Faites-vous la guerre aux préjugés, aux petitesses, aux vices, vous les insultez personnellement, vous les attaquez dans ce qu’ils ont de plus cher, vous êtes perfide et dangereux.
Ainsi, je le répète, j'ai écrit "Indiana", et j'ai dû l'écrire ; j'ai cédé à un instinct puissant de plainte et de reproche que Dieu avait mis en moi, Dieu qui ne fait rien d'inutile, pas même les plus chétifs des êtres, et qui intervient dans les plus petites causes aussi bien que dans les grandes. Mais quoi ! celle que je défendais est-elle donc si petite ? C'est celle de la moitié du genre humain, c'est celle du genre humain tout entier ; car le malheur de la femme entraîne celui de l'homme, comme celui de l'esclave entraîne celui du maître, et j'ai cherché à le montrer dans "Indiana".
in "Préface de l'édition de 1842"
Montrez-moi un homme qui soutienne l'utilité de la peine de mort, et, quelque consciencieux et éclairé qu'il soit, je vous défie d'établir jamais aucune sympathie entre lui et moi. Si cet homme veut m'enseigner des vérités que j'ignore, il n'y réussira point ; car il ne dépendra pas de moi de lui accorder ma confiance.
S’il l’eût aimée vraiment, il aurait pu, en lui sacrifiant son avenir, sa famille et sa réputation, trouver encore du bonheur avec elle, et, par conséquent, lui en donner ; car l’amour est un contrat aussi bien que le mariage. Mais, refroidi comme il se sentait alors, quel avenir pouvait-il créer à cette femme ? L’épouserait-il pour lui montrer chaque jour un visage triste, un cœur froissé, un intérieur désolé ? L'épouserait-il pour la rendre odieuse à sa famille, méprisable à ses égaux, ridicule à ses domestiques, pour la risquer dans une société où elle se sentirait déplacée, où l’humiliation la tuerait, pour l’accabler de remords en lui faisant sentir tous les maux qu’elle avait attirés sur son amant ? Non, vous conviendrez avec lui que ce n’était pas possible, que ce n’eût pas été généreux, qu’on ne lutte point ainsi contre la société...
On n'imagine pas ce que les divisions d'opinions apportent d'aigreur et de fiel entre les proches ; ce n'est la plupart du temps qu'une occasion de se reprocher les défauts du caractère, les travers de l'esprit et les vices du cœur.
L'esprit des petites villes est, vous le savez sans doute, le plus méchant qui soit au monde. Là, toujours les gens de bien sont méconnus, les esprits supérieurs sont ennemis-nés du public. Faut-il prendre le parti d'un sot ou d'un manant, vous les verrez accourir. Avez-vous querelle avec quelqu'un, ils viennent y assister comme à un spectacle; ils ouvrent les paris; ils se ruent jusque sous vos semelles, tant ils sont avides de voir et d'entendre. Celui qui tombera, ils le couvriront de boue et de malédictions ; celui qui a toujours tort, c'est le plus faible. Faites-vous la guerre aux préjugés, aux petitesses, aux vices? vous les insultes personnellement ; vous les attaquez dans ce qu'ils ont de plus cher, vous êtes perfides et dangereux. Vous serez appelé en réparation devant les tribunaux par des gens dont vous ne connaissez pas le nom, mais que vous serez convaincu d'avoir désignés dans vos allusions malhonnêtes.
Il ne se reproche pas de me voir souffrir, pourvu que je sois auprès de lui ; il ne se demande pas si je suis malheureuse, il lui suffit de me voir vivante.
L'enflure des sentiments, la poésie des idées chez Raymon, eussent semblé une froide et cruelle parodie des sentiments vrais qu'Indiana exprimait si simplement : à l'un l'esprit, à l'autre le coeur.
Les hommes et les amants surtout ont la fatuité innocenté de vouloir protéger la faiblesse plutôt que d'admirer le courage chez les femmes
Toute sa conscience était la loi et toute sa morale était son droit.