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3,66

sur 293 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est le thème très étrange de ce roman qui a attiré mon attention : la mort qui, à l'aube d'une nouvelle année, décide de ne plus oeuvrer jusqu'aux limites des frontières d'un pays imaginaire, plongeant dans l'euphorie une population devenue immortelle. C'est en commençant la lecture de cet ouvrage que j'ai fait mes premiers pas dans le monde imaginaire de José Saramago, grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature en 1998.
L'histoire est délirante à souhait. Traitée avec beaucoup d'humour, on retrouve, une fois les premiers temps emplis d'allégresse passés, une population confrontée à une multitude de problèmes. La vie éternelle certes mais pas l'éternelle jeunesse, et rapidement chacun doit gérer une situation nouvelle, que faire des nombreux mourants qui ne meurent plus, de malades en phase terminale interminable. Il est facile d'imaginer le chaos qui va s'en suivre.
Si j'ai aimé le déroulement de l'histoire, j'ai cependant été dérouté par le style de cet immense écrivain. Je ne connais de lui que ce roman et c'est un peu court pour se faire un avis mais "Les intermittences de la mort" est écrit à la façon d'un long article de presse, l'auteur prenant par moments le lecteur à témoin dans une suite de témoignages un peu longs. Un style qui ma rendu, à de nombreuses reprises, la lecture de ce livre un brin ennuyeuse. Dommage...
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Qu'est-ce que c'est ce pays où la mort - elle tient à sa minuscule - décide d'un jour à l'autre de ne plus tuer? de faire grève, en somme?
L'idée semble belle, mais quid des moribonds, des agonisants, des vieux, des malades entre la vie et la mort pour l'éternité? D'une population qui vieillit? de la perte économique engendrée par cet arrêt pour tous ceux qui ont fait fortune avec la mort, les croque-morts, les assureurs, les soignants, l'Eglise même?
En décidant de tout arrêter, la mort avait-elle conscience des perturbations socio-spirituo-économiques qu'elle allait engendrer?
José Saramago, prix Nobel de littérature, nous dépeint non sans humour cette farce morbide à laquelle se retrouvent confrontés les têtes du pays. L'idée est bonne, voire excellente, et je me suis plongée un instant avec plaisir dans le récit.
Malheureusement, vers la moitié, ça tourne court, et peu à peu on s'éloigne du général pour s'intéresser à une relation pour le moins étrange à laquelle je n'ai pas trouvé d'intérêt; elle en aurait eu davantage dans un récit à part...
Petite déception donc après une belle entrée en matière.
Le style de Saramago n'est pas sans rappeler celui des contes De Voltaire, pas désagréable à lire même si ce n'est pas le style que je préfère.
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Et si la mort décidait d'arrêter son métier ? Ou bien si elle décidait de prévenir par courrier, 8 jours à l'avance, notre prochaine mort ? Et si la mort tombait amoureuse ? Et si il existait plusieurs morts, en fait une pour chacun d'entre nous qui attend le moment, ou une mort spécifique aux humains différente d'une mort pour les autres animaux ou les autres organismes vivants ? Et comment réagiraient les hommes face à de telles situations ? Voilà les différents axes de réflexion vers lesquels Saramago avec son génie d'écriture nous entraîne en nous contant une fable sur la mort. Comme à son habitude, Saramago observe, analyse, décortique les hommes comme des animaux de laboratoire mis dans des situations qui perturbent totalement notre sens de la vie, notre relation aux autres.
La mort arrête de cueillir les hommes. La situation devient très vite ingérable face à l'accumulation des humains en attente de mourir mais dans l'impossibilité de basculer... les mourants agonisent sans jamais mourir. Très rapidement se développe un trafic lucratif de la mort entre les mains de la mafia, pour traverser la frontière et permettre aux mourants de (enfin !) mourir. En fait Saramago nous dévoile que sans la mort la vie n'aurait pas de sens : "parce que si les êtres humains ne mourraient pas, tout deviendrait permis" (p45 Ed Folio)

que les religions se nourrissent et se justifient par la mort : " Les religions, toutes autant qu'elles sont et quel que soit l'angle sous lequel on les regarde, ont la mort pour unique justification de leur existence... pour que les gens passent leur vie pris dans l'étau de la peur et que pour, l'heure venue, ils accueillent la mort comme une libération" (p44 Ed Folio)

