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3,66

sur 292 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'immortalité dont vous n'avez jamais rêvé…

La mort a décidé de faire la grève dans un pays inconnu, personne ne meurt plus. Mais cette immortalité est loin d'être une félicité, puisque la maladie, la douleur, elles, ne se sont pas arrêtées. Des accidentés au corps ravagés ne meurent pas de leurs blessures, des vieillards croupissent indéfiniment à l'article de la mort. Une immortalité qui est loin d'être agréable, ce n'est pas la mort, mais ce n'est pas la vie…

La mort se remettra au boulot quelques chapitres plus loin, mais l'auteur aura eu le temps de lancer des critiques sur le système politique, la « maphia », les pompes funèbres (qui ne pompaient plus d'argent), les hôpitaux et les maisons de retraite et même l'armée, les religions et la philosophie.

Madame la mort continuera ensuite ses facéties et on fera plus ample connaissance avec celle qui signe « mort » et sa compagne de toujours, la faux. On aura aussi de belles pages sur la vie et la musique.

Un Saramago que j'hésitais un peu à entreprendre. D'une part, la prose de l'auteur est particulière, un vocabulaire recherché avec une économie de majuscules, de paragraphes ou de tirets de dialogues. D'autre part, la mort n'est généralement pas un thème réjouissant…

Mais avec une promesse de printemps dans l'air, j'ai osé aborder ce mortel sujet et je ne l'ai pas regretté. Ce qui fait la difficulté de l'oeuvre de Saramago, c'est aussi ce qui fait son charme : une lucidité dans sa description du monde et une plume incisive, parfois irrévérencieuse, souvent sur le bord tranchant de l'humour.
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Dans un pays inconnu, la mort ne frappe plus, même les habitants en phase terminale , à commencer par la Reine Mère.
Après une euphorie compréhensible , les problèmes surviennent et certaines corporations , comme les pompes funèbres ou les assurances commencent à s'énerver , tandis que l'Église a perdu elle aussi son fond de commerce.

Cet auteur est absolument déroutant. Après avoir rendu aveugle une population dans @L'aveuglement , le voici qui nous prive de la mort . Son étude de l'évolution de la société , de l'opportunisme de la mafia à s'adapter à toutes les situations , des actions de certains corporatismes sont tout simplement brillantes.
Et que dire de la deuxième partie ,mettant en scène la mort et sa nouvelle façon de procéder.
La aussi , opportunisme , revirement de veste , tout y passe.
Et s'il m'a moins enthousiasmé , le final est aussi très bien mené, car inventer de telles histoires est brillant mais en sortir proprement l'est encore plus.
Quand au style, que l'on peut trouver déroutant , fait d'énumération , de dialogues imbriqués ou d'absence de majuscule aux noms propres , il donne une dynamique au récit , tout en le saupoudrant d'humeur , plus ou moins noir .
Bravo
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Le troisième roman que je lis de ce génial auteur, après l'Evangile selon Jésus-Christ et l'Aveuglement.

Dans celui-ci, les gens d'un petit pays, un premier de l'an, s'arrêtent de mourir, mais, pour la majorité d'entres elles et d'entre eux, ça ne veut pas dire recouvrer la santé, non, c'est rester de façon stationnaire à l'état où ils étaient avant. Cela semble d'abord une nouvelle merveilleuse, mais très vite les inconvénients de la survie des moribonds et des autres apparaissent, pour les Hôpitaux, les Maisons de retraite, les familles gardant chez elles leurs proches malades et mourants, …mais aussi, les Pompes Funèbres, les Compagnies d'Assurance, et même « l'ACAR », l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, car si plus de mort, comment pouvoir parler de résurrection future?

Mais certains trouvent un moyen de contourner le problème, et l'idée est reprise par une certaine « maphia » (sic) qui impose ses conditions impitoyables.
Jusqu'à ce que….la mort reprenne du service…

Tout cela est raconté avec le style si spécial de Saramago, et il est au mieux de sa forme pour nous raconter tout cela, avec son ironie dévastatrice, avec ses bons mots, ses citations humoristiques, sa façon d'interpeller le lecteur. C'était presque trop appuyé, cette farce sur la mort, et j'allais trouver que ce roman était un peu moins bon que les deux précédemment lus.

Mais c'était sans compter sur la surprise de la dernière partie du roman, absolument géniale, je trouve, que je ne vais pas « spoiler » comme disent les jeunes, mais qui m'a bluffé et je n'en dis pas plus, si ce n'est que Saramago sait rendre ses personnages féminins formidables.

