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Citations sur Le fil d'une vie (19)

Comme toutes les femmes,étant intelligente,tu devais l'être plus qu'un homme; courageuse plus qu'un homme.
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C'est une famille où le père, non content d'enlever sa fille de l'école fasciste, va brûler avec elle sur leur terrasse l'uniforme de "petite italienne" qu'il ne supporte plus de lui voir porter. Où la mère déclare qu'elle préférerait affamer son enfant à l'égal des autres plutôt que de la voir bien nourrie au milieu d'enfants affamés. Une telle formation, entre lecture précoce de Leopardi ou Marc Aurèle et rempaillage de chaises puis, plus tard, initiation au théâtre auprès d'un marionnettiste, quand Goliarda, très précocement aussi, se cherche un métier, ne pouvait sans doute que produire un être hors du commun, ainsi que l'étaient ceux qu'elle cotoyait depuis sa naissance : parmi lesquels-comme elle dit-elle était tombée. (préface, pp.12-13/ Nathalie Castagné)
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9. [FM excipit partiellement reproduit en 4e de couverture] « Chaque personne a droit à son propre secret et à sa propre mort. Et comment puis-je vivre ou mourir si je ne rentre pas en possession de ce droit qui est le mien ? C'est pour cela que j'ai écrit, pour vous demander de me rendre ce droit... et quand, une fois fini ce travail de deuil et sous la charge de vêtements de robes de chaussures et de bas noirs, une chair fragile et forte, chaude et vulnérable au gel, qui assurément va repousser et réclamera, affamée, de l'air, de la lumière, des caresses et du pain... réclamera des chemins pour marcher... des voix à écouter... des visages à regarder, du vent de la pluie du soleil et de la fraîcheur – et si marchant dans le bois inconnu de la vie j'ai envie de courir et si je meurs épuisée par une course heureuse sous le soleil, contre le vent... si je meurs de la surprise de quelque nouveau visage-rencontre caché derrière un arbre en attente, si je meurs foudroyée par l'éclair de la joie, étouffée par une étreinte trop forte, noyée dans une tempête d'émotions entraînant vers une mer qui invisible attend derrière la nuit, si je meurs vidée de mon sang par les blessures ouvertes d'un amour perdu que rien n'aura pu refermer, si je meurs poignardée par la lame effilée d'un regard cruel, je vous demande seulement ceci : ne cherchez pas à vous expliquer ma mort, mais tout au plus pensez – ne le dites pas fort, les morts trahissent – ne le dites pas fort, mais pensez en vous-mêmes : elle est morte parce qu'elle a vécu. »
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La plaisanterie est le sel de l'esprit. Pour mon père et ma mère,le sel de la vie était la haine et la rébellion. Dommage qu'ils n'aient rien su de l'ironie. Bien sûr, quand ils ont vécu et lutté,l'ironie était un trop grand luxe,mais c'est dommage tout de même,parce qu'ils se sont retrouvés à combattre le fascisme avec la même rigidité et la même rhétorique que le fascisme.
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"Ne fais pas halte à l'ombre du figuier, ses feuilles sont vénéneuses." "Ne regarde pas le lézard dans les yeux, il te poussera au vice et à l'assassinat." "Ne touche pas le gardénia de ta main : il mourra sous tes doigts et avec lui un enfant nouveau-né." "Ne fixe pas dans le sommeil la personne que tu aimes en essayant des comprendre ses rêves : elle te détestera pour toujours." " A l'aube, dessine d'un doigt sur le sable le visage rond de la lune : si au crépuscule le vent l'a effacé, tu sera délivré de ses maléfices et ne la craindra plus; mais attention : parce que si tu n'as pas la faveur du vent, elle te persécutera pour toujours."
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6. [FM] « J'écrivais, oui. Du puits de ces années sans mémoire ces petites feuilles entassées me parurent un cadeau inopiné et fabuleux. Oui, je n'étais plus comédienne. Quand était-ce arrivé ? Ah oui ! une nuit. Combien d'années auparavant ? Je me décidai. Je pris un bloc de papier et j'écrivis quelque chose : trois, quatre pages. Citto dormait à côté de moi, profondément, et ne se réveillait jamais quand j'allumais la lumière pour lire, mais cette nuit-là si, cette nuit-là, sans se retourner, il demanda : "Tu écris ?" "Oui." "Un poème ?" "Oui." "Bien."