Puis la mort décide de reprendre son activité mais en avertissant les personnes par courrier 8 jours à l'avance de leur prochaine mort. Là encore, les conséquences sont catastrophiques. La mort pensait qu'en donnant du temps, elle permettait à chacun de se préparer, et c'est tout le contraire, de savoir que l'on va mourir crée un stress qui tétanise et panique. Jusqu'au jour où la mort découvre qu'une lettre lui est systématiquement retournée !

José Saramago avec son humour au second degré, avec ses multiples interpellations du lecteur pour bien souligner qu'il s'agit d'une fable, d'un conte, d'une expérience, délivre une nouvelle fois un livre dense qui nous oblige à nous questionner et réfléchir sur cette boutade "La vie est une longue maladie mortelle"
3 étoiles uniquement car malgré toutes les qualités de ce livre, j'ai été beaucoup moins conquis que par d'autres oeuvres de Saramago comme L'aveuglement, La Caverne ou Tous les Noms.
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Gros gros coup de coeur pour ce délectable ouvrage que je ne peux que TRÈS vivement (huhu) vous recommander.

A votre avis, quel est l'un des plus grands reves de l'humanité? L'immortalité, n'est ce pas?

Et selon vous, qu'arriverait-il si, du jour au lendemain, à l'occasion d'un changement d'année, la mort se mettait à arrêter de tuer?

Il s'agit de la première partie de l'ouvrage.

C'est exactement dans ce cas que se trouve un petit pays inconnu. La population, d'abord incrédule, se laisse aller à une euphorie collective à la limite de l'hystérie: "on ne meurt plus, c'est miraculeux! Notre pays est élu!".

Seulement, la situation vire à la catastrophe pour la société.

D'une part, si les gens ne meurent plus, ça ne veut pas dire qu'ils rajeunissent ou arrêtent de vieillir. Ainsi les gateux restent gateux, les mourants ... mourants, et les hospices se préparent à être submergés de générations entières de vieillards impotents! La pyramide des ages s'inversent, le ministère de la santé, les lobbies des assureurs et des pompes funèbres s'affole, de même que l'église qui se voit saper le coup du jugement dernier et est obligée de réinventer une doctrine, passant de la mort promise à la mort éventuelle, et les philosophes ... philosophent.

En outre, les familles sont encombrées par les vieux qui n'en finissent pas de mourir et commencent à les emmener de l'autre coté de la frontière, là où l'on meurt toujours. Un véritable trafic de candidats-cadavres se met en place, régi d'une main de fer par la Maphia (et non mafia), et l'afflux de cadavres au-delà des frontières vire à l'incident diplomatique...

Mais un jour la mort revient de vacances, et à ce moment nous entrons dans la seconde partie du livre.

Déjà, il a fallu purger la période pendant laquelle personne ne mourrait. Et hop, 60 000 morts d'un coup.

Ensuite, la mort a décidé de changer de méthode.

Désormais elle respecte un préavis d'une semaine avant de tuer quelqu'un. Ce préavis commence à la reception d'une lettre de couleur violette, annonçant le décès prochain. Enormément d'effets secondaires apparaissent: les gens tentent de se suicider avant, ou se noient dans les orgies et l'ivresse ...

Ce nouveau système fonctionne globalement, jusqu'à ce que l'une des lettres refuse obstinément de parvenir à son destinataire et revienne systématiquement à son expéditeur. Ce qui vexe la mort comme un pou.