Au final, j'ai beaucoup souri et même ri à la lecture de ce roman loufoque, et la fin a stimulé mon imagination et ma réflexion.
Donc je ne peux que lui attribuer mes 5 étoiles d'appréciation.
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Un gros coup de coeur !

Ce roman est divisée en deux parties : La première dédiée aux circonstances et aux conséquences de l'arrêt brutal de l'activité de la mort sur toute une population dans un pays, et juste un seul pays ; ceci ne concernant que les humains et non les animaux et végétaux, laissant tous ces habitants à un avenir d'immortalité. La deuxième est consacrée à la remise en service de la mort, puis à un évènement singulier mettant en lumière un personnage en particulier.

En premier lieu, s'arrête de s'abattre sur la population la mort, au premier jour de l'année. Ce qui s'avère être au fil du récit une catastrophe, les pompes funèbres obligées de se reconvertir avec les animaux domestiques, les maisons de retraite et hôpitaux surchargés, les compagnies d'assurance mettant en place un « gentlemen's agreement » afin de sauver leur légitimité, l'Eglise voyant s'effondrer tous les fondements de son existence « si la mort disparaît, il n'y aurait plus de résurrection possible et que sans résurrection l'église perdrait tout son sens », les familles désabusées et s'en remettant à une pratique humiliante et honteuse. La « Maphia » (écrit comme cela dans le texte) vient « sauver » la population avec une organisation sous le manteau, permettant de soulager les familles (en échange d'un pécule non négligeable, inutile de le mentionner) en menant les moribonds en dehors du pays (idée de départ d'une famille d'agriculteurs et suivi par d'autres, organisée ensuite par la Maphia). Mais il s'avère que les 3 pays limitrophes commencèrent à voir d'un mauvaise oeil la venue de tous ces gens provoquant des enterrements clandestins et un peu n'importe où, qui plus est. La Maphia trouva donc une solution, lui permettant d'augmenter de surcroît ses tarifs. Solution qui fût également bénéfique pour les pompes funèbres. Les républicains en profitèrent pour prôner leur cause dans ce pays monarchique, mettant en exergue l'injustice et la contre logique de ce système face à l'immortalité.

En second lieu, la mort reprend finalement du service face aux incohérences de cette suspension momentanée, mais avec un petit changement, reconnaissant que « le procédé habituel (est) injuste et cruel consistant à retirer la vie aux gens en toute mauvaise foi, sans préavis(…) ». En effet, les futurs morts recevront une lettre 8 jours avant la date fatidique, afin de leur laisser le temps de faire toutes les démarches nécessaires au bon ordre de leurs affaires. Mais en attendant, tous les moribonds s'éteignirent simultanément au 1er janvier minuit, pour un retour à la normale, un réajustement. Tous les habitants furent heureux de cette modification, cependant, l'annonce d'une mort future sous huitaine angoissa la population et une psychose se mit en place. « La semaine d'attente édictée par la mort avait pris la proportion d'une véritable calamité collective ». C'est alors qu'un fait inattendu pour la mort apparut, qui la plongea dans l'expectative et l'obligea à réfléchir à la bonne mise en oeuvre d'une solution contrecarrant ce phénomène. Un violoncelliste a fait son apparition dans l'histoire… La mort arrivera t'elle donc à un mode opératoire efficace et à son application ?

Le style de José Saramago est très particulier. Il fait de longues phrases qui ont l'air de ne jamais s'arrêter, avec des virgules à profusion. Cela surprend au départ, mais une fois bien lancé on s'habitue très bien au style voulu de l'auteur : « la syntaxe chaotique, l'absence de point final, l'élimination obsessive des paragraphes, l'emploi erratique des virgules et, péché sans rémission, l'abolition intentionnelle et diabolique de la lettre majuscule ». Les dialogues sont complètement intégrés au récit, ce qui signifie qu'il n'utilise pas les tirets ou guillemets, juste des majuscules pour la première lettre du mot prononcé par chacun des interlocuteurs. On s'y fait très vite. Il est le maître de l'ironie, de la dérision. Avec un thème comme celui là c'est juste excellent ! Et son humour, enrichi d'un vocabulaire exceptionnel, est intelligent et émoustillant. On se retrouve dans des situations volontairement loufoques, une façon, à mon avis, de minimiser l'irrévocabilité de la mort. L'utilisation qu'il fait de digressions rend très vivant le roman, on a pour ainsi dire le sentiment de discuter avec le narrateur et c'est d'un caustique plaisant. « L'humanisation » qu'il fait de la mort la rend presque sympathique et on en oublierait presque qui elle est en réalité, la faisant passer, par exemple, pour une employée comme une autre avec ses soucis techniques, sauf que elle, elle a des pouvoirs ! Il fait parler la mort et même sa faux, ce qui est franchement très amusant et nous fait penser qu'on parle d'un sujet léger, alors qu'il n'en est rien.

