Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'aube de ses pleurs au point du jour l'arrose ;.
La grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose.
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs.
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.
S'il est vrai que la poésie classique française ne possède aucun des caractères de la poésie moderne, si par la forme et le fond elle est étrangère à notre époque, si elle est inféodée à des conventions et à des lois auxquelles nous ne donnons plus notre allégeance—où donc est le secret du prestige et du culte de latrie qui ont persisté pendant tant de générations et qui gardent encore aujourd'hui, parmi les esprits d'élite, tant de fervents et de dévots aux maîtres de la Renaissance et du Grand Siècle ?
Tout passe. L'art robuste
Seul à l'éternité,
Le buste
Survit à la cité.
Les dieux eux-mêmes meurent,
Mais les vers souverains
Demeurent
Plus fort que les airains.