Des majuscules après des virgules, cette pratique orthographique m'aurait valu quelques biffures au stylo rouge de la part des professeurs de français qui ont exercé leur conscience professionnelle à tenter de me transmettre leur savoir. Il faut ne plus être en quête de bonnes notes aux examens ou des bonnes grâces de l'édition pour se permettre pareille liberté.
Aussi, à la fermeture de cet ouvrage, c'est son style d'écriture que je retiendrais plus volontiers que son intrigue. Peu convaincante, cette dernière m'a empoussiéré l'esprit à force d'exhumer des archives. L'épilogue est à l'avenant, plus un dernier souffle qu'un dénouement. Voilà qui confirme à mes yeux l'affirmation de Jean d'Ormesson selon laquelle c'est la forme qui fera le succès d'un ouvrage plus que le fonds.
La fluidité du style de cet ouvrage est en partie rendue par l'artifice qui consiste à enchaîner répliques et réparties dans de longues phrases ponctuées de virgules. Dialogues que Monsieur José, seul nommé parmi les protagonistes, tient non seulement avec ses interlocuteurs, mais aussi avec sa conscience, quand ce n'est pas avec le plafond de son logement de fonction misérable, lorsque celui-ci est institué en "oeil de Dieu".
"Tu voulais la voir, tu voulais faire sa connaissance, et ça, que tu le veuilles ou non c'est déjà aimer." Louable intention qui vaudra à cet ouvrage sa promotion en conte philosophique si l'on en croit l'assertion en quatrième de couverture. Cette qualification peine toutefois à sauver la quête de Monsieur José, fonctionnaire de l'archaïque Conservatoire général de l'État-civil, zélé jusqu'au jour où il extrait incidemment la fiche signalétique d'une femme, parfaitement inconnue de lui, mais dont il décide de partir à la recherche.
Quant à en connaître la raison ? le suspens peine à donner du souffle à une intrigue qui en outre souffre de longueurs. Voilà qui savonne la planche de l'ennui, en dépit d'un style agréable, ou peut-être grâce à lui, et me précipite sans coup férir dans les bras d'un autre ouvrage à qui je confierai mes espoirs d'évasion. Loin de la poussière des archives. Ce sera
Dalva de
Jim Harrison.