Le petit Ryad fait ses premiers pas à l'école du village. Avec courage et candeur, il s'intègre, se fait des copains, traduit pour sa mère en arabe et apprend le français dans Tintin.
On ne change pas une formule gagnante! Et ce second tome est tout aussi plaisant que le premier.
La famille Sattouf prend ses marques, le père toujours aussi surprenant et un poil hypocrite cherche reconnaissance de ses pairs et réussite professionnelle et financière. La mère devient moins transparente et impose son point de vue de façon plus affirmée.
Il faut faire avec le marché noir, la pénurie de biens de consommation, le clientélisme, la superstition des populations, l'obscurantisme religieux. Les anecdotes sont amusantes, grinçantes, décalées, ubuesques parfois, dans la Syrie de Hafez Al-Assad, dont le contexte politique et la disparité sociale apparaissent en filigrane.
Le plus surprenant est la manifestation quotidienne de la violence physique, en particulier à l'école où la pédagogie (assez indigente) est menée à grand renfort de coups de bâton par une institutrice voilée mais en minijupe. Une banalisation de violence et des châtiments corporels poussée à son paroxysme dans les relations familiales où la notion d'honneur (des hommes!) est essentielle.
Un second tome graphique dans la continuité du premier, qui perd donc la saveur de la découverte mais qui reste très touchant. J'en apprécie toujours autant les petits dessins, les minois des enfants, les couleurs bichromées, différentes en fonction du contexte (rose pour la Syrie, bleu pour la France, rouge pour la violence ou la colère). J'adhère complètement à l'alchimie de la précision des détails, de la naïveté de l'enfance et de la multiplicité des "brèves" de vie quotidienne.
En attente du troisième tome, sans doute déjà sur la table à dessin de
Riad Sattouf...