Après plus de deux cent pages, ce roman me laisse de glace et même me répugne légèrement. L'héroïne semble elle-même peu concernée par ce qui lui arrive et cette distance est encore accentuée par le fréquent passage du "je" au "elle", comme si elle se voyait agir de l'extérieur. Je n'adhère pas à ce procédé artificiel dont la finalité m'échappe.
Le style est trop délayé dans un brouillard impressionniste raté : tout est terriblement lent, phraseux, et ce qui pourrait être dit en un paragraphe (court) se répand sur des pages et des pages. Les personnages noient leur interlocuteur (et le lecteur accablé) dans un flot de paroles inutiles, pontifiantes, frénétiques.
Bref je m'ennuie beaucoup et ne parviens pas à entrer en relation avec cette héroïne froide, calculatrice, simulatrice et finalement terriblement antipathique : rêvai-je ou a-t-elle commis un assassinat dès le début du roman ?
L'art de la joie est-il compatible avec le crime ? Ma réponse, sans hésitation, est non.
Sans doute le manque de scrupules et l'absence de sensibilité permettent-ils d'écarter quelques obstacles sur la voie de l'émancipation : je laisse cependant cette Modesta d'acier inoxydable poursuivre sa route sans moi, espérant qu'elle n'emploie pas le même remède sur tous ceux qui menacent de l'aliéner : cela lui promettrait une belle carrière de tueuse en série.
Le personnage m'aurait davantage intéressée s'il avait été dépeint dans un style sobre et incisif, plus en accord avec son tempérament. Mais la sécheresse de coeur qu'elle manifeste dans un lyrisme sentimental et pseudo-poétique, voilà le véritable hiatus qui me fait trouver cette oeuvre insincère.
Une rencontre bien décevante.