Naturellement, il était raté, et je le jetai par terre, mais le matin Citto le lut et fut enthousiaste. Citto me poussa, comme tant d'années auparavant : me prenant par la main, il me conduisit hors de ce cercle sourd que la folie de ma mère avait scellé autour de moi. Les répliques n'avaient plus de saveur dans ma bouche, comme de la nourriture sans sel ; les gestes de ces personnages sans contours ternissaient dans mes mains. Je cessai de jouer : pourquoi devais-je continuer à faner, écrasée entre ces répliques et ces gestes poussiéreux et décolorés comme des fleurs de papier ? » (p. 235)
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"Et toi,pourquoi est-ce que tu ne penses pas à eux ?
"Nous y pensons,ne t'inquiète pas,même si le fascisme nous a rendus impuissants pour le moment, nous y pensons,n'aie crainte; et si demain venait le moment de te nourrir au détriment des autres, je n'hésiterais pas à te donner pareil qu'aux autres,au prix de te voir pâle et maigre comme eux. une mère qui prive les autres en faveur de son propre enfant est une bête criminelle."
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J'aime moi aussi les histoires d'amour, mais le fait est que ,bien qu'ayant eu ma part aigre-douce,je n'ai jamais rien compris à l'amour: je l'ai seulement subi.
Je ne sais pas ce qu'est l'amour entre un homme et une femme: je sais pas comment il naît, pourquoi il naît, comment il meurt.
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2. [LO] « "Tu veux m'épouser ?" J'étais si émue que je ne savais pas que répondre : "Mais comment fait-on ?" "Comme ça." Et elle commença à me déshabiller, et puis elle se déshabilla elle aussi. […] "Maintenant tu fais la femme, et moi l'homme." "Maintenant tu fais l'homme, et moi la femme." Mais je n'y arrivais pas : je ne savais pas bouger sur elle comme elle faisait. Elle ne sa fâcha pas, et c'est elle qui fit toujours l'homme. Elle ne se fâchait jamais. Nica était bien en chair et j'aimais me serrer contre elle quand elle me caressait. Nous nous mariâmes cet après-midi-là et nous restâmes mari et femme jusqu'à ce qu'elle emmène en haut Nunziata et veuille qu'elle soit elle aussi un second mari. Au début, je fus dépitée : je ne lui suffisais plus. Mais pour être embrassée par elle je supportais Nunziata qui était maigre et me mordait. Bien sûr, Nica m'embrassait encore, mais ce n'était plus comme avant. Jusqu'à ce qu'un soir ma mère entre pendant que Nica m'embrassait. Elle ne semblait pas en colère. "Habillez-vous et retournez en bas, je dois parler à Goliarda." Et à peine la porte fut-elle fermée derrière elles, elle se mit devant moi et alluma la lumière – il y avait encore du soleil, c'était le crépuscule ; on y voyait : pourquoi avait-elle allumé la lumière ? Elle me regarda longuement, puis elle me donna deux gifles, et me laissa là au milieu de la chambre. Je ne pouvais pas bouger – j'essayais, mais mes pieds s'étaient collés au sol. J'étais fatiguée de rester debout ; les oreilles, les épaules me faisaient mal : je tombai à genoux. » (pp. 103-104)
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Oui, maintenant je m'en souviens, je lui avais demandé si lui, qui savait tant de langues, même en russe, était plus intelligent qui Licia, qu'Ivanoe, que Galilée. Après une pause si longue que je pensais qu'il ne me répondrait plus, il se tourne brusquement vers moi, et les pieds plantés au sol et tout le corps et les bras battant dan l'air : "Et, bien sûr ! Et même plus intelligent que ce foutu crétin de Mussolini ! Bien sûr ! Mais est-il possible que vous preniez de la culture rassise pour du génie, et de la mémoire pour de l’intelligence ? Mais vous ne pouvez vraiment pas vivre sans vous fabriquer un dieu, un guide du premier connard qui vous tombe sous la main ? Décadence ! Corruption ! Et vous les femmes, particulièrement, toujours avec vos gros yeux languides, vos yeux comme des soucoupes en attente d'un prince charmant... Vous êtes fasciste; voilà ce que vous êtes, fasciste."
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