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Critique de Lamifranz


Pauvre George Sand ! Pendant longtemps on n'a connu d'elle que ses récits champêtres, fort appréciés, certes, mais quelque peu réducteurs (« La Mare au diable », « La Petite Fadette », « François le Champi »). Seuls les spécialistes savaient que ces romans (assez peu nombreux, du reste) ne représentaient qu'une partie de son oeuvre. Ses dix premières années d'écriture (en gros les années 1830), sont dominées par le romantisme : « Indiana », « Valentine », « Lélia », « Mauprat », etc. auxquels il faut ajouter le chef-d'oeuvre de l'autrice : le diptyque « Conselo – La Comtesse de Rudolstadt » ; viendront ensuite les romans champêtres, puis les romans de la maturité, plus calmes, moins traversés par le souffle romantique de ses débuts.
« Consuelo » (1843) est donc une oeuvre typiquement romantique. Première constatation : c'est un roman feuilleton, à l'instar des « Mystères de Paris » (Eugène Sue – 1842-1843) ou « le Comte de Monte-Cristo » (Alexandre Dumas – 1844-1845), un nouveau mode d'édition qui commence à faire ses preuves. Ensuite, le personnage principal est une femme, fait assez rare à l'époque. Et enfin l'auteur, ou plutôt l'autrice, est une femme, même si elle prend un pseudonyme à consonnance masculine, et affecte de s'afficher en pantalon. de quoi, n'est-ce pas, attirer les regards et l'attention.
L'histoire, qui se passe au XVIIIème siècle, raconte les aventures de Consuelo, une cantatrice (qui ressemble beaucoup à Pauline Viardot, une amie de George Sand). D'origine modeste, elle a un ramage aussi ravissant que son plumage. Poursuivie par les assiduités de soupirants plus ou moins bien intentionnés, elle doit s'enfuir de Venise. Elle devient professeur de chant à Rudolstadt, en Bohème. le Comte, maître des lieux en tombe amoureux, mais elle, consciente de ses origines plébéiennes, lui oppose un refus et s'enfuit la mort dans l'âme. le Comte dépérit et meurt de chagrin dans les bras de Consuelo, revenue in extremis (c'est le cas de le dire). Ils ont juste eu le temps de se marier. Consuelo est à présent comtesse de Rudolstadt. Mais elle n'est pas tirée d'affaire. La suite est racontée dans « La Comtesse de Rudolstadt » qui constitue la seconde partie du diptyque.
« Consuelo » rassemble tous les grands thèmes romantiques, à commencer par les affres de la passion, tantôt heureuse et tantôt tragique. Mais le roman se rapproche aussi du roman gothique (château étrange, personnages singuliers et inquiétants, atmosphère plus ou moins angoissante). On notera également l'importance de l'art dans l'intrigue : l'héroïne est une cantatrice (mais plus proche de Nathalie Dessay que de Bianca Castafiore, si vous voulez mon avis), elle chante divinement et joue du piano de même (George Sand vit à l'époque avec Frédéric Chopin). La musique joue donc une grande partition dans cette histoire. Mais la peinture est également à l'honneur à travers de belles et riches descriptions de Venise, Vienne ou les montagnes alpestres…
Un grand roman complet où l'on trouve de l'aventure et de la passion, du mystère, et déjà une critique sociale en filigrane. Et en même temps un hymne à la musique (on devine que George Sand écrit ces lignes alors que Frédéric Chopin est penché sur son épaule).
Il y a des défauts, forcément (la technique même du roman-feuilleton mène fatalement à des imperfections techniques), mais l'ensemble se lit avec plaisir, l'héroïne est attachante à souhait, on prend vraiment du plaisir à lire – à redécouvrir souvent – ce joyau littéraire un peu oublié.
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