C'est sur l'adagio de la 9eme de Malher que je rédige cette critique (morceau préféré d'Alice Sapritch).
C'était une "sacrée bonne femme" cette Alice Sapritch!!tout comme Charles Aznavour, elle était d'origine arménienne, mais née à Istanbul.Elle écrit page 16:"Je n'ai jamais rien obtenu sans lutter d'arrache-pied ".Je n'ai pu face à sa biographie m'empêcher de faire le rapprochement avec le chanteur :Charles Aznavour.Ils ont plusieurs points communs:opiniâtreté dans le travail,timidité,pudeur,et un regard très réaliste sur le monde et l'humanité, malgré les années qui les séparent. Cette lecture m'a confortée dans l'opinion que je m'étais faite d'elle en regardant ces films où elle tenait différents rôles aux antipodes l'un de l'autre: elle avait une personnalité kaleidoscopique, à plusieurs facettes:elle pouvait aussi bien jouer du tragique que du comique :Folcoche,Marie Bénard, Dona Juano(la folie des grandeurs).Mais quelle finesse dans ses jugements et cet art d'écriture unique.Ce livre ,autobiographique ,ou elle se "met à nu" est écrit d'un jet,sans fioritures,sans fautes de style concis précis,sans pathos bref un style à la hauteur de son talent.J'ai passé un excellent moment en sa compagnie.A recommander en souvenir d'une grande dame .⭐⭐⭐⭐
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Treize heures.Je rentre en hâte dans mon chez-moi douillet.J'enfile mes chaussons m'installe confortablement sur le divan du salon face à la tėlė, pousse un soupir de soulagement.
Soudain ,le téléphone sonne.
-- Allô, madame Sapritch ?
--Oui
--je voudrais vous parler.
--Qui êtes-vous?
--Mon nom ne vous dira rien....
Je m'en serais doutėe. La voix m'est inconnue.Mon entourage se garde bien de me troubler pendant le journal télévisé .
--Prėsentez-vous tout de même !
Hésitant :
--Voilà, je m'appelle Michel(Paul,Gisèle, ou Louise)et je suis pâtissier (pharmacien étudiante informaticienne...) Je vous admire beaucoup ,et je voudrais vous demander....
Suit une explication le plus souvent embrouillėe, destinée à éclairer ma lanterne.
Des appels de ce genre j'en reçois à longueur de journée. Interlocuteurs de tout poil.Contrôle d'identité pour le seul plaisir d'entendre le son de ma voix. Sollicitations diverses,plus folkloriques les unes que les autres.
Je voudrais conclure ce livre par une phrase que Cocteau avait pris soin de m'écrire chez Baumanière ,sur une feuille que j'ai conservée.
《La solitude des poètes vient de ce qu'ils se doivent de vivre très au-dessus de leur époque. 》
Je l'ai placée à la tête de mon lit,comme un crucifix. Je la relis souvent même si je la sais par coeur. Elle est juste com me tout ce que les poètes disent.Et pourtant je voudrais compléter ce credo par un post-scriptum :
《 J'aime le rêve j'aime la réalité j'aime la vie ,et j'aime par -dessus tout ma vérité.
Il y a naturellement dans le film ,télévisé ou non ,des scènes plus ardues que d'autres.Folcoche, je n'allais pas me faire pousser deux fois par les enfants dans la rivière. Et pour mon strip-tease de "La Folie des grandeurs",je ne disposais que d'une robe à effeuiller tant l'élaboration de mes jupons était complexe.
Le péril surgit parfois où on ne l'attendait pas.Ainsi pour" La Bonifas",la scène au cours de laquelle l'allemand me viole dans la cave.Mon partenaire s'enervait sur moi d''une manière si abominable qu'il manquait m'ėtrangler. Cardinal a volé à mon secours et changé en hâte sa mise en scène.