Moi qui suis plutôt malpropre de ma personne, depuis la mobilisation je me lave, me rase, me brosse les dents avec scrupules. C'est pour imiter Stendhal qui se rasait chaque jour pendant la retraite de Russie. Ma bonne volonté est grande mais elle se donne subrepticement des modèles.
Je suis un conservateur. Je veux conserver le monde tel qu'il est, non pas parce qu'il me parait bon - au contraire, je le juge ignoble - mais parce que je suis dedans et que je ne puis le détruire sans me détruire avec lui.
Ce que je sentais obscurément, c'est qu'on ne peut pas prendre de point de vue sur sa vie pendant qu'on la vit, elle vient sur vous par derrière et on se trouve dedans. Et pourtant on se retourne, on constate qu'on est responsable de ce qu'on a vécu et que c'est irrémédiable.
L'essentiel n'est pas d'être immortel, l'essentiel c'est que la vie ait un achèvement.