C'est un réel coup de coeur, je n'avais jamais lu ce type de roman avec une écriture superbe, une idée plus qu'originale et une rhétorique formidable. Je vous le conseille fortement !

Premières phrases du livre : « le lendemain, personne ne mourut. Ce fait, totalement contraire aux règles de la vie, causa dans les esprits un trouble considérable, à tous égards justifié, il suffira de rappeler que dans les quarante volumes de l'histoire universelle il n'est fait mention nulle part d'un pareil phénomène, pas même d'un cas unique à titre d'échantillon, qu'un jour entier se passe, avec chacune des généreuses vingt-quatre heures, diurnes et nocturnes, matutinales et vespérales, sans que ne se produise un décès dû à une maladie, à une chute mortelle, à un suicide mené à bonne fin, rien de rien, ce qui s'appelle rien. Pas même un de ces accidents d'automobiles si fréquents les jours de fête, lorsqu'une irresponsabilité joyeuse et un excès ‘alcool se défient mutuellement sur les routes pour décider qui réussira à arriver à la mort le premier. le passage à une année nouvelle n'avait pas laissé dans son sillage l'habituelle traînée calamiteuse de trépas, comme si la vieille atropos à la denture dénudée avait décidé de rengainer ses ciseaux pendant une journée. »
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C'est un roman étourdissant, drolatique, étonnant que livre J.Saramago, déjà bien âgé lors de son écriture.
Qu'un Prix Nobel livre ses pensées sur la mort, quoi de plus normal dirons nous, mais de cette manière, c'est surprenant. le texte est jouissif, plein d'ironie, et provoque des envies de rire, malséantes j'en conviens.
Un jour, la mort décide de faire grève, cela se passe dans un pays indétérminé, mais on sait qu'il a des frontières et des pays voisins.
Passés les premiers temps d'euphorie, le peuple et ses gouvernants s'aperçoivent que cette situation n'est pas sans difficultés multiples, les agonisants continuent d'agoniser, les pompes funèbres risquent la faillite, même l'Église est ennuyée : sans mort, plus de Résurrection...vous voyez le problème.
Mais, les humains ayant toujours des ressources, se crée une « maphia », un commerce qui emmène les mourants aux frontières ; un pied de l'autre côté et hop, on se retrouve enfin ad patres
La plaisanterie n'ayant qu'un temps et la mort reprenant ses esprits, la grande faucheuse se remet au travail mais en prévenant quelques jours avant les futurs élus.
D'autres inconvénients surviennent bien sur, mais un jour, par trois fois une notification de trépasser revient, curieuse la mort se rend sur place pour identifier et essayer de comprendre ce révolté qui n'est autre qu'un brave homme célibataire, propriétaire d'un chien, et musicien qui ne vit que par son art.
Et là la mort , cette charogne qui discute avec sa faux s'incarne un peu, s'attendrit peut-être, bien grand mot d'ailleurs, et la fin du livre est attendue avec impatience.
MAIS, même si l'adaptation à la lecture vient assez vite, les majuscules ne sont pas où on les trouve habituellement, il y a des phrases très très longues, les dialogues y sont intégrés .
Bref, ce livre se mérite et l'auteur est un Nobel, ne l'oublions pas.
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Quel plaisir de lire José Saramago !
Une écriture si puissante, je regrette d'être incapable de le lire en portugais.
Ce roman m'a emporté dès sa première page, j'ai ri, pleuré, je l'ai dévoré tout en regrettant qu'il se termine déjà...
J'ai aimé le regard acéré, sans concession, de l'auteur sur notre humanité, mais aussi sa grande sensibilité. Un coup de coeur absolu, comme toujours avec cet auteur.
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Ce livre m'a permis de voir la mort d'un point de vue différent. J'ai adoré plusieurs parties et la fin est innatendu et fantastique.
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José Saramago, auteur portugais, prix Nobel de littérature, se jouait des conventions d'écriture autant que des préceptes de métaphysique les plus communs. Dans Les intermittences de la mort, un beau matin, plus personne ne meurt. Cela se déroule dans un royaume imaginaire mais cependant familier. On ne sait pas pourquoi, si ce n'est que la mort a décidé de ne plus oeuvrer à l'intérieur des frontières de ce pays. Les gens ne meurent plus, alors que faire de tous les malades qui s'entassent dans les hôpitaux? Que deviendront les services de pompes funèbres et les assurances vies? Sans mort il faut repenser la vie. Sans mort plus d'au-delà, plus de religion, que fera l'Église? Les autorités sont prises au dépourvu, la population exulte, des commissions se mettent en place, on philosophe, on cherche des solutions.