Alors bien sûr, tout se mérite. Il faut savoir faire abstraction d'une présentation incroyablement dense et compacte, de paragraphe et de chapitre plutôt longs, qui vous donnent l'impression de lire ... en apnée.

Mais au delà de ça! C'est ironique, bien écrit, très drôle, original, le récit magistralement efficace de telle sorte qu' au fil de la lecture le lecteur crée d'innombrables images et représentations absolument inédites:
Vous êtes vous déjà figuré la mort cloîtrée dans sa cave, discutant avec sa faux, et véritable archiviste feuilletant ses petites fiches? Ou encore assise sur un canapé avec un chien sur les genoux? Ou en bisbille avec les services Postaux qui refusent obstinément de livrer une partie de sa correspondance? Discutant avec un musicien dans un taxi?
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Lecture qui a fort bien commencé, très captivante, avec quelques turbulences dans une approche très allégorique qui, jaillissant de « nulle part », m'a un peu déstabilisée... jusqu'à la 2e partie où le changement de perspective et de rythme m'ont assez désappointée.
Néanmoins j'ai apprécié cette lecture, ne serait-ce que pour la fameuse première partie, pour le style fluide, riche, élégant sans pour autant être pompeux. Avec une ponctuation adaptée c'était la perfection!
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José Saramago est un auteur qui m'effrayait un peu jusqu'à ce que je lise "L'aveuglement". Son style particulier, fait de longues phrases à la ponctuation a priori fantaisiste, où dialogues et narration se suivent sans transition, me faisait craindre une lecture fastidieuse. Or, il n'en fut rien : quelques pages ayant suffit à m'accoutumer à son écriture, j'ai ensuite réellement apprécié le ton et l'histoire étonnante de ce roman.

On retrouve dans "Les intermittences de la mort" ce style propre à l'auteur, mais ce n'est pas son seul point commun avec "L'aveuglement". En effet, le postulat de départ y est à peu près similaire : José Saramago imagine là aussi qu'un événement vient bouleverser l'ordre habituel des choses. Ce fait extraordinaire est en l'occurrence le suivant : dans un pays quelconque, le premier jour d'une année quelconque, la mort a décidé de cesser son activité !
Les instances politiques, religieuses, économiques, doivent rapidement faire face aux problèmes d'intendance mais aussi aux questions philosophiques et théologiques que pose la disparition de la mort. L'Eglise, notamment, se voit privée de son principal argument en faveur de la conversion à la foi : sans mort, plus de résurrection, la promesse d'un au-delà perdant elle aussi tout son sens.
D'un point de vue pratique, l'euphorie liée à la perspective d'une vie éternelle fait vite place pour certains à de réelles préoccupations. Car si la mort a décidé d'interrompre son activité, le temps qui lui continue de s'écouler fait craindre à long terme les conséquences du vieillissement de la population, entre autres en terme d'accueil, de soins, et de viabilité d'une société dont la proportion de citoyens improductifs augmenterait de manière exponentielle.
A l'échelle individuelle, ces questionnements renvoient à l'attitude que chacun adopterait dans ce contexte. A l'idée d'avoir indéfiniment à charge des parents qui n'en finiraient pas de vieillir et de s'affaiblir, et sachant que le même sort nous attend... qu'en est-il des notions de solidarité et d'assistance ?

L'auteur évoque toutes ces considérations sur un ton presque facétieux, avec une sorte de fausse ingénuité qui lui permet de pointer ironiquement du doigt les limites et les travers des autorités qui nous gouvernent. Il se moque de la langue de bois politicienne, de l'étroitesse des dogmes religieux.
Comme dans "L'aveuglement", il donne l'impression d'être un apprenti sorcier devenu maître d'une partie du monde sur laquelle il tente une expérience dont il se fait ensuite le spectateur, jouant sur le registre de la candeur tout en se montrant narquois. Et ce faisant, il inclut le lecteur dans son observation, l'interpellant, le prenant à témoin, renforçant ce sentiment de détachement qu'il semble prendre vis-à-vis de son récit.

