Les célèbres tours, mais également le coup d'état chilien de 1973, et aussi... Et aussi la chute de Barcelone après un siège de plus d'une année, il va y avoir bientôt, très bientôt, trois siècles. C'est cette page de l'histoire catalane, méconnue, voire ignorée de ceux qui ne sont ni historiens ni catalans. Un 11 septembre à l'occasion duquel les indépendantistes catalans et leurs sympathisants réalisèrent une immense chaîne humaine à travers toute le province, réclamant au gouvernement de Madrid un vote sur l'indépendance catalane. le roman historique prend alors une sacrée actualité dans la Catalogne d'aujourd'hui (les mauvaises langues y ont même vu un certain opportunisme éditorial).

Renouant avec la tradition des romans picaresques, Albert Sánchez Piñol nous plonge dans ce XVIIIe siècle commençant où les guerres balaient l'Europe, notamment autour de la succession à la couronne d'Espagne, convoité par la France de Louis XIV ("le monstre" pour les catalans, et non le "roi soleil") et l'Autriche. le personnage principal et narrateur, Martí Zuviría, est un garçon turbulent qui va se retrouver en formation auprès du célèbre Vauban dont il sera le dernier disciple. Alors qu'il est quasiment devenu ingénieur spécialiste des fortifications, la guerre va l'entraîner dans mille aventures qui l'amèneront à oeuvrer dans l'un et l'autre camp. A la manière de Little Big Man, c'est un homme très âgé qui fait le récit de sa vie, qui parle des grandes figures autant que des figures obscures qu'il a pu croiser au cours de cette guerre à la fois très locale et totalement internationale. Roman d'apprentissage, d'amour, d'aventures, de trahisons, il y a de tout cela dans Victus, le tout sur un fond historique si précis et documenté que certaines critique ont pu lui reproché, lors de sa sortie en Espagne, de relever plus de l'histoire que de la littérature. le jeu du livre en train de s'écrire auquel joue l'auteur, émaillant le récit d'aparté et de commentaires à la manière de Diderot avec Jacques le Fataliste n'est pas que jeu et alibi, il permet aussi un certains recul avec les événements racontés, facilitant, surtout dans sa première partie, la mise en parallèle avec l'histoire contemporaine de la Catalogne, de ses relations houleuse avec la Castille tout comme avec ses propres passions excessives. de façon très "moderne" le fossé, pour ne pas dire le divorce, entre une classe politique privilégiée et le peuple, avec toutes ses composantes, se révèle comme une bien vieille histoire.

Une des surprise de ce livre tient aussi à son histoire, sa première édition, son écriture même, se sont faites en castillan, et non en catalan. Cela peut sembler pour le moins paradoxal pour un auteur qui a écrit jusqu'à aujourd'hui en catalan, qui est présenté par son éditeur comme l'auteur catalan le plus traduit (37 traductions pour La Peau froide), et pour un livre qui parle aussi fort d'une histoire qui est une des composante majeure de la culture et de l'identité catalane. L'auteur s'en est expliqué en précisant qu'il avait commencé à écrire en catalan, mais que littérairement, pour lui, cela ne fonctionnait pas bien et que cette difficulté l'avait amené à adopter le castillan. On peut aussi comprendre cette inscription dans la langue de Madrid comme un désir de s'adresser d'abord aux castillans pour qu'ils comprennent, au delà des réalités d'aujourd'hui, ce qui se joue sur cette côte méditerranéenne de la péninsule, dans cette province qui revendique haut et fort sa différence et sa spécificité.

Pour notre part, nous avons modestement lu Victus dans sa version française. Nous y avons appris beaucoup de choses sur une réalité historique que l'on a pas forcément beaucoup étudiée sur les bancs du collège ou du lycée, cela est venu aussi apporter une nouvelle dimension à notre appréhension de la Catalogne d'aujourd'hui. Nous avons aussi été embarqué dans un formidable récit d'apprentissage et d'aventure, plein de rebondissements parfois drôles et parfois tragiques, peuplés de figures inoubliables, tel Anfán, l'enfant perdu adopté par Zuvi, le général Antonio de Villarroel, bourru romantique et inflexible qui ne faillira pas à lui-même, Ballester, le redoutable capitaine des non moins redoutables miquelets, Amelis, la femme libre qui sait ce que signifie liberté et sacrifice... Bref, 600 pages que l'on a pas le temps de voir passer. Une lecture qui permet aussi de découvrir et comprendre autrement et vient peut-être interroger notre perception de ce qui fait les régions et les nations dans l'Europe du XXIe siècle.
Lien : http://filsdelectures.over-b..
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