José Saramago s'interroge sur notre rapport à la mort, dans un récit qui prend des allures de fable. Il n'y a pas vraiment de personnages, seulement des protagonistes qui apparaissent pour l'anecdote ou ne sont qu'un visage du gouvernement. Si la première partie du récit envisage des questions purement pratiques liées à ce grand bouleversement, et notamment la refonte d'une société, l'auteur embrasse ensuite son récit de façon de plus en plus fantastique pour prendre son lecteur au dépourvu et l'étourdir de romanesque allégorique! Il dépasse les bornes et le plaisir qu'il prend à le faire déborde et vous vole un sourire à quasiment chaque page tournée. Lorsqu'on n'a jamais rien lu de cet auteur auparavant on peut être un peu déstabilisé par son débit et sa ponctuation presque abolie, mais on s'habitue rapidement à ce système.

Ce livre est délicieux car il fait preuve d'un ton faussement naïf et absurde malgré son thème morbide. L'auteur débute avec un mystère soulevant de sacrés problèmes bureaucratiques puis progresse avec malice vers la farce. Comme quoi, on peut parler de choses graves et faire rire son lecteur tout en lui suggérant des idées pas si anodines sur notre culture et nos croyances!
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Saramago à construit en grande partie son oeuvre sur des postulats fantastiques , et cela se confirme avec cet opus qui parle à chacun , dans le monde entier . de tout temps cette question à était abordée , et il apparait que le génie de Saramago en apporte un nouveau regard d'une pertinence incroyablement profonde . Il y a des oeuvres importantes dans l'histoire , et celle de cet auteur portugais en fait partie . À dècouvrir sans tarder !
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Je retrouve José Saramago après Tous les noms lu il y a quelques années et L'aveuglement qui m'a captivée l'été dernier. Ce roman, le dernier paru en France, s'est montré tout à fait à la hauteur des précédents. le style de José Saramago est resté le même : les dialogues sont inclus presque sans ponctuation dans la narration, les apartés sont nombreux et apportent leur dose d'humour (noir) au récit. Un des traits remarquables de l'auteur et de la traductrice par conséquent est l'emploi toujours du mot le plus juste, avec d'ailleurs quelques réflexions à l'intérieur même du récit sur le vocabulaire employé.
Le thème est en lui-même fort simple : un jour, la mort cesse de faire son travail dans un pays indéterminé, car la mort intervient sur un territoire restreint, ce que vous ne saviez sûrement pas, chers lecteurs. Eh oui, je commence à me laisser aller à des digressions qui ne me sont pas habituelles pour mieux vous expliquer les évènements. La mort donc, arrête de frapper, mais pas la maladie ni les accidents, ce qui conduit à des situations relativement dramatiques et compliquées pour la population. Si les pompes funèbres se retrouvent obligées de chercher d'autres moyens de subsistance, les hôpitaux et maisons de retraites sont engorgés et l'état et l'église se trouvent désemparés. Tout ceci est décrit avec beaucoup de savoir-faire et d'ironie par l'auteur et on se régale autant avec le récit qu'avec les petits clins d'oeil qu'il comporte : « cette commission est mort-née » « on ne peut pas dire que ce genre de travail soit tuant » et autres doubles sens délicieux dans le contexte.
La deuxième partie, où la mort, se rendant compte des problèmes qu'elle a créé, décide de reprendre son activité, n'est pas moins intéressante, bien au contraire. La mort se met en tête d'écrire des lettres, la scène où un graphologue analyse son écriture m'a bien divertie et la fin, que je ne vous révèlerai pas, bien sûr, se lit d'une traite !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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