Malgré tout l'intérêt que peut présenter un tel sujet, et malgré l'aspect parfois amusant que revêt le ton de José Saramago, cette lecture m'a laissée plutôt sceptique. Les deux tiers du roman se composent de réflexions d'ordre général dont je me suis à certains moments lassée, et revêtent un caractère anonyme et impersonnel qui ont fait flancher mon attention... Excepté dans sa dernière partie, "Les intermittences de la mort" ne comporte pas de personnages auxquels s'attacher, ni d'histoire à laquelle se raccrocher.

J'ai souffert également de certaines phrases trop longues, et à mon avis inutilement alambiquées. Pour conclure, je dirais que mes craintes se sont cette fois révélées fondées et que j'ai parfois trouvé cette lecture fastidieuse. Il est probable que si j'avais découvert José Saramago avec ce roman, je n'aurais pas persévéré...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Etrange mais attachant. Une idée originale et un traitement très réussi. M'a donné envie d'explorer davantage le monde de l'auteur.
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Un roman étonnant, un grand monsieur de la littérature. L'histoire raconte les affres d'un pays aux prises avec les caprices de madame la mort (sans majuscules s'il vous plaît) : tout d'abord, elle disparaît, ce qui fait le drame des sociétés de croque-morts, entre autres. Puis elle annonce par courrier à la fois son retour et de nouvelles règles. Chacun recevra une lettre une semaine avant sa mort pour le prévenir et lui permettre de régler ses affaires. On suit avec amusement les différentes réactions de la population, du gouvernement, le tout est conté avec talent et beaucoup d'humour par une sorte d'observateur extérieur qui commente généreusement les événements. le récit est donc parfois un peu longuet, mais jamais ennuyeux grâce à une forme d'humour au second degrés qui permet d'évoquer ces sujets pourtant graves. Au final, une lecture très agréable, un roman dont je me souviendrai.
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Dans un pays inconnu, gouverné par un roi "constitutionnel", la mort décide de ne plus tuer, elle se met en grève. Ce qui est d'abord ressenti comme une bénédiction et provoque la jalousie des pays voisins se transforme vite en malédiction car, bien qu'immortels, la maladie n'épargne pas les habitants du pays et leur fait connaître les affres de la souffrance éternelle, sans parler des conséquences politiques, économiques et sociales du phénomène (dont le fameux problème du financement des retraites : tiens, ça me rappelle quelque chose!)... Tous ces aspects sont évoqués par l'auteur.
Le début du roman est assez déroutant, à cause du style utilisé par l'auteur : il y a très peu de ponctuation, les phrases sont donc longues et les dialogues nous paraissent confus mais je me suis vite habituée à cela et j'ai même fini par apprécier cette originalité. le roman aurait pu être bon voire très bon mais voilà, en voulant en faire trop, l'auteur a, à mon sens, raté son effet et ce à cause des longues, beaucoup trop longues digressions qui viennent parsemer le récit. Elles sont inutiles et inintéressantes, n'apportent rien à l'histoire et viennent gâcher la lecture. Elles ont fini par m'agacer. Heureusement, je me suis accrochée car, sinon, je serai passée à côté du passage avec le musicien, lorsque la mort reprend du service. Celui-ci vient la défier, involontairement. La mort essaye alors de comprendre pourquoi il n'est pas mort, comme convenu et cherche à y remédier. La fin vient donc relever le niveau et clôt le roman sur une bonne impression, j'ai retrouvé le plaisir éprouvé aux premières lignes du livre.
Lien : http://lecturesdalexielle.ov..
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Fable intéressante, mais parfois dure à lire à cause d'une phrase longue, aux multiples éléments intercalés.
Originalité du sujet.
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