J'ai beaucoup aimé ce livre et pourtant, excepté un ou deux, je ne me suis pas attachée aux personnages. Tatiana m'est apparue comme une manipulatrice, Rania, une pleurnicheuse. Djiraël se cache un peu trop à mon goût derrière le côté noir de banlieue pour justifier ses combines à la limite de la légalité, quand il ne franchi pas carrément la ligne. La mère de Djiraël, que j'appréciais au début, est vite tombée dans mon estime quand elle reproche à son fils de n'avoir que 13 de moyenne comme s'il avait ramené un 4 et quand elle lui ordonne de cesser de se battre pour ses idées. En fait, elle et son mari, dont on se demande de quel droit il ramène sa fraise, n'étant jamais là plus d'une semaine d'affilée, semble conseiller à leur fils de ne jamais montrer d'émotion mais en même temps de faire profil bas, de s'écraser… ce n'est pas ma conception de l'éducation. Si j'avais un fils, je préférerais le voir s'élever contre l'injustice, quitte à repasser un examen un an plus tard, plutôt que de la voir ramper devant ceux qui se croit au-dessus de lui parce qu'ils sont nés du « bon » côté de la barrière.
Le proviseur, et surtout le CPE, devrait être traduit devant un conseil de discipline. Je l'ai pensé dès le début du livre quand le CPE essais, à mots à peine couverts, d'influencer le vote des élèves quant à la nomination du délégué des délégués, et mon sentiment n'a fait que se renforcer au fil de ma lecture.
En revanche, j'ai beaucoup aimé Mr Fèvre, qui est un prof comme tout le monde aimerait en avoir. Côté ados, j'ai bien aimé Maceo « jazz » ainsi que Sacha, même si j'ai grincé des dents devant certaines de ses décisions.
Ce livre est la preuve qu'on peut aimer un bouquin, vraiment l'apprécier, sans pour autant accrocher avec les personnages et leur personnalité.
La fin est parfaite, avec une pointe d'amertume mais qui fait bien passer le message qu'il est rare de gagner sur tous les tableaux, même quand on est dans son bon droit, et qu'il faut savoir lâcher sur certaines choses pour en obtenir d'autres plus importante.
Un petit point reste en suspension, à la toute fin, mais comme ce point concerne un personnage que je n'ai vraiment pas apprécié, ça m'a laissée complètement froide, j'ai préféré me concentrer sur la fin de l'histoire, sur l'amitié qui lie ces adolescents.
J'ai vraiment apprécié ma lecture, encore plus que si je m'étais attachée aux personnages. Parce que quand on aime d'entrée de jeu les personnages, on peut dire que la moitié du chemin est fait pour l'auteur. Même quand l'histoire a quelques défauts, il y a ce sentiment envers les personnages qui font pencher la balance sur « j'aime ». Dans le cas, où comme ici, je n'ai pas franchement d'affinité avec les personnages, il faut que l'écriture et l'histoire soient quasiment sans défaut pour que le texte fasse mouche. Et c'est exactement ce qu'il s'est passé ici, l'histoire est tellement forte et bien écrite que la personnalité des personnages en devient secondaire, pas pour l'histoire elle-même, mais pour l'appréciation qu'on va en faire.
Il semblerait que d'autres romans d'
Insa Sané portent sur ces mêmes personnages (ou leur entourage, j'ai cru voir un résumé où le personnage principal serait le petit frère de Djiraël) et c'est donc avec plaisir que je retrouverais la plume de l'auteur dans un avenir, je pense, assez proche.
Petit bonus, après l'extrait, je vous mets le lien vers une interview de l'